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- Hypersensibles ou troubles bipolaire
J'ouvre peut être un sujet déjà traité. Mais celui-ci me tient à coeur.
Y a-t-il ici (ou avez-vous connaissance) des personnes diagnostiquées bipolaire mais qui sont en fait hypersensibles (ou HP) ?
Si oui, avez-vous creusé la question ?
Moi un peu, et je me désole de pour l'instant de ne rien voir sur ce sujet dans le domaine de la recherche (même par les centres Experts de la Fondation Fondamentale), mais j'ai pu rater quelque chose.
Attention bipolaire c'est quelque chose de très precis.
Et effectivement @MARead est très bien placée pour te répondre.
Salut @Asti
J'ai reçu un diagnostic de trouble bipolaire de type 1 en 2015, à l'âge de 56 ans et en 2019, j'ai passé les tests du WAIS IV qui ont révélé mon haut potentiel dans certains domaines mais pas tous à cause de la prise de neuroleptiques puissants qui ont affecté mes capacités de mémorisation et de concentration.
J'ai vécu toute ma vie en ignorant l'un et l'autre.
On me soignait depuis l'âge de 40 ans pour dépression profonde et on m'hospitalisait sans avoir repéré les crises maniaques.
Pourtant, avec du recul, je me demande comment les psychiatres ont pu se passer à côté d'épisodes flagrants...
Projets mégalomaniaques, dépenses inconsidérées qui se chiffrent en milliers d'euros, crises d'hystérie, logorrhée, pensée désorganisée, insomnie pendant 2 à 3 semaines sans dormir du tout, soirées festives arrosées, irritabilité, agressivité, hypersexualité, crises de panique, troubles anxieux.
C'était des cycles qui alternaient avec des dépressions assorties d'hypersomnie, d'apathie, d'un manque d'énergie sans pouvoir me lever, me laver, m'alimenter, de crises de panique et de troubles anxieux qui m'ont malheureusement poussée à vouloir me suicider à plusieurs reprises. J'ai été sauvée in extremis.
En 2015, on m'a finalement prescrit des antipsychotiques et en 2020, on a augmenté les doses et on m'a sevrée de l'alcool, et mon humeur s'est stabilisée.
Je suis hypersensible comme toutes les personnes vivant avec la bipolarité mais le contraire n'est pas vrai.
J'ai également des capacités hors normes comme tous les gens sur ce site mais rares sont ceux qui cumulent les deux. Par contre, il est vrai que Einstein et Churchill par exemple avaient un trouble bipolaire que l'on appelait autrefois une psychose maniaco-dépressive ce qui était un peu plus parlant mais jugé stigmatisant.
Ma fille aînée vit avec un trouble schizoaffectif et a créé la page Facebook Bipolaire On Air dédiée à l'information sur les troubles bipolaires et à la déstigmatisation des troubles psychiques, que j'alimente au quotidien si tu souhaites des informations complémentaires.
Voici les 10 similitudes entre personnes surdouées et bipolaires :
1) Une variation intense de leurs émotions,
2) Des difficultés d'attention,
3) Une pensée rapide,
4) Elles sont très intenses,
5) Elles ressentent une urgence à agir,
6) Elles peuvent avoir une estime de soi faible,
7) Leur hypersensibilité sensorielle,
8) Leur créativité,
9) Leur anxiété,
10) Leur sentiment d'être différentes.
https://www.bilan-psychologique.com/hp/surdoue-ou-bipolaire.html
Troubles bipolaires
Psycom
MISE À JOUR : 25/02/2021
Troubles bipolaires
Dans ces troubles, l'humeur connaît une variation anormale avec alternance entre deux phases, l'excitation et la dépression. Malgré des répercussions qui peuvent être importantes, il est possible de s'en rétablir.
SOMMAIRE
Les troubles bipolaires, qu'est ce que c'est ?
Comment reconnaître un épisode dépressif
Comment reconnaître un épisode maniaque
Quelques idées reçues sur les troubles bipolaires
Comment traiter les troubles bipolaires
Le recours aux médicaments
Des précautions particulières avec les médicaments
D'autres options thérapeutiques
Le soutien par une psychothérapie
Suivre un programme d'éducation thérapeutique
S'aider par soi-même
Vivre avec une personne concernée par un trouble bipolaire
https://www.psycom.org/comprendre/la-sante-mentale/les-troubles-psy/troubles-bipolaires/#:~:text=Les%20troubles%20bipolaires%20se%20caract%C3%A9risent,d%C3%A9pression%2C%20voire%20de%20m%C3%A9lancolie%20profonde.
