Un petit café ?

Humains, non-humains,
Belges, belges,
Ma truffe humide hivernale, mon café chaud mais pas trop,
Mon chat, mon chien,
Lectrices et lecteurs chéris, mon Amour,...

Imaginez une grotte sur le flanc d'une colline face à la vallée du Rhône, un petit chemin d'herbe bordé de fleurs éparses et de cailloux divers et d'été vous en indique l'entrée. Exposée plein nord, il y fait froid en hiver mais frais en été. La proximité de la forêt et du ruisseau en fait un endroit serein et bucolique. Vous y êtes ? Bon...
Ne vous emballez pas en y rajoutant des elfes, des hobbits, des nains, des fées ou toutes autres bestioles à tendances magiques tout de suite...
Non... Imaginez plutôt, toujours dans ce cadre, que les premières lumières du jour viennent caresser les fragiles myosotis marquant l'entrée rocailleuse. Vous entendez un grognement. Rien d'impressionnant ou de dangereux. Juste un grognement. Du même genre de celui que vous pouvez lâcher parfois quand votre réveil sonne juste un peu trop tôt à votre goût. Quelques bruits viennent animer le silence après quoi un doux fumet de café vous parvient aux narines et vous attrape le nez comme la main de fumée cartoonesque d'un dessin animé de Tex Avery.
Vous vous approchez de l'entrée. Doucement. Vous vous dites : « Si il y a du café, il y a peut-être moyen d'en avoir une tasse ! Après tout le chemin que je viens de m'appuyer pour venir jusqu'ici... »
Vous vous approchez encore un peu... Les sons provenant de l'intérieur se font plus clairs à vos oreilles que vous tendez au maximum...
Soudain, des cris et des explosions ! Vous sursautez et faites un pas un arrière par réflexe. Vous restez là, planté comme une quiche aux poireaux, pendant que votre cerveau cherche une explication logique à tout ça...
Quand le son provenant de la fameuse grotte s'interrompt d'un coup, ponctué d'une quinte de toux plutôt grasse, et rapidement suivi de bruits de pas lourds et patauds allant dans votre direction...
Le conflit intérieur entre votre envie de fuir et votre curiosité d'en avoir le coeur net s'empare de vous et vous visse littéralement les pieds dans le sol. Qui plus est, vous avez vraiment envie et besoin de ce café !
Votre attente ne sera que de courte durée.
Une forme assez mastoque se profile. Un truc gros, lourd, poilu... Une grosse truffe...
Un ours habillé d'un pantalon en velours et d'un t-shirt portant l'inscription « Trust me I'm the Doctor », le tout enroulé dans un peignoir usé et pelucheux logoté Star Wars vous fait désormais face.
Sur le coup de la surprise, vous séchez. Belle quiche aux poireaux que vous êtes.
Il replace délicatement de sa grosse patte ses petites lunettes sur le haut de son museau, s'éclaircit la voix puis posant les yeux sur vous et avec une voix parfaitement intelligible vous dit :
« Ben alors mon grand (adaptez en « ma grande » si vous êtes une lectrice chérie...) ?! Faut pas rester planté comme ça ! Un petit café ? »
Un sursaut de conscience vous fait répondre : « Beuh heu ben heu oui j'veux bien... »
L'ours : « J'vais pisser et je reviens ! Entre ! Vas-y ! Fais comme chez toi mais relance pas le film hein... J'l'ai mis sur pause ! »
Vous le regardez s'éloigner dans les fourrés avant de franchir le seuil de la tanière de l'impensable mais accueillante bestiole.
Un couloir vous emmène à une entrée avec des patères aux murs, un range chaussures et un paillasson où les chaussons de l'ours - une belle paire de charentaises à carreaux écossais -attendent patiemment le retour de leur propriétaire.
Votre légendaire sens de l'observation vous fait tout de suite remarquer la quantité de livres, de bibelots, de sacs féminins et de chaussures bien rangés sur les étagères qui courent sur les murs de la pièce. Parce que vous êtes bien élevé vous enlevez vos chaussures, et vous passez la porte...
