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- Comment apprendre l'éthique à un ado ?
Pour commencer ne pas dire à son ado : "écoute bonhomme je vais t'apprendre un truc", c'est une annonce mortelle chez un ado. Ensuite l'éthique je pourrais dire que c'est une confection toute personnelle. S'il doit exister un truc à soi, c'est bien ça. C'est une construction de longue haleine intrinsèque (aaah je l'ai placé celui-ci : en philo j'intrinsequais voire extrinsèquais à l'excès).
je vois l'éthique comme une esthétique personnelle. Vue ainsi, enseigner l'éthique serait comme ordonner "d'être soi même". Autant donc ne pas ajouter une injonction à celle-ci déjà bien cocasse. Nous avons un atout, l'adolescence c'est un peu quand on devient une personne. C'est donc un moment où on convoque pas mal de choses qui vont nourrir la puissance créatrice de cette personne en quête d'elle même. Donc patience, l'ado abordera de lui même ce point. Ensuite il faut rester à ses côtés, tendre, bien tendre, l'air de rien l'oreille pour une écoute vigilante, prompte à accompagner dans ce parcours sans fin.
Oui @Opicino, super conseil de patience et de bienveillance envers son ado 🙂 Tu nous mets sur la voix : en pleine crise existentielle ce cher petit être est très contrarié, très exigeant et surtout il a besoin d'amouuuuuuuuuuur (même s'il ne sait pas encore lequel et comment🤘) ! L'aimer revient donc à enrichir au maximum son environnement, à lui faire toucher de manière sensible tout ce qui "Est" et tout ce qui "Peut être"... Et oui, surtout pas avec des mots mais en lui faisant vivre et expérimenter les choses. Plus son environnement et ses "rencontres" seront riches plus il pourra faire des choix 😄 ...
Après @iM9quuph, nous pouvons peut-être nous appuyer sur des situations précises si tu en as. L'éthique par rapport à l'alimentation, la consommation etc... ?
Peut-être questionner l'ado sur ses valeurs ?
C'est là une des clefs je crois. L'amener à se questionner, et à se construire. Mais une partie de cette transmission doit déjà se faire (et notamment par l'exemple, le "faites ce que je dis, pas ce que je sais" c'est mortifère).
Accepter aussi qu'il va dire "non", non pas à l'individu, mais à la figure, au rôle (le parent, l'éducateur...). On peut lui expliquer que 1 + 1 = 2 (en base 10), il nous contredira, juste, par principe, mais un principe nécessaire et vital (celui de la construction de soi, d'une certaine émancipation). A ce titre, avoir des relais de confiance (oncles, tantes, amis...) pour lui montrer d'autres "exemples" peut être intéressant. Mais il ne s'agit pas de leur "dicter" notre "programme"...
Bien vu Kumo le rapport au NON 😉 ! Primordial pour ne pas rentrer dans le cycle infernal du "je t'aime moi non plus"... Savoir que ce NON s'adresse à celui qui fait autorité et non à l'individu permet de prendre la distance nécessaire pour préserver tout le monde 🙂
merci @MaisEncore oui la consommation est une des choses qui me traverse l'esprit 🙂
merci @Kumo
citation :
comprendre c'est essentiel chez moi et c'est une des choses que j'ai envie de transmettre
@iM9quuph, appuies-toi sur un sujet qui l'intéresse (achats techno. si c'est un geek 😉, les fringues...) et fais le lien avec la forme éthique que tu peux y trouver... Si geek par ex. tu peux aller sur les modes et modalités de fabrication pour lui faire découvrir, l'air de rien, des jeunes qui créent et développent aujourd'hui des alternatives plus responsables. Le côté rebelle séduit bien à cet "âge", nous sommes en plein dedans alors profites-en pour trouver des acteurs contemporains (et pas des vieux qui ne comprennent rien😄 😉 ) qui susciteront son intérêt...
Puis cela permettra d'aller en douceur sur le terrain proposé par Kumo qui est de connaître les "valeurs" qu'il pense être les siennes aujourd'hui. Il y aura échanges donc compréhension, compréhension donc apprentissage possible, apprentissage donc connaissance, connaissance donc choix et surtout ENVIE !!!! 🤘 Qui à mon sens est le coeur de tout réacteur 😉
Voili voilou, une petite idée, j'espère que cela peut t'aider 🙂
Je rejoins bien des avis, pour pas dire tous 😉 C'est l'expérience, le mélange aux autres qui feront que l'ado se forgera sa propre éthique, évitons de lui imposer la nôtre, nous avons tous notre propre éthique, à lui de se la faire.