Troubles bipolaires : des neurones trop sensibles
https://www.troubles-bipolaires.com/troubles-bipolaires-des-neurones-trop-sensibles/
L'hypersensibilité va souvent avec le Haut Potentiel Emotionnel, mais certaines personnes sont hypersensibles... mais pas HPE. Ni HPI. Et elles ne souffrent pas d'un trouble psychique. Leur hypersensibilité n'est pas une caractéristique associée à un Haut Potentiel ou à un trouble de la vie psychique. C'est l'hypersensibilité elle-même qui est au centre du tableau clinique.
https://www.bilan-psychologique.com/hpe.html
@MARead merci pour ton témoignage. Tes insomnies étaient avant la crise maniaque ? ou après ?
Il se trouve que j'ai 2 soeurs (jumelles) qui ont été déclarées Bipolaire.
Depuis, je ne suis beaucoup intéressé au sujet.
Et je ne peux me satisfaire des réponses apportées à ce jour (en plus il y a encore beaucoup d'inconnus) : un traitement à vie médicamenteux dont on connait les effets secondaires, des erreurs de diagnostic trop nombreuses (notamment des HP diagnostiqués Bipolaire et étiqueté à vie à tord)
J'ai l'impression que les psychiatres ne connaissent pas les profils atypiques et du coup quand il y a crise, ça dérange et ils les rangent dans leur dsm IV.
Bien souvent, la question de l'insomnie, du manque de sommeil est fondamentale dans le déclenchement des crises. Du coup, ne faudrait-il pas juste traiter le problème du sommeil ? (qui serait bien avec plusieurs jours sans dormir ?)
L'hypersensibilité n'est absolument pas prise en compte. Alors que si c'était le cas, on pourrait mettre en place de la prévention et l'accent sur des thérapies.
Tout ce qui peut aider à mieux maîtriser (et non contrôler) ses émotions, sa sensibilité sensorielle...la liste serait très longue de ce qui peut aider
La prise en compte de l'estime de soi aussi bien sûr, mais qui pour moi est un peu à part : c'est plus du côté de l'attachement, des traumatismes et des liens sociaux qu'il faut aller voir.
Bref, il faudrait une vision globale.
Et la question que je me pose alors, c'est comment faire émerger cette vision globale chez les soignants ???
Ta dernière question @Asti est une question fondamentale qui dépasse la bipolarité, et meme la psychiatrie! Pour ma part, c'est avec la dentisterie holistique que j'ai découvert ce chemin là, avec la proprioception ensuite et ses capteurs, et avec une équipe de personnes compétentes qui communiquent entre elles, mais ou surtout moi, je suis, pour moi et pour mes enfants, le maillon central qui doit faire le lien en commuicant les bonnes informations. Bref, c'est un travail d'équipe tout ca.
C'est clair que la psychiatrie ne comprend rien à la folie. Le coup de "je te mets dans une case du DMS quand je comprends pas" est typique et destructeur. Très peu de psychiatres (il y a en a) prennent le temps de comprendre et d'accompagner. Tout ce qu'il font, c'est adapté la médication au mieux. Et la psychiatrie chronicise (rend le malade chronique).
La psychiatrie à bousiller ma soeur bipolaire (psychiquemet et physiquement).
Pour ta dernière question, c'est un parcours du combattant pour les soignants qui tentent de faire ça de l'intérieur, c'est se battre contre une machine de guerre. Mais ça vient (vraiment) petit à petit.
Le travail d'équipe, c'est toujours mieux, ça c'est sûr. Ma soeur voit enfin (à 56 ans) un psychothérapeute qui travaille en lien avec ses médecins (généraliste, spécialistes). Si ma mère les laisse faire, elle a peut-être une chance d'améliorer sa condition. C'est pas gagné.
Une interview d'un rare psychiatre malin sur la chaine de la tronche en biais (c'est surtout sur la psychophobie mais ça fait du bien d'en entendre un aussi chouette : La Psychophobie (Tronche en Live 93).
"J'ai l'impression que les psychiatres ne connaissent pas les profils atypiques" c pas qu'une impression pour la sans doute très grande majorité d'entre eux.
Ils ont beau ( devoir) faire une analyse eux-mêmes, ils n'ont pas de formation psycho, donc encore moins de formation sur les atypiques sauf à s'être formés indépendamment.
Un jour il faudra clairifier, mettre à plat tout çta, et imposer soit relation interdisciplinaire entre psychiatre et psychologues, soit former les psychiatres aux spécificités rencontrées chez les atypiques.
Je serais curieux d'avoir des stats sur les erreurs de diagnostics.
@Ambre31 dis-moi en un peu plus car je ne connais pas la dentisterie holistique et la proprioception et ses capteurs. De quelle équipe parles-tu ?
