Le bonheur

Ça me rapelle un ami, qui quand on lui demandait si ça allait...
- Ça va ?
- Non pourquoi ? Tu connais des gens qui vont bien ?

Oh c'est joli, se mettre des oeillets.
En tant que fils d'un immigré portugais, j'apprécie la formule.

C'est un peu le sens que je donne au "Bienheureux les simples d'esprit car le Royaume de Cieux sera à eux" de la Bible.

Cette phrase (que dis-je ? Je suis zèbre !). Cette question (!) me travaille depuis mon plus jeune âge sans que je n'ai encore de réponse définitive. En aurai-je d'aileurs jamais une ?

Dans tous les cas, je n'ai jamais vraiment réussi à la contredire. A mon grand dam de "pas simple". Je ne sais pas si j'ai de l'esprit, mais j'ai toujours été perçu et qualifié par mon entourage comme "pas simple". Mais on sait ici que "complexe" ne veut pas dire "compliqué". Reste que ligtemps je l'ai et me suis ignoré et que j'ai envié les "simples d'esprit" qui paraisssaient bien moins chahutés que moi.

Plus tard, j'ai réalisé que "simple", dans la bouche de bien des gens se traduisait par "simpliste" dans ma tête et devant leur exposé de telle ou telle situation. J'ai réalisé que certes, ils paraissaient à l'abris de bien des affres que je rencontre, mais parallèlement, j'ai réalisé un tas de choses dont ils sont privés.

Tout ça a été long et... complexe, mais je pense qu'une fois que je me suis connu, reconnu, compris, accepté et que j'ai réalisé tout ce que cela m'apportait de "bon", tout ce que cela m'a permi de réaliser de faire, de celles et ceux que cela m'a permi de rencontrer, reconnaitre et qui m'ont encore aidé à me connaître, me reconnaître, me comprendre, m'accepter, de réaliser de nouvelles choses... enfin vous saisissez l'idée, j'ai continuer d'observer, subir souvent, et discuter avec des gens qui voyaient les choses de façon simple.

Toujours de la même façon toujours aussi simple qu'avant.

j'avais traversé tous les affres que l'on peut connaître en étant zèbre (et Dieu sait que j'en ai souffert), mais j'avais vécu. J'avais évolué. J'avais réfléchi. J'avais appris sur moi, j'avais appris des autres et plus j'en savais plus je mesurais l'étendue et la profondeur de ma méconnaissance et la complexité de la vie. J'ai réalisé que j'étais un zèbre qui avance, se casse la gueule aussi, mais qui avance. C'est plus pénible que paisible, mais j'ai déjà eu l'occasion d'être bienheureux ET complexe sur Terredans la vraie vie complexe et tumultueuse. Je serai toujours heureux ne serait-ce que de l'avoir été et ça c'est du concret, pas une promesse (en l'air ?) pour un avenir incertain.

Je respecte infinient la croyance, je suis complexe, je suis paradoxal à mes heures, mais j'ai quand-même les pieds sur Terre. Un être complexe en évolution me semble être mieux armé pour aborder une vie complexe en évolution. Certes, ça n'est pas reposant, mais au moins c'est lucide et pas lénifiant.