Garder le dialogue accessible, tendre l'oreille, pour répondre au doutes et questionnements quand à son positionnement par rapport aux autres.
Le sport est un bon moyen je trouve de développer une "éthique sociale", l'apprentissage du respect, d'appartenance à un groupe... Comme serrer la main de son "adversaire" après un match, veiller à sa sécurité et à celle des autres dans les sports outdoor, travailler en équipe en visant la victoire...
Lui laisser sa créativité, s'il souhaite bâtir une locomotive à eau, pourquoi pas, ça vaudra bien un train sec (@Opicino défi relevé 😂)... Capillo tracté je l'admets, j'ai le dérailleur chancelant...
citation :
et fais le lien avec la forme éthique que tu peux y trouver... Si geek par ex. tu peux aller sur les modes et modalités de fabrication pour lui faire découvrir, l'air de rien, des jeunes qui créent et développent aujourd'hui des alternatives plus responsables.
excellent @MaisEncore
citation :
échanges donc compréhension, compréhension donc apprentissage possible, apprentissage donc connaissance, connaissance donc choix et surtout ENVIE !!!! ? Qui à mon sens est le coeur de tout réacteur ?
👍 👍 👍
@Laurent... 🙂 😄
Laurent... c'est super important ce que tu dis. L'ado n'est ni un nouveau "soi" du parent, ni le dépositaire des projets non réussis ou non concrétisés de l'adulte. Or la prise de conscience de cela se fait, parfois, pour l'adulte, au moment de l'adolescence justement (et malheureusement, parfois, pas). La première question à poser, d'ailleurs, je crois, est à l'adulte. Qu'est-il prêt, lui, à laisser de côté, voir à faire le deuil, de sa relation avec l'ado ? Qui n'est pas amenée à disparaître, mais à évoluer, et cela, de façon irréversible. Je crois que le premier questionnement ne se pose pas sur l'ado, ce qu'il peut faire, ce qu'il peut penser, mais bien sur "soi".
J'avais écrit un texte sur le sujet, je me permets un partage. Je ne me prétends pas spécialiste sur le sujet. Je précise aussi qu'il s'agit de généralités, pas de vérités, et qu'elles doivent être discutées, remises en question.
L'adolescence, cette nouvelle naissance symbolique
C'est une période où l'individu subit des changements corporels et morphologiques profonds et irrémédiables. Il est cependant à noter que tous les changements n'interviennent pas exactement au même moment, certains sont précoces, d'autres tardifs, d'autres peuvent intervenir plusieurs fois.
Mort symbolique de l'enfant
- Refus de tout ce qui rappelle l'enfance (doudou, jeux, photographies, objets, rappel de souvenirs...)
- Dédain des bébés et enfants plus jeunes (fin de « bienveillance naturelle »)
- Rejet symbolique des parents en tant que « parents du jeune enfant » (point délicat car le parent reste souvent figé dans ce rôle et continue parfois à voir l'adolescent comme un enfant - il refuse cette « mort » et les changements impliqués pour lui),
- Contestation et abandon des règles et cadres du système familial et des parents en tant que modèle
La dynamique précédente du système familial ne fonctionne plus, ou moins bien, par intermittence.
Les parents peuvent évidemment jouer les deux rôles selon les situations, mais se retrouvent souvent dans un de ces archétypes. En cas d'absence d'un des rôles, l'enfant cherchera un « référent » pour l'assumer (oncle ou tante, grand-parent, proche de la famille...).
Ancien système
1 parent-référent aimé/aimant = jeu de séduction > Souvent parent du sexe opposé
1 parent-référent cadre = autorité et rapport de force > Souvent parent du même sexe
Avec l'adolescence, il y a :
- report du jeu de séduction en dehors du cadre familial (êtres du même âge ou plus âgés, modèles, célébrités...),
- Renforcement du rapport de force avec les deux parents traités plus ou moins de la même façon (le refus ou le rejet devient le postulat de départ et la réponse au premier contact)
- Dans les cas où l'ancien système était « défaillant » ou « déséquilibré » (absence d'un référent, référent aux rôles mixtes cumulés, qui déborde de son rôle - trop aimant, violence, injustice...) l'énergie du système devient exacerbée (violence, agressivité). Cette violence peut être tournée par l'adolescent contre le référent, contre d'autres individus ou contre le groupe (délinquance...) ou contre lui-même (comportements autodestructeurs).
