- Accueil
- Forums
- la communauté : Présentation des nouveaux
- Exctinction émotionnelle et dépersonnalisation
Salut, ça fait déjà quelques semaines que je suis sur APIE, mais bon il fallait bien un peu de temps pour que je trouve quoi écrire et le courage de le faire.
Voilà de manière vaguement structurée un aperçu de ma vie en dehors de ce que je raconte sur mon profil :
PLAN
1/État dépressif
2/État vivant
3/Conclusion
4/Du positif
1/L'immense majorité du temps je ne suis pas en pleine possession de mes moyens, et je me sens mal, extrêmement mal par moments. En attaque de panique chronique j'ai remarqué récemment.
J'appelerai cet état l'état dépressif.
En effet, j'ai été diagnostiqué en dépression quand j'étais en prépa il y a 3 ans ; heureusement depuis j'ai bien remonté la pente, donc je ne vis plus de moments vraiment insupportables, mais je n'ai toujours pas l'impression de m'en être totalement sorti ; la souffrance majeure que je ressens réside dans le coût d'opportunité que je ressens (j'ai l'impression de passer à côté de ma vie)) .
Donc j'ai une dépersonnalisation. En gros j'ai l'impression de me voir à la 3ème personne et je n'ai plus la sensation d'être moi. Et une grande anxiété, que je ne reconnais même pas parce que je n'ai plus accès à comment je me sens.
Le pire est alors toutes ces situations où je parle ou j'agis d'une certaine manière en sachant (je l'explicite seulement maintenant mais je le savais de manière non formulée, vague) que j'agirais autrement-et systématiquement mieux- si j'étais dans l'état vivant, qu'il y a qqch que je manque dans la situation actuelle, que je n'utilise pas mon ressenti, mon intelligence, mon humanité, parce que je n'y ai plus accès à cause de cet état.
Évidemment ma confiance en moi s'en trouve très affaiblie.
Le pire, c'est que ces situations sont omniprésentes ; c'est ma manière d'être, mon état par défaut dans cet état.
Le pire, c'est que j'oublie cet aspect dépressif, et une partie de mon mental invente une autre histoire que je crois pour me faire survivre psychiquement, mais qui me coupe de tout, et je m'éteins émotionnellement, j'oublie que j'existe, je suis totalement anesthésié, je ne ressens plus rien.
2/A contrario, parfois j'arrive à davantage ressentir mes émotions, mais ça reste globalement limité, sauf 1 à 2 rares fois par an où j'ai en gros une heure pendant laquelle je reprends pleine possession de mes moyens. (Évidemment souvent suite à des causes qui incitent mes émotions à ressurgir, par exemple je pense que la lecture du forum de APIE a grandement contribué cette fois-ci).
J'appellerai cet état l'état sain.
Pendant ces moments, je me sens 100% moi-même, je suis spontané, je ressens mes émotions qui sont extrêmement claires pour moi donc la valeur de plein d'options dans ma vie m'apparaissent avec une clarté très grande et je suis en pleine mesure de faire de bons choix ; ma pensée se débloque donc enfin, ENFIIIN ! , j'ai une quantité de pensées qui se présentent à moi à la hauteur de ce que le signal qui me dit qu'il manque plein de données à l'équation la plupart du temps exige pour ne pas tomber dans la sidération et la suffocation.
Je ne suis plus bridé. C'est magique !
Et donc ça m'est arrivé ce soir (il y a quelques jours au moment où je publie). Je me sens bien. Parfaitement bien. Rempli. Rien ne manque.
Sauf que je ne peux que constater que l'immense majorité du temps de ma vie est passé sans être vécu. Donc c'est super flippant, et je pleure.
En me sentant à la fois puissant parce que dans ce moment je serais capable de déplacer des montagnes parce que ma motivation et résilience sont infinies parce que je ressens cette urgence à vivre, donc toutes mes ressources internes s'activent et mon potentiel se déploie dans ce but, par mécanisme de survie psychique,
et à la fois totalement impuissant parce que je suis bien lucide du fait que cet état est éphémère et que je vais me retrouver à nouveau en perdant de vue tout ce que je peux faire, l'accès à mes émotions, et tout ce qui caractérise cet état.