@paradox j'irais écouter la vidéo
Je suis du genre combattif. Mais peut être à tord contre des moulins à vent et donc à m'épuiser pour rien ou tout simplement sur le mauvais chemin (j'aime bien le point de vue d'Isabelle Padovani dans une de ses vidéos où elle voit plutôt le changement à travailler sur soi et la qualité de la relation qui par tâche d'huile modifiera le monde). Alors pour le moment, je sème des graines : j'écris à la Fondation Fondamentale et maintenant à certains psychiatres qui sont dans le réseau des centres experts. D'ailleurs la Fondation a écrit avec l'institut Montaigne un manifeste sur l'état d'urgence de la Psychiatrie en 2018. Quand on voit que c'est encore lettre morte aujourd'hui et que la politique se fiche de la santé mentale (enfin moins avec la Covid, vos mutuelles remboursent 4 consultations psy à hauteur de 60 euros).
Alors comment se mobiliser ? Eveiller les consciences ?
@Asti,
J'ai découvert la dentisterie holistique quand ma fille après avoir vu deux orthodontistes devait se faire arracher beaucoup de dents et porter un appareil pendant des années parce qu'à environ 8 ans, elle avait paraît-il des dents XXL à faire rentrer dans une machoire XS ( dixit les orthodontistes). Heureusement la veille du RV pour arracher les premières, je croise ma belle-soeur qui me dit qu'une dent est une partie du squelette et que l'arracher n'est pas anodin et me parle de la dentisterie holistique : considérer les dents comme partie d'un tout, travailler avec un osthéopathe, travailller avec différentes sortes de goutières plus ou moins souple pour amener petit à petit la machoire à prendre sa taille normale, sans arracher de dents, notament parce qu'elles élargissent la machoire justement en poussant.
Donc, là une permière équipe s'est formée, orthodontiste holistique + osthéopathe.
Dans la foulée, j'ai appris en partant d'un autre problème, cette fois-ci pour moi, qui ait un norton au pied ( nerf qui se coince sous le pied à la marche) que tout cela était un histoire de posturologie et que le corps a plusieurs entrées de proprioception ( je n'ai pas la vraie définition), mais ces les capteurs qui pemettent de tenir en équilibre : donc on a vue la position de la machoire/ respiration, la posture avec l'osthéo, les yeux ( orthoptiste, troisième membre non négilgeable de l'équipe, qui éventuellement prescrit des prismes mais pas de rééducation des yeux, fait elle aussi un peu d'osthéo, discute avec l'osthéo et surtout mesure avec sa machine, la manière donc on équilibre son corps en positiion debout), et le dernier non des moindre aussi, la voute plantaire ( podologue). Depuis environ 10 ans, avec ces quatre spécialistes et moi au milieu pour observer la marche des uns, écouter la respiration nocturne des autres, etc. en passant par trois orthodontistes ( une qui a déménagé, l'autre qui est partie à la retraite et le troisième qui a une vision un peu radicale, qu'il a fallu amadouer et faire plier un peu sur sa rigidité), mes enfants poussent beaucoup plus droits et se sentent bien mieux émotionnellement aussi, moi, c'est mieux, mais c'est plus difficile de me rééquilibrer avec le temps qui a passé et qui m'a fait pousser en me tordant. Le hic, c'est que ça coûte de sous au niveau podologie, et qu'il faut avoir la chance d'être accepté dans le cercle fermé des heureux patients de ces personnes là qui, débordés, refusent les nouveaux patients depuis longtemps.
A noter que toutes ces personnes sont à la fois passionnantes, et caractérielles. La plus space et la plus fabuleuse est l'orthoptiste qui donne ses consignes aux autres, et qui a fait des recherches au Canada là dessus, elle est à fond. Selon elle, cette approche permet de résorber des problèmes dys, voire même de skizophrénie. Je lui aurais bien amené ma mère, mais bon, même pas en rêve.
@Ambre31 Je ne connaissais pas tout cela. C'est tout encourageant ton expérience ^^
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur la bipolarité, j'ai fait un Facebook Live le 30 mars avec ma fille aînée en compagnie de Professeur Bertschy des HUS et Dr Feltz, président du CLSM STRASBOURG EUROMETROPOLE.
On a abordé tous les sujets liés à la bipolarité d'un point de vue médical et de celui des patients comme ma fille et moi.
Les internautes connectés ce jour-là ont pu poser des questions en live auxquelles on a répondu.
Dans ma famille, il y a un facteur génétique. Ma mère était schizophrène et ma grand-mère maniaco-dépressive comme on nommait la bipolarité à l'époque.
