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Je ne suis pas « demisexuel »
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Je ne suis pas « demisexuel »
Pierreveurle 07 août 2024 à 05:59
Un autre épisode de « je pense trop » à la sauce autistique qui est la mienne...
Étant depuis quelques mois très actifs sur les sites de rencontre, je constate de plus en plus la mention « demisexuel-le » dans certains profils et ne sachant pas ce que cette orientation signifiait, j'ai cherché la définition :
« Les demisexuels n'envisagent pas de relation charnelle avant d'avoir établi un lien émotionnel fort avec une personne. »
Un article que j'ai pu lire sur le sujet précisait qu'une personne « n'est pas » demisexuel si par exemple, le fait de regarder l'image d'une personne ou de croiser celle-ci en vrai, suscite l'étincelle d'une attraction physique.
Alors je ne suis pas « demisexuel », car je peux ressentir une attraction physique pour quelqu'un que je croise... trouver une femme attirante physiquement. Dans mon cas, je suis très spécifiquement et uniquement « hétérosexuel ».
Mais quand j'ai lu les quelques définitions de « demisexuel » que j'ai trouvé sur le Web, je me suis reconnu sur un aspect; l'article mentionnait :
« Si vous êtes demisexuel-le, le sexe pour vous doit être intime et émotif, pas seulement charnel et purement physique. S'il n'y pas de liens affectifs entre vous, vous n'arrivez pas à atteindre l'orgasme ou profiter du moment complètement. »
... c'est là que je me suis reconnu.
La sexualité sans amour, j'ai toujours eu de la misère avec ça.
J'ai vécu mes expériences au niveau sexuel, mais tôt dans mon parcours à ce niveau, j'ai réalisé que quelque chose n'allait pas... tout répondait physiquement, mais pas émotionnellement.
Je n'ai jamais connu l'amour dans la forme du couple, même si j'ai vécu quelques rendez-vous qui ont mené à des relations sexuelles, je n'ai jamais ressenti que je vivais pleinement le moment... c'était vide ou incomplet... parce que je n'étais pas « amoureux ».
Il y a plusieurs années... j'étais encore dans ma vingtaine, une femme que j'avais rencontrée m'a proposé, après quelques rencontres, que nous ayons des relations sexuelles sans attachement. Étant la personne que je suis, j'ai pris « deux semaines » à réfléchir à la question avant d'accepter. Je m'étais permis cette expérience... mais bon... vous pourrez juger par vous-même en lisant ce que j'avais écrit à l'époque après m'être permis cette expérience :
Titre :
« Coït vide »
Tu rentres
Tu sors
Tu vas et vient
Encore
... et puis RIEN
Coït vide
Sans amour
Tu recommences
Tu cherches
Mais que cherches-tu vraiment ?
Tu le sais pourtant
Ce n'est pas ÇA
Et tout ce qui est en toi
Te le dit
Si tu le nies
Tu te mens
Coït vide
Corps à corps sans vie
Orgasme simulé
Mécanique adoptée
Puis à la fin
... toujours RIEN
Qu'un goût amer
Qu'une affaire de...
Sexe
Sans amour
De jouissance
À mi-parcours
« Rien de complet »
Rien qui remplit
Les plus belles pages
De ta Vie
29 novembre 2005
Pierre
(FIN)
J'avais donc évidemment mis fin à cette fréquentation, je n'étais pas bien là-dedans.
Cette expérience particulière m'avait apprise les dangers que cela comportait, car la jeune femme s'était attachée à moi.
C'était une expérience « bizarre » pour moi... comment agir ?
Elle venait quelques jours par semaine chez moi, dans mon appartement de l'époque, on passait du temps ensemble... un film ou un jeu de table, puis elle dormait chez moi. Au petit matin, je prépare le déjeuner, je l'apporte au lit... on déjeune, on discute, je la conduis au métro... et voilà.
Conscient de mon malaise, je me disais que c'est moi qui suis trop compliqué, que je vais me faire à l'idée et effacer cet inconfort avec le temps... mais non.
C'est suite à un matin, quelques semaines dans l'expérience, où elle se réveille dans mes bras pour me demander « que sommes-nous maintenant ? » que je me suis dit que je n'aurais pas dû accepter... et que ce genre d'arrangement, enfin pour moi, ça ne fonctionne pas. Je n'étais tout simplement pas amoureux, je n'arrivais pas à me projeter dans le futur avec cette personne.
Puis il y a eu d'autres rencontres avec d'autres personnes... à apprendre à se connaitre, faire quelques activités ensemble, mais toujours pas de sentiment amoureux. Des personnes intéressantes, oui... des affinités, certes... mais pas de sentiment amoureux, donc incapable de profiter réellement du moment lors de relations sexuelles, toujours cette sensation « d'incomplet », ce malaise, se vide... que bien sûr je tentais de cacher.
J'aimerais être amoureux... j'aimerais connaître ce que c'est que de l'être et de « faire l'amour »... je n'ai jamais vécu ça... c'est mon constat.
Alors je ne suis pas demisexuel, mais aujourd'hui les relations sexuelles ne m'intéressent absolument pas « sans amour »... j'en ai même « un dégoût » sous cet aspect... j'ai besoin d'une connexion significative... j'en rêve... ça me manque énormément.
J'ai déjà ressenti le sentiment amoureux étant adulte, cela m'est arrivé qu'une seule fois de manière intense... mais je n'ai pas été reçu...
... j'avais 28 ans... une longue histoire que je ne raconterai pas ici.
Plus jeune, j'avais établi, en réfléchissant à la question, que l'amour non-réciproque ce n'était pas de l'amour. Mais j'étais jeune et inexpérimenté... c'était juste logique pour moi que ce ne soit pas de l'amour que l'on ressent s'il n'est pas partagé. Eh oui... j'avais tort.