Impuissant surtout parce que je crois que personne ne va me comprendre, que personne n'a un vécu émotionnel aussi fort. Donc je ne peux pas en parler autour de moi. C'est ça le pire, et c'est ça qui m'empêche de me maintenir dans cet état.
Dans cet état, je ressens la valeur que mes amis ont à mes yeux. Je sens qu'ils sont chers (Oui le reste du temps je ne le sens pas parce que tout est déprécié, tout perd sa valeur dans ma perception). Et je me sens riche. Émotionnellement.
3/La conclusion que je tire de cette observation est qu'atteindre l'état vivant me donne tous les bénéfices que je recherche de manière plus individuelle et éparpillée quand je suis dans l'état dépressif.
Donc gros challenge : comment ne pas me couper de mes émotions et rester la plus grande partie du temps dans l'état vivant ?
Je sens en écrivant que j'ai déjà perdu une bonne partie de cet état et que je retombe petit à petit dans l'autre.
C'est hyper frustrant parce que je pourrais passer 5h juste à essayer de mettre sur papier toutes les pensées (qui sont pertinentes, pleines de fécondité intellectuelle, contrairement à la quantité de pensées produites uniquement par anxiété dans l'état dépressif, et qui, une fois analysées dans l'état vivant, se trouvent être vides de contenu car des affirmations évidentes à la lumière de l'accès à mes émotions et mon intelligence qui m'ont été rendus) qui partent dans tous les sens que j'ai.
(Déjà les profs m'ont dit plusieurs fois que c'était dommage, qu'on ne voyait pas sur le papier toute la richesse qui se passait dans ma tête, mais c'est encore un autre sujet)
C'est fou aussi que j'ai eu forcément à un moment envie de tout effacer et ne rien poster, mais bon manifestement j'ai fini par le faire et tant mieux ; je pense que lire d'autres messages sur ce forum qui parlaient du fait de vouloir effacer mais qu'après on leur ait répondu que c'était vraiment bien qu'ils l'aient fait malgré tout m'a aidé.
4/Sous un prisme un peu plus réjouissant, je joue énormément de musique et j'en compose. J'adore être sur scène. J'ai certaines compositions achevées, mais je n'ai pas encore de production à vous partager car il faut les enregistrer et les mixer auparavant.
J'adore créer de manière générale, j'ai passé pas mal de temps notamment dans les éditeurs de niveaux de certains jeux vidéo.
J'ai aussi créé un jeu de société avec un ami.
Je suis aussi très sportif, et demain je cours 36km avec 1200m de dénivelé !
PS : je n'ai pas écrit tous les paragraphes de cette présentation le même jour, donc il se peut que la clarté de la lecture en soit affectée.
Bonjour Douzou. Merci pour ton partage, te lire n'a pas été facile, car j'ai été dans cet état longtemps . La thérapie, traditionnelle, celle où tu vas creuser où c'est désagréable, là où on appuie où ça fait mal a fait du bien... Je m'améliore de jour en jour.
Même si j'ai des moments de rechute, je sors d'un pause de moi même , j'ai été déçue de voir que je me réfugiais encore dans ce fonctionnement , mais cela a été plus court... Deux mois... Là ça commence à aller mieux, suite à une séance biens compliquée ou j'ai réussi à parler de trucs bien profonds que je faisais depuis deux ans... Parfois faut du temps pour arriver à sortir des trucs... Bon j'ai fonctionne ainsi presque 20 ans et maintenant je regrette de n'avoir pas commencé ce chemin plus jeune... Pas tombé sur le bon... En fait je m'en suis rendue compte la dernière fois, quand tu tombes sur le bon, c'est une évidence et c'est rapide....première deuxième séance... Mais des solutions existent. Mais il faut accepter de se faire aider.