Ne vous braquez pas trop contre les psychiatres. Le diagnostic de bipolarité est très compliqué à formuler car il existe de nombreuses formes, catégorisées en type 1,2,3, etc...
Moi, je suis de type 1 qui est le niveau le plus haut et inquiétant dans les extrêmes.
Je suis obligée de prendre des antipsychotiques tous les jours mais je suis vraiment soulagée car sans ça, je ne serai plus de ce monde.
Ma psychiatre veille sur moi. Je la vois une fois par semaine et mon psychologue spécialisé en TCC une fois par mois.
Pour en revenir à la question posée en objet de discussion sur ce fil, je vis avec un trouble bipolaire et je suis hypersensible. À ça, se rajoute le HP ce qui m'aide nul doute à mieux comprendre et gérer mes troubles.
Par contre, il existe des gens hypersensibles qui n'ont pas de trouble psychique ou maladie mentale comme la bipolarité.
Pour répondre à la question d'@Asti concernant l'insomnie, en fait, quand j'étais en crise de manie extrême, je ne dormais plus pendant des jours et je sortais beaucoup, je m'alcoolisais. J'avais 10 000 projets en même temps. J'étais dans tous les sens. Pour vous aider à comprendre, c'est comme d'être sous coke puissance 1000 ! Ça finit toujours par une hospitalisation car même si on ne ressent pas la fatigue, on épuise le corps.
Les Centres Experts Fondamental peuvent aider à poser un diagnostic lorsqu'on est dans le doute sinon il faut se rapprocher d'une équipe hospitalière plus au fait que certains psychiatres libéraux qui connaissent plus ou moins la bipolarité.
Pour ce qui est du haut potentiel, j'ai passé les tests du WAIS IV à l'Institut de Psychologie aux HUS. Les psychologues connaissent beaucoup mieux le sujet que les psychiatres. De toute manière, ce n'est pas une pathologie mentale mais tout simplement un fonctionnement différent.
Voilà, j'espère que vous comprendrez un peu mieux.
@MARead merci pour ton témoignage. La bipolarité c'est un sujet qui me tient à coeur. J'ai un peu lu, vu de vidéo sur ce sujet. Je commence même à lire des articles de recherche.
Je précise un peu plus ma question : qu'est-ce qui avait déclenché la crise de manie ? Avais-tu déjà de l'insomnie avant qu'elle ne se déclenche.
Oui apparemment, il y a un facteur génétique. Mais comme pour l'atypisme.
Après on sait que l'épigénétique joue aussi un rôle très important, c'est à dire que les gènes vont s'exprimer ou pas en fonction de l'environnement, de notre état...
Donc pour moi, cela ne suffit pas de dire, j'ai un terrain. Car on sait également que l'héritage génétique peut être modifié.
On sait également qu'il y a transmission transgénérationnelle de l'inconscient (psychogénéalogie).
On connait aussi la plasticité du cerveau et les exemples de personnes tetraplégiques qui remarchent. Même les autistes avec des techniques peuvent sortir de leur enfermement (voir l'excellent documentaire, "dans la tête d'hugo"). Bien sûr, le tétraplégique ne pourra pas courir un marathon, l'autiste ne pourra être super empathique... mais il y a compensation et retour à des capacités à leur mesure.
Alors, je ne sais pas si tout peut être guéri mais pour moi, il y a là un mystère, qu'il faut dépasser les certitudes.
Pour revenir au sujet, les questions que je me pose : pourquoi le trouble bipolaire se déclenche ? quels sont les facteurs de vulnérabilité ? on en connait quelques un maintenant -> sommeil, estime de soi, gestion du stress, environnement, hygiène de vie, atypisme (hypersensibilité) ?
Mais alors que fait-on sur ces plans pour éviter le basculement dans le trouble bipolaire ?
Au lieu de donner des médicaments à vie (je ne dis pas que ce n'est pas nécessaire pour certains cas), va-t-on chercher jusqu'au bout des solutions alternatives : restaurer son estime de soi, travailler sur les transmissions transgénérationnelles, méditation, sport, yoga, hypnose (ou toute technique d'état modifié de conscience), thérapie comportementale ciblée sur le sommeil, art-thérapie, posturologie...lien social
Les soient disant maladies mentales ne seraient-elles pas le symptôme d'une société malade ? L'individualisme et le sentiment de solitude ne seraient-ils pas à son apogée ? Sans parler de la destruction de notre environnement.
(ATTENTION encore une fois, je ne dis pas que la nature n'a pas des ratés (ex, la trisomie et autres maladies rares) et donne des maladies difficilement curable, mais pour moi on entre dans un autre débat).
Il y a tellement de champs des possibles mais non, on pose un diagnostic, on donne des médocs et basta...