Naissance ou renaissance d'une nouvelle version de l'individu
- Regard et intérêt vers ce que sont et font les plus grands, d'autant plus si cela transgresse le cadre familial (ex : tabac)
- Sanctuarisation du territoire qui devient un refuge pour soutenir la transformation (chambre), et vie en dehors du cadre familial, entre ce refuge et l'extérieur
- Définition de ses propres règles et recherche des ses propres limites, par l'expérimentation
- Recherche d'un nouveau cadre d'appartenance autre que la famille, un nouveau groupe qui apportera identification, acceptation, reconnaissance, partage, et donc, sécurité
- Comme dit avec le changement du système familial, l'individu ne veut plus plaire à ses parents-référents mais au groupe.
C'est notamment sur le dernier point, dans ce contexte, qu'un individu zèbre, HPI, ou ayant d'autres particularités, aura des difficultés. Il ne sera évident en rien d'intégrer un nouveau groupe. Sa posture, son attitude mettent en danger l'équilibre et la cohérence du groupe, qui repose sur des règles souvent implicites, car il est en décalage avec ces règles et les remet en cause. Ce phénomène agit dans le verbal, mais aussi dans le non-verbal, le non-exprimé. Le rejet sera d'autant plus violent pour « l'individu-zèbre » qu'il sera inconscient, pour celui qui rejette comme pour le rejeté.
Une naissance douloureuse
Les changements physiques, psychiques, émotionnels se font dans la difficulté, la peur, l'incompréhension, la douleur. C'est l'expression-même de l'Ouroboros : vie et mort sont liées et indémêlables, car l'une permet l'autre (il faut que le grain de blé meure pour que naisse et pousse la plante en lui).
Ces contraintes, ces douleurs sont nécessaires pour se construire, solidifier, fixer les bases et les structures physiques (poussée des os...) comme mentales (nouvelles normes...).
L'individu éprouve un profond sentiment d'insécurité. Les changements se font sur tous les plans, ils sont le plus souvent subis, vécus, non contrôlés. Il a donc besoin de nouveaux repères (et d'un nouveau repaire).
Le changement est aussi violent pour les parents-référents qui doivent accepter de voir leur rôle évoluer, et certaines choses de leur enfant et leur relation avec lui « mourir ». Ce refus de « mort » peut engendrer des tensions stériles et mortifères chez l'individu, quand ce n'est pas une coupure de la relation ou un rejet.
Evolution vers un nouveau système
1 parent-référent aimé/aimant = la relation évolue par une prise de distance plus ou moins forte de l'enfant, le rôle évolue vers parent-référent cadre
1 parent-référent cadre = autorité et rapport de force > le rapport peut devenir plus confictuel encore, il peut aussi y avoir à contrario un "contrebalançage" vers, plutôt que la séduction, une forme de complicité
Le parent n'est plus le modèle. Ce qu'il dira peut se trouver contester, non pas pour la véracité, la logique, ou la pertinence du propos, mais par une opposition purement symbolique, non pas à la personne, mais au rôle qu'il incarne.
Passer d'un rôle autoritariste (les règles sont imposées sans discussion ni justification) à un rôle autoritaire (les règles sont distinguées entre négociable, non négociable, établies dans le dialogue de même que les sanctions en cas de non-respect). Se tenir à ces règles, être ferme, avant tout pour sécuriser l'individu.
Que ce soit par le besoin de définir ses limites (conduites à risque), de contestation (notamment de l'autorité autoritariste), du refus de voir le référent imposer sa vision de son propre bien-être, par la peur et le rejet des changements vécus, ou de l'expression d'injustices subies (intrafamiliale avec un référent dysfonctionnel, extra-familiale avec un professeur ou un autre adulte, ou face au groupe avec un rejet), l'individu peut adopter des comportements autodestructeurs.
L'adolescent pris dans un système « faussement bienveillant » (parent-référent « bien intentionné ») qui choisirait de ne pas en sortir (refus de rompre le lien avec le parent-référent) :
- soit se créerait un espace intérieur riche (imagination...) mais clos, « stérile » et au final mortifère.
- soit subirait des dérèglements internes profonds (folie) car il ne peut investir un espace intérieur qui lui est propre.
Dans les deux cas, le parent ne se rend pas compte de son rôle et des effets qu'il engendre (car « bien intentionné »), alors qu'il est attendu ailleurs par l'adolescent (rapport de force et définition du cadre, retrait total du parent de l'univers « intime » de l'enfant-ado).
Côté adolescent, si son attitude peut sembler rebelle, contestataire, rien que par sa distance, il agit en fait parce qu'il ne peut - et ne veut - ni quitter ni bousculer l'équilibre du système famille. Il agit en fait donc par loyauté à ce système.
Le nouveau point d'équilibre se trouvera forcément en dehors du vieux système. Il s'agit de marquer une rupture, nette et franche. Comme on dit symboliquement, « couper » le cordon, qui sinon, étouffera le « nouveau-né adolescent ».
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