Bonjour,
je comprends très bien ces hauts et ces bas émotionnels ayant des personnes de mon entourage proche qui ressentent la même chose. Je ne sais pas si tu as des personnes à qui confier tout cela mais avoir au moins une personne de confiance sur qui te reposer est toujours une bonne béquille pour tenir debout. Je vois que tu es sportif et le sport me semble una tout dans le processus d'appaisement de l'esprit, pas que pour les endorphines bien utiles mais aussi pour se purger du mal et reprendre contact avec le réel par le corps.
Ta créativité m'impressionne et j'espère que tu partageras tes créations avec nous parce qu'il y a ici de nombreux curieux.
Enfin les avis de tes profs sont assez similaires à ce que l'on remarque dans de nombreux commentaires sur des élèves/étudiants qui n'entrent pas dans la norme des prérequis de l'éducation. Si tu arrives à comprendre ce qu'ils attendent de toi, tu pourras leur donner ce qu'il veulent, il faut analyser leurs demandes et adapter tes réponses. Cela peut paraitre une trahison envers soi-même, un manque de spontanéité, mais en réalité il s'agit d'une bonne façon de faire illusion.
Bon courage à toi et peut-être à bientôt.
Hello Douzou,
lorsque tu parles de dépersonnalisation, je ne peux m'empêcher de vouloir partager avec toi mon experience, que je crois avoir compris dans ses mécanismes et les ingredients succeptibles de les provoquer.
A la lecture du récit de ton experience, il en ressort clairement une certaine précontrainte psychologique forte surement associée des traumats antérieurs, qui impose en toi une athmosphère intérieure profondément délétère. Ca tourne dans la tête à une vitesse folle, mais sur trois pattes; il manque des informations et/ou des émotions vitales au fonctionnement de notre esprit, refoulées par le contexte d'une enfance destructrice ou une ou plusieures éxperiences traumatisantes. C'est comme si notre cerveau avait perdu les pédales, et avait empiriquement réecrit le schéma fonctionnel de notre personnalité afin d'éviter la destruction pure et simple dudit schéma. Je me permets d'en parler comme quelque chose que j'ai, moi même, vécu pendant une bonne partie de ma vie.
La neuro-psy qui m'a fait renaître, ma bien expliqué le processus de fonctionnement de la dépersonnalisation. Et je peux t'assurer qu'il s'agit bien de l'experience meta-physique la plus perturbante qu'il m'ait été donné de vivre. Cela ressemble en tous points à une des caractéristiques d'une EMI, telle que je les ai vécues.
J'ai naïvement cru posséder un super-pouvoir, comme dans les films. Mais ce n'est qu'un mécanisme de défense de notre cerveau pour l'aider à affronter des moments trop angoissants ou trop évocateurs d'experiences traumatiques précédement vecues.
Clairement, si ta dépression te pousse à vivre cet état psychique de façon trop fréquente, fais-toi aider. D'un psy à l'autre, tout peut changer sachant que c'est d'une dimension purement humaine dont il est question. Dans l'approche ainsi que dans le choix des mots et de l'intonation de voix, cette personne peut te permettre de t'ouvrir et de mettre en lumière tout ce qui t'avais échappé ou que tu avais mal compris, ou au contraire, te faire te refermer encore plus fermement par ce sentiment trop fort d'incomprehension.
Une chose que j'ai apprise ces dernieres semaines est qu'il n'est pas plus contre-productif que de se maintenir soi-même la tête dans l'eau, même si c'est sans vraiment s'en rendre compte, et c'est là qu'une aide éxterieure peut être salvatrice. En ce qui me concerne, elle aura été incarnée en ma neuro-psy, qui a pu me donner certaines clefs qui ont permis de remettre mon schéma interne en place. Et je suis convaincu que notre douance nous fait gagner beaucoup de temps dans ce cheminement, cette prise de recul sur notre situation/condition.
Je te souhaite de trouver la sérénité...