Je vois mes 2 soeurs et c'est dur de les voir enfermées dans le diagnostic. Elles ont connus plusieurs fois l'enfer de l'enfermement en HP (et ce sont elles qui parlent d'enfer). A cause des médicaments, elles sont comme shootées (surtout 1 pour l'autre, elle a réussi à diminuer les doses avec une meilleur hygiène de vie), la prise de poids.
Elles auront 10 à 15 ans d'espèrance de vie en moins.
Ca me rends tellement triste.
Mais en même temps, elle ne cherche pas à aller encore mieux, alors....
Alors, j'essaye d'éveiller les consciences, peut-être à tord. Mais, je travaille aussi à mon être...
Troubles bipolaires
Site de Psycom
MISE À JOUR : 25/02/2021
Troubles bipolaires
Dans ces troubles, l'humeur connaît une variation anormale avec alternance entre deux phases, l'excitation et la dépression. Malgré des répercussions qui peuvent être importantes, il est possible de s'en rétablir.
SOMMAIRE
Les troubles bipolaires, qu'est ce que c'est ?
Comment reconnaître un épisode dépressif
Comment reconnaître un épisode maniaque
Quelques idées reçues sur les troubles bipolaires
Comment traiter les troubles bipolaires
Le recours aux médicaments
Des précautions particulières avec les médicaments
D'autres options thérapeutiques
Le soutien par une psychothérapie
Suivre un programme d'éducation thérapeutique
S'aider par soi-même
Vivre avec une personne concernée par un trouble bipolaire
Les troubles bipolaires, qu'est ce que c'est ?
Les troubles bipolaires se caractérisent par une variation anormale de l'humeur, avec l'alternance de deux phases - d'où le mot bipolaire. La personne peut, par exemple, vivre une période d'excitation (appelée épisode maniaque) suivie d'une période de dépression, voire de mélancolie profonde. Ces épisodes sont entrecoupés de périodes de stabilité qui, selon les personnes et les cycles, durent plus ou moins longtemps. L'intensité et la durée des épisodes d'excitation et de dépression varient d'une personne à l'autre, ou au cours de la vie d'une même personne.
Les troubles bipolaires portaient auparavant le nom de psychose maniaco-dépressive (PMD). Ils peuvent être de plusieurs types, la précision étant apportée au moment du diagnostic. Ils sont souvent associés à des troubles anxieux et à des comportements addictifs, selon l'étude publiée en 2018 dans la revue Therapeutic Advances in Psychopharmacology.
Les troubles bipolaires peuvent avoir des répercutions importantes sur notre vie affective, familiale, professionnelle et sociale. Malgré ces difficultés, il est possible de se rétablir de troubles bipolaires.
Comment reconnaître un épisode dépressif
L'épisode dépressif associe un certain nombre de symptômes, présents toute la journée et presque tous les jours, non influencés par les circonstances et durant au moins deux semaines. Ces symptômes sont les suivants :
Humeur dépressive, tristesse
Perte d'intérêt
Fatigue ou perte d'énergie
Trouble de l'appétit (avec perte ou prise de poids)
Troubles du sommeil (perte ou augmentation)
Ralentissement/agitation psychomotrice
Sentiment d'infériorité, perte de l'estime de soi
Sentiment de culpabilité inappropriée
Difficultés de concentration
Idées noires, pensées de mort, comportement suicidaire.
Comment reconnaître un épisode maniaque
L'épisode maniaque est défini comme une période d'au moins 4 jours consécutifs, durant laquelle nous sommes expansif ou irritable, très différent de notre façon d'être habituelle, avec la présence d'au moins 3 des symptômes suivants :
Augmentation de l'activité ou agitation physique
Augmentation du désir de parler
Difficultés de concentration
Réduction du besoin de sommeil (par exemple se sentir reposé après seulement 3 heures de sommeil)
Augmentation de l'énergie sexuelle
Achats inconsidérés, ou autre types de conduites insouciantes ou irresponsables
Augmentation de la sociabilité ou familiarité excessive.
Pour qu'un diagnostic de trouble bipolaire soit posé, il faut que la personne ait vécu au moins un épisode dépressif et un épisode maniaque ou hypomaniaque (moins grave qu'un épisode maniaque).
Le diagnostic est souvent posé avec un délai de plusieurs années après l'apparition des premiers symptômes, ce qui peut retarder la mise en place d'un traitement adapté.
Quelques idées reçues sur les troubles bipolaires
« Les personnes bipolaires sont toujours dans un excès ou dans l'autre »...
EN FAIT : les périodes maniaques ou dépressives sont entrecoupées de longues périodes de rémission pendant lesquelles la personne va bien.