Vous êtes surpris. C'est cosy, chaleureux... Beaucoup de bois apparent... Très feng-shui, bien agencé...
A votre gauche : pas de cuisine à l'américaine avec un bon dieu de bois d'ilot central, mais une petite cuisine toute mignonne séparée du salon d'où sortent des volutes de café, de tartines beurrées et une légère odeur de charcuterie.
Vous êtes dans le salon, le coeur de l'endroit. Des grands canapés « boum-j-t-attrape » d'apparence moelleux et confortables, deux tables basses, une table de lecture, un grand fauteuil rouge et or et son repose pieds, une cheminée, un petit tas de bûches, des bibliothèques remplies de livres, des vitrines pleines d'objets curieux, colorés et ou exotiques ; et, sur le grand mur du fond l'image figée d'un film projeté comme le fantôme d'une peinture rupestre.
Vous apercevez d'autres portes mais à peine avez-vous le temps de vous demander où elles peuvent bien mener que vous entendez les pas de votre hôte se rapprocher. Une grosse patte s'abat avec bonhommie sur votre omoplate tandis qu'une autre vous fourre un mug vert fumant marqué du mot « Bazinga ! » sous le nez. Vous tournez la tête pour faire face à la grosse truffe.
« Café ? Copain (Copine) ? »
Vous prenez la tasse. L'ours vous sourit puis va s'installer sur la partie méridienne d'un des « boum-j-t-attrape ». Il se cale bien contre les coussins, étend puis croise ses pattes arrières et tourne la tête vers vous : « Ben viens t'asseoir ! »
Vous obéissez. Une fois installé, vous commencez à vous détendre pour de vrai. Après tout, pourquoi pas... Un ours qui s'habille, parle, et regarde des films dans son salon... Ça vaut bien Alice et son terrier de lapin non ? Vous goutez le café. Ça vous ravigote.
« Je m'appelle Max ! Et toi ? »
Vous répondez...
« Enchanté... Ma femme donne des cours dans la forêt. Moi, je regarde des films, j'analyse, je réfléchis, je transpose, je déduis... Et après j'écris... Beaucoup... Enfin bref...
Là, j'étais en train d'en attaquer un... C'est de l'horreur. Ce qui est un peu mon genre préféré, pour plein de raisons, mais bon bref... Tu aimes quoi toi comme genre de films ? C'est quoi le dernier que tu as vu ? Kiffé ? Pourquoi ? »
Vous êtes cuit.
Si vous n'aimez pas la bouquinerie sauvage, les bds, le cinoche, les séries ... Si vous n'êtes pas un peu geek sur les bords... Si les mots « Trekkie », « Cowabunga », et le nombre 42 ne vous évoquent rien...
Vous êtes officiellement foutu.
Dans quelques heures, votre cerveau aura cuit, poché, à l'intérieur de votre crâne. Votre esprit sera noyé sous des tonnes d'informations dont il ne saura quoi faire. Fuyez pauvres fous ! Pendant que vous le pouvez encore !
Si, en revanche, vous avez rêvé d'avoir un Tardis, un dragon, un Tie-Fighter, ou une porte des étoiles...
Si quand vous entendez les mots « Sarah Connor ? », vous avez tendance à répondre de façon incontrôlée et incontrôlable « C'est à côté... »
Si, il y a quatre phrases en arrière, à la lecture de « Fuyez pauvres fous ! », la vision d'un sorcier gris accroché à un bout de falaise, le visage pétrifié par la peur, vous est apparue...
Enfin, si vous faites partie de ceux qui avides d'images et d'histoires s'organisent des marathons visuels ou d'écriture (et qui ne l'a jamais fait ne saurait dire à quel point le mot marathon est approprié ! ou qui n'a pas une once d'empathie mais nous y reviendrons...).
Oui, si vous faites partie de ce peuple là... Vous êtes tombé au bon endroit...
Vous pouvez officiellement vous détendre...
Voilà, maintenant vous y êtes...
Bienvenue chez moi !
Max

😉