Je ne suis pas intéressé par « le choix raisonnable » en matière de couple, bien que l'idée refasse surface de temps en temps lorsque je contemple un avenir seul... mais « non », la sexualité sans amour... pas envie de ça... être en couple sans sexualité non plus. Je me fais peut-être violence aux yeux de certains, mais je n'arrive tout simplement pas à banaliser la sexualité... à séparer « Amour » et « Sexe ».
Il n'y a pas qu'une seule façon « d'aimer » comme il n'y a pas qu'une seule façon de concevoir « faire l'amour ».
Là où certains sont capables de séparer « amour » et « sexe », d'autres en sont incapables par préférence je crois.
Cette préférence est-elle acquise ou innée ?
Pour ma part je crois que celle-ci peut être innée mais qu'elle s'affirme parfois, si ce n'est pas « souvent », suite à des expériences... ce qui a été le cas pour moi.
Pour certains, « faire l'amour » ce n'est qu'une autre façon de dire « avoir une relation sexuelle », pour d'autres non.
Pour ces autres, les deux termes sont distincts et réfèrent à deux expériences très différentes.
Concevoir les relations sexuelles comme une bonne bouteille de vin que l'on ouvre et consomme quand on en a envie avec qui veut la partager... ça se peut, si les partis consentent, par simple plaisir... sans attente.
Concevoir les relations sexuelles comme une communion entre deux êtres qui s'admirent l'un et l'autre, qui ont une profonde affection et désir l'un pour l'autre... c'est ce que je préfère.
Je préfère avoir une relation sexuelle qui me permet de « faire l'amour » avec une personne qui me donne envie d'être la meilleure version de moi-même dans la vie.
Je préfère... « faire l'amour » avec un être qui me fait ressentir que ma présence est significative dans sa vie... une personne dont le bien-être et la présence sont significatifs dans la mienne.
Pouvoir libérer ce fort désir qui m'habite... cet « instinct », dans cette forme... pour moi c'est un idéal irremplaçable.
L'abstinence n'est pas naturelle, c'est ce qu'il me semble, mais ma quête d'idéal la commande... je ne cache pas qu'il y a là... un conflit.
Alors qui a raison quand on parle de préférences à ce niveau (amour vs sexe, amour=sexe, ou sexe=amour) ?
Personne dans le fond... puisque tout est possible.
Mais quelle version du « possible » est la plus riche humainement ?
J'ai choisi ma réponse... tout simplement, pour l'humain que je suis.
J'aurais aimé, pour fin de clarté, qu'un mot existe pour expliquer cette conception précise que j'ai sur la question... que ce seul mot, globalement, puisse l'exprimer, mais bon... « je ne suis pas » demisexuel... apparemment.
Alors c'est tout ça que ça prend pour le dire... à ma façon.
Hinenaole 07 août 2024 à 15:18 • 117787
Salut. 🙂
50 grandes tendances sexuelles mondiales (cinquante, clairement, c'est un nombre pris au pif 😋) et plusieurs millions ou milliards de sexualités individuelles différentes. Il y a beaucoup de dogmes qui poussent à le nier, et en premier l'Eglise, par exemple (plutôt même que la religion, qui peut se vivre en soi, individuellement, aussi. Mais tel n'est pas le présent débat...). Cependant, l'Humanité est ainsi faite, et vouloir à tout prix soit ressembler à son/sa voisin/e, soit que ce soit ce/tte même voisin/e qui t'oblige à lui ressembler, n'arrange rien.
La meilleure image que j'ai toujours utilisé pour exprimer ce point de vue situationnel est: l'éventail. Ainsi individuellement, chacun-e de nous n'est qu'une humble lamelle du dit-éventail, même si comme toi, comme moi, on puisse se sentir à juste titre profondément hétérosexuel, par exemple, bien dans sa peau, au clair avec sa conception de l'amour et du sexe... et plutôt bien en plein milieu du code des règles et des moeurs à suivre à ce sujet. [bref, dernière phrase à traduire par: "quand on est hétéro, le monde est taillé à notre mesure, et personne n'est continuellement là pour nous reprocher quelques chose..."]
Donc voilà. L'éventail.
Je suis une humble lamelle de bois doublée d'un fin triangle de toile.
Tu es une humble lamelle de bois doublée d'un fin triangle de toile.
Elle est une humble lamelle de bois doublée d'un fin triangle de toile.
Il est une humble lamelle de bois doublée d'un fin triangle de toile.
ielle est une humble lamelle de bois doublée d'un fin triangle de toile.
etc.
etc...
Et pourtant, sans lien fort et indéfectible entre les triangles de toile, l'éventail ne se tiendrait pas. Il n'aurait pour ainsi dire, pas de matière, pas de structure. Il ne serait rien. Même pas un éventail! Or, malgré la détestation que certaines lamelles d'éventail puissent avoir spontanément envers d'autres, se pensant peut-être être de plus belles lamelles (des lamelles qui ont forcément raison!... 😒), bah, c'est précisément le lien sus-cité plus haut, entre nous, cette tissure générale et traversière que ce sont justement l'amour et la sexualité, qui nous fait Humanité. (et ceci bien au-delà de l'instant de notre naissance. De notre venue au monde, littéralement dit. Et de notre construction sexuelle.)
Sans quoi, il y a bien longtemps que la Terre serait redevenue un nid vide, sans âme qui vivent, et juste parcourue de vents et de poussières.
A plus tard, Pierre. 🙂
Hiné.
ZacharyDionnele 08 août 2024 à 02:50 • 117798
Allo Pierre, wow c'était très intéressant te lire. Merci d'avoir partagé tes réflexions sur le sujet 🙂
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