« Les personnes bipolaires sont une charge pour la société »...
EN FAIT : Beaucoup de personnes bipolaires travaillent. Certaines font preuve d'une grande créativité. Parmi les exemples célèbres : Issac Newton, Virginia Wolf, Frédéric Chopin ou Winston Churchill.
Comment traiter les troubles bipolaires
Le recours aux médicaments
Pour le traitement des troubles bipolaires, l'équipe médicale prescrit le plus souvent des stabilisants de l'humeur, dits aussi régulateurs, thymorégulateurs ou normothymiques. Ces médicaments psychotropes sont utilisés afin de prévenir les récidives d'épisodes dépressifs ou maniaques.
Le lithium est le stabilisateur de l'humeur de référence, généralement proposé en premier. Sa concentration dans le sang est à surveiller régulièrement pour éviter les surdoses aux conséquences parfois graves. Son association avec certains autres médicaments est à éviter.
Certains antiépileptiques sont aussi utilisés pour leur effet stabilisant de l'humeur : le valproate de sodium (Depakine® ou autres), le valpromide (Depamide®) - deux dérivés de l'acide valproïque - la carbamazépine (Tegretol® ou autres) et la lamotrigine (Lacmital® ou autres).
Une association de plusieurs stabilisants de l'humeur est parfois utilisée. En cas de symptômes persistants, on peut ajouter un neuroleptique.
Tous les médicaments psychotropes peuvent causer des effets indésirables, souvent peu gênants, certains rares mais graves. Les détecter permet souvent d'en limiter les conséquences. Certaines précautions permettent d'en éviter beaucoup, en particulier en limitant les associations avec d'autres médicaments.
Virage maniaque, prudence
Lors des accès dépressifs, la prise d'un médicament antidépresseur peut être envisagée mais avec prudence, car elle risque de déclencher un accès maniaque. On appelle ce changement d'humeur brusque un « virage maniaque ».
Des précautions particulières avec les médicaments
Femme enceinte ou désirant l'être : les dérivés de l'acide valproïque (Depakine®, Depamide®ou autres), le lithium et la carbamazépine exposent l'enfant à naître à des malformations et divers autres troubles : d'autres options thérapeutiques sont possibles. Une contraception efficace est nécessaire pendant le traitement. La lamotrigine (Lamictal® ou autres) nécessite des précautions particulières.
Personne âgée : les posologies des médicaments doivent être adaptées à l'état cardio-vasculaire, cognitif, rénal et hépatique. La personne âgée est plus sensible aux effets indésirables et nécessite souvent des posologies plus faibles que celles utilisées habituellement.
Le soutien par une psychothérapie
Le traitement ne se résume pas aux médicaments. Ceux-ci peuvent nous aider dans notre parcours de rétablissement, en soulageant les symptômes qui nous submergent. La psychothérapie, elle, améliore le vécu du trouble et permet de faire face à ses conséquences dans le quotidien. Elle nous aide à comprendre le trouble, à identifier suffisamment tôt les signes d'une éventuelle rechute, à surmonter les symptômes qui peuvent persister en dépit du suivi.
Le choix du type de psychothérapie dépend de nos attentes et de la recommandation de l'équipe médicale. Il peut être orienté, ou limité, par l'offre de psychothérapie existant autour de chez nous. Il existe différentes formes de psychothérapies dont nous pouvons bénéficier, cognitivo-comportementale, systémique, de groupe, analytique, etc.
Suivre un programme d'éducation thérapeutique
Les programmes de psychoéducation, également appelés éducation thérapeutique du patient (ETP), aident la personne à connaître sa maladie, prévenir les rechutes et les complications évitables.
Ils proposent une information adaptée, améliorent la compréhension des traitements et de leurs effets indésirables éventuels. Ils développent les capacités d'auto-surveillance et de meilleures aptitudes à la gestion des facteurs de stress, par exemple des périodes d'activité professionnelle particulièrement intenses, ou la survenue d'un événements douloureux.
S'aider par soi-même
Si le recours au soin est souvent indispensable en cas de trouble bipolaire, nous pouvons aussi développer des ressources personnelles qui peuvent nous aider à aller mieux. Nous pouvons par exemple porter attention à nos rythmes de sommeil et à notre alimentation, limiter notre consommation d'alcool, de médicaments anxiolytiques ou de substances psychotropes (cannabis, autres drogues). Nous pouvons pratiquer une activité physique que nous aimons, ou éventuellement la relaxation ou la méditation.
Échanger avec des personnes vivant ou ayant vécu des troubles bipolaires peut apporter un grand soutien. On peut le faire en rejoignant un groupe d'entraide mutuelle (GEM), une association de patients et de proches, un groupe de paroles ou un forum de discussion sur internet.