Merci beaucoup pour vos réponses !
citation :
Pas tombé sur le bon... En fait je m'en suis rendue compte la dernière fois, quand tu tombes sur le bon, c'est une évidence et c'est rapide....première deuxième séance...@Shadok, je n'ai pas bien compris de quoi tu parles en disant "le bon".
citation :
j'espère que tu partageras tes créations avec nous parce qu'il y a ici de nombreux curieux.@Nomdeplume, quand elles seront prêtes je n'hésiterai pas !
citation :
Cela ressemble en tous points à une des caractéristiques d'une EMI, telle que je les ai vécues.
@ALBATORS peux-tu développer sur le sujet des EMI ? En as-tu déjà vécues ? Penses-tu que mon état soit une sorte d'EMI prolongée ?
citation :
il n'est pas plus contre-productif que de se maintenir soi-même la tête dans l'eau
Je ne suis pas sûr d'avoir compris
Je parlais du bon thérapeute , celui qui te permet de creuser où ça fait mal...
Douzou,
non, je n'ai pas vécu d'EMI. Mais je me suis quelque peu renseigné sur le sujet à la suite des échanges que j'ai eu avec ma psy, tant sur la dépersonnalisation que sur les EMI, en ne pouvant que constater que beaucoup des caractéristiques d'une vraie dépersonnalisation comme j'ai pu les vivre à plusieures reprises dans ma vie s'apparentent vraiment à un début d'EMI. Vu sous cet angle, cela fait se poser des questions sur certains aspects meta-physiques de notre existence et surtout sur les capacités du cerveau humain et son jusque boutisme pour atteindre son but; la survie.
Une des choses que j'ai compris dans ce phénomène est qu'en arriver à cet état perceptif révèle tout de même d'une très, très forte contrainte psychique, qui relève pour le coup plus de l'aspect inconscient que conscient. D'ou également encore une fois, l'interêt de se faire aider dans de tels cas.
Lorsque je parle de se maintenir soi-même la tête dans l'eau, j'abordais le fait que dans certains cas, nous ne sommes pas à même de juger ce qui serait vraiment bon pour nous. J'ai très longtemps refusé de voir certaines évidences qui m'auraient poussé à consulter, et qui m'aurait fait gagner énormement de temps dans mon processus de rétablissement. Peut-être aurais-je pris conscience de ce que je suis et de ce que tout cela implique non pas à quarante huit ans, mais peut-être à vingt cinq ou trente ans. Certains voient leur vie entière défiler sans même avoir eu l'occasion de comprendre certaines choses sur eux-même, ce qui aurait pu permettre de bien mieux aborder leur propre complexité. En ce sens, je ne suis pas dans l'absolu le plus à plaindre, même si j'ai encore certains aspects de ma personnalité sur lesquelles il faut encore que je travaille, et commencer par en prendre conscience est le passage obligé...
...avant d accepter une espèce de "part obscure " qui nous donnerait une certaine "énergie " pour interagir "authentiquement "... my 2 cents
Oui Marvina, notre côté obscur fait partie intégrante de notre "moi", mais qui encore une fois, trouve presque toujours ses origines dans des expériences traumatiques passées. Agir sans en avoir conscience nous ecarte inexorablement de l'authenticité dans l'expression de notre être au monde.
Quand elles reviennent dans notre présent, se sentir "légitime " à ressentir tristesse, colère, injustice. Pouvoir s expliquer
Pour ce qui est de l'expérience méta-physique perturbante, c'est sûr qu'on est servi.
Je vois déjà une psy qui m'a déjà bien aidé, mais après c'est vrai que j'ai un peu plus l'impression de stagner depuis quelque temps, je ne sais pas trop si c'est moi qui ai du mal à m'ouvrir ou si c'est que cette psy ne me convient pas assez. Je penche quand même plutôt pour la première solution, bien que je pense la deuxième participe également.
Il te faut t'enregistrer sur le site pour participer aux forums.
Rejoins-nous vite !