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EXPERTISE
La légende noire des surdoués, suite et fin
Date: 27 avril 2023
Author: Franck Ramus
Introduction
Depuis de longues années, l'idée selon laquelle les enfants et adultes à haut quotient intellectuel (HQI) seraient particulièrement à risque d'échec scolaire ou de troubles psychologiques tourne en boucle dans les médias, un phénomène que nous avons décrit et surnommé « La légende noire des surdoués » (Ramus & Gauvrit, 2017). Dans cet article, nous rappelons tout d'abord les connaissances scientifiques sur l'intelligence et ses corrélats, qui rendent cette idée fort peu plausible. Puis nous détaillons cinq études que nous avons menées pour tester cette hypothèse de la manière la plus directe possible, y compris en France.
Pour commencer, quelques précisions de terminologie. Nous nous plaçons dans le cadre de la définition de l'intelligence la mieux établie scientifiquement, à savoir celle de l'intelligence générale au sens de Spearman (1904), qui s'estime en faisant passer une batterie de tests cognitifs variés, et en extrayant le résultat d'une analyse factorielle confirmatoire à un facteur, ou la première composante d'une analyse en composante principale des scores obtenus dans tous les tests, ou en utilisant une batterie de tests standardisée implémentant cette procédure. Les résultats dans les tests étant positivement corrélés, on obtient un « facteur g » qui explique une part importante de la variance de chacun des tests. Ce facteur, qui a une distribution proche d'une distribution gaussienne sur l'ensemble d'une classe d'âge, est généralement mis à l'échelle pour obtenir un quotient intellectuel (QI) avec une moyenne de 100 et un écart-type de 15.
Sur une telle distribution, les personnes désignées comme étant « à haut QI » (HQI) sont celles dont le QI total est au moins 2 écarts-types au-dessus de la moyenne des personnes de même âge, soit un QI supérieur ou égal à 130. De notre point de vue, les autres appellations que sont les termes « surdoué » ou « haut potentiel intellectuel » sont strictement synonymes. Certains cliniciens n'hésitent pas à proposer des définitions alternatives en ajoutant d'autres critères diagnostics voire en se passant du critère sur le QI, mais ces propositions ne font l'objet d'aucun consensus scientifique.
Pourquoi de telles affirmations sont-elles surprenantes ?
https://ramus-meninges.fr/2023/04/27/legende-noire-fin/
merci.
- sur le graphe 1/, si un point représente un élève, alors il y a un problème
Car on est (très) loin de 2% d'élèves au-dessus de 130, pour un échantillon pourtant large dont la petite taille ne peut être invoquée pour ça. J'ai compté vite fait, droite du trait il y a environ 80 points, et en comptant les élèves qui semblent être sur le trait on arrive à une centaine en tout. Or un échantillon de 16000 éléves devrait donner autour de 300 élèves au-dessus de 130.
- résumer l'échec scolaire à la position par rapport à 10 ... C'est peut-être objectif, mais ça n'est pas forcément signifiant.
D'autant moins qu'on regarde les résultats au collège. Et qu'à mon avis, les difficultés pour les HQI apparaissent surtout après ! Surtout avec un niveau scolaire demandé qui n'a cessé de baisser depuis ... toujours ( bon, au moins depuis le début des années 70).
D'autant moins aussi que 10-12 de moyenne pour quelqu'un qu'on considère ( qu'il ou elle ait passé ou pas un test de QI) comme très intelligent, ça peut être considéré comme une forme d'échec scolaire ( et encore plus au collège).
- pour la figure 2 et les troubles pyschologiques, ce qui me saute aux yeux et est un peu contre intuitif est la différence entre >130 et <70.
Où l'on voit que, à bas niveau ( ie pb inf ou ègaux à 1.25 sur l'échelle du graphe), il y a bien plus de pb chez les >130 que les <70, dans 3 ( ie toute sauf Internalizing Disorder) catégories.
Et globalement il semble plutôt y a voir un effet d'amortissement ( ie problèmes moins élevés) pour les QI> 130 par rapport aux 70<QI<130.
Un point qui m'interroge: si on considère que la plus grande majorité de ceux qui enfants passent le test le font à cause d'un problème quel qu'il soit, et que 20% des enfants HQI sont testés, ces 20% d'enfants HQIs qui auraient un problème ou un autre amenant à un test et donc à une consultation, ne représentent-ils pas une proportion plus importante que les enfants non HQI qui auraient un pb qc?
Je ne sais pas vous, mais j'imagine mal que 20% des 95% non HQI ( et pour autant entre 70 et 130 de QI) vont consulter un psychologue ?
( note: mon propos sur ce point est vraiment mal rédigé, mais j'espère que vous aurez quand même compris l'idée sous-jacente)
.
Petit commentaire sur les biais dans les études (statistiques)
Un grand cancérologue, qui était très critique envers les publication de résultats d'études statistiques, disait que dans toute présentation, il faut chercher le biais.
Car il y en a très probablement un...
(Le principe de confirmation est d'ailleurs un biais cognitif qui intervient principalement pour introduire une erreur d'évaluation dans sa propre pratique d'évaluation)´
A partir de sa propre pratique, on a tendance à en tirer ses propres conclusions.
Question d'expérience.
Hommage, au passage, à Claude Bernard
citation :
De notre point de vue, les autres appellations que sont les termes « surdoué » ou « haut potentiel intellectuel » sont strictement synonymes.
Je ne suis pas d'accord sur le "synonyme" : au moins avec la notion de potentiel il y a l'idée de le développer ou non. Pour moi l'intelligence ne dépend pas d'un trait défini mais de la façon dont on se comporte. On peut avoir du potentiel mais être sacrément stupide....
Et être parfois en mode "courant alternatif"... Derrière le mot "potentiel" a toujours résonné en moi une (trop ?) certaine sorte de "responsabilité"...
Je vois la vie comme un jeu de cartes dont parfois on s interdit d en jouer certaines... Et finalement sortir "la carte du con/du fou" peut s avérer très libérateur... S autoriser - pour "un instant seulement" , une heure parfois, un quart d'heure de folie...
Merci Franck Llopvet!
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