Vivre avec une personne concernée par un trouble bipolaire
L'entourage peut apporter un soutien essentiel dans les moments difficiles, même si son rôle n'est pas de se substituer au médecin ou au psychothérapeute.
Ce soutien peut notamment consister à :
Repérer les signes d'une dépression ou d'une phase maniaque chez un proche et lui en parler
Aider son proche à chercher de l'aide, à consulter un professionnel et, si besoin, à suivre le traitement prescrit
Soutenir son proche dans les activités du quotidien
Évoquer ouvertement les idées de suicide s'il y a lieu, afin de l'encourager dans sa recherche d'aide.
L'entourage peut trouver du soutien pour lui-même auprès d'associations de personnes vivant avec des troubles psychiques et de leurs proches.
D'AUTRES RESSOURCES SUR LES TROUBLES BIPOLAIRES
Cet article a été écrit par Psycom à partir de sa brochure Troubles bipolaires.
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=484253079412911&id=1495757860728835
Replay du Live de Bipolaire On Air du 30 mars 2021 au cours duquel nous avions parlé de bipolarité à l'occasion de la Journée mondiale des troubles bipolaires !
N.B. Passez le premier quart d'heure car nous avions laissé tourner la caméra après le test son jusqu'à l'heure dite à 18h30.
En assistant au direct, de nombreux internautes avaient pu poser des questions aux conférenciers qui avaient répondu à diverses interrogations.
Lien à l'événement sur la page Facebook du CLSM Strasbourg Eurométropole
Résumé
Le 30 mars à l'occasion de la Journée mondiale des troubles bipolaires
Je prendrai la parole publiquement pour parler des troubles bipolaires et montrer que toute ma vie n'a pas été en vain et pour aider d'autres personnes à avancer plus vite.
J'ai à coeur de montrer les problématiques sous un autre angle : celui du rétablissement et du chemin parcouru. L'envie de mieux faire connaître le vécu de ces troubles pour agir sur les regards négatifs portés sur les troubles psychiques et les personnes qui en souffrent.
Bipolaire On Air
Description de l'événement :
Facebook live organisé par Bipolaire On Air en partenariat étroit avec le Conseil Local de Santé Mentale de Strasbourg-Eurométropole. Conférence-débat organisée dans le cadre de la Journée mondiale des troubles bipolaires.
La conférence débat verra les interventions de Mme Agnès READING, co-fondatrice de Bipolaire On Air avec Millie READING, du Docteur Alexandre FELTZ, Président du CLSM de Strasbourg-Eurométropole et Adjoint au Maire de la Ville de Strasbourg ainsi que du Professeur Gilles BERTSCHY, Chef du Pôle de psychiatrie adulte des Hopitaux Universitaires de Strasbourg. Les regards croisés des trois intervenants, chacun dans leur domaine d'expertise permettront de nourrir utilement le débat sur la bipolarité, une maladie encore très méconnue du grand public et qui pourtant affecte un très grand nombre de français.
https://www.facebook.com/CLSMStras/videos/484253079412911/
@MARead merci pour ton transfert d'infos. Pour ma part, je connais déjà tout ça. Et je sais qu'il y a pas mal de choses qui se font.
Il y a par exemple l'Association Argos 2001 Personnes bipolaires et proches qui organise des conférences visibles sur utube, très intéressantes.
Il y a une étude de cohorte de la Fondation Fondamentale, des publications des avancées de la recherche...
Mais tout cela ne réponds pas à toutes les questions que j'ai posé plus haut, qui sont sur un autre angle de vue. Mais peut-être suis-je idéaliste, utopiste... mais je suis avant tout philocognitif, et j'aime penser autrement...
Salut @Asti
Je comprends ton point de vue et ton amertume.
Mes troubles bipolaires sont apparus à l'adolescence : prises de risques avec des voitures de rallye, hypersexualité débordante, dépression, puis à 20 ans, je pilotais des avions en état maniaque et j'ai subi un viol qui m'a fait plonger grave.
Ensuite je suis partie en Angleterre pendant 11 ans. Là-bas, tout le monde buvait et faisait les fous, concerts punk et tout ce qui va avec alors mes états maniaques me paraissaient normals.
Je me suis mariée, j'ai eu deux filles et j'ai vécu des dépressions post-partum terribles.
Je travaillais pour Eurotunnel à Londres.
En 1993, on a déménagé à Strasbourg car j'avais obtenu un poste dans une organisation internationale.
À cette époque, j'ai vraiment fait n'importe quoi, sorties alcoolisées, et j'en passe car c'est trop intime. Graves traumatismes.
J'ai perdu mon père adoptif en 1999 à 40 ans et j'ai du être hospitalisée en HP pour la première fois.
S'en sont suivis des alternances d'euphorie extrême et de dépressions profondes.
En 2006, ma mère qui vivait dans un village de la région bordelaise a été retrouvée morte dans sa chambre d'hôpital en HP. J'ai de nouveau plongé.
Ma fille aînée faisait ses études en Angleterre et à 20 ans elle a fait une bouffée délirante aigüe. On a failli la perdre car la famille de mon mari ne l'a pas fait hospitaliser. J'ai du la rapatrier à Strasbourg. Errance diagnostique jusqu'en 2015 lorsqu'on nous a annoncé qu'elle souffrait de troubles bipolaires. Jusque là, elle avait vécu comme moi des montées et descentes mais les médecins étaient hésitants. Elle a été hospitalisée à de nombreuses reprises.
En 2015, j'ai consulté un spécialiste à l'hôpital psychiatrique qui m'a diagnostiqué un trouble bipolaire également.
J'ai donc passé ma vie jusqu'à ce jour-là sans savoir et sans médicaments appropriés.
Cela a pris du temps pour trouver le bon antipsychotique et le bon dosage.
J'ai suivi des cours de psychoéducation pour apprendre à détecter les signes éventuels de crises.
Je fais très attention à l'alcool, à mon sommeil, à mon alimentation et je marche tous les jours.
Ma fille a eu un petit garçon le 4 avril en pleine pandémie alors qu'elle était en HP depuis des mois à l'unité mère-nourrisson et pas droit aux visites. Je n'ai pu la voir qu'en septembre.
Ils ont enfin trouvé le bon médicament et elle est stabilisée.
Voilà j'espère que tu comprends un peu mieux.
Les troubles bipolaires ne se guérissent pas mais on peut gérer et être stabilisé avec le bon psy, le bon médicament, une bonne hygiène de vie et un entourage bienveillant.
Mon mariage a explosé en 2017. J'ai été mise en invalidité et sous curatelle renforcée pendant 5 ans.
J'ai beaucoup souffert et je me consacre désormais à l'information sur les troubles bipolaires et à la déstigmatisation des troubles psychiques à travers ma page Facebook Bipolaire On Air.
Et je fais partie du groupe de travail à Strasbourg pour la création de la première Maison de la Santé Mentale !
Oui @Asti Argos 2001, la Fondation FondaMental et l'UNAFAM oeuvrent en santé mentale pour soutenir les familles et les patients. Sinon Psycom est une bonne source d'informations.
J'espère avoir répondu à tes questions quant au déclenchement de ma bipolarité ?
Les déclencheurs peuvent être un grand stress, un traumatisme violent, la prise de substances, un deuil, une peine d'amour ou autres circonstances de la vie impactant les émotions.
Si tout ça se greffe sur un terrain familial touché par la maladie mentale, c'est une bombe à retardement.
Il y a également des facteurs neurobiologiques qui jouent, un déséquilibre aux niveau des neurotransmetteurs d'où l'intérêt de prendre des régulateurs d'humeur de type lithium ou quétiapine, etc.
Tes arguments sont valables. Tout ce que tu as cité peut aider à vivre mieux.
Néanmoins, la psychothérapie et l'observance du traitement est essentielle. La méditation et le yoga seuls ne suffiront pas à enrayer une crise maniaque ou une dépression.
Et non, les psychiatres ne font pas que poser un diagnostic et prescrire des neuroleptiques. Tout un système de prise en charge se met en place : psychothérapie en libéral, hôpital de jour, CMP, travailleurs sociaux. L'hôpital psychiatrique est là pour apaiser les crises aigües.
Est-ce que tu as d'autres questions ?
Sur l'univers psychiatrique, je vous conseille ce merveilleux livre au sujet duquel j'ai écrit une petite critique.
À la folie de Joy Sorman | Critique
MARead
le 16 mai 2021 à 01:29
Ce livre est issu de journées passées dans deux unités psychiatriques quelque part en France ; tous les noms des patients comme des soignants ont été modifiés.
Ce livre de Joy Sorman m'a surpris par sa bienveillance à l'égard des fous comme elle les appelle mais aussi à l'égard de tout le personnel de l'hôpital psychiatrique qui se sont confiés à elle. Ce livre prend la forme d'un reportage en immersion dans lequel l'auteur essaie de garder ses distances avec pudeur même si l'on ressent son attachement à tous les résidents, aux soignants et à tous ceux qui travaillent au Pavillon 4B.
On croise Franck le Loup-Garou, Maria l'Ensorcelleuse, Youssef le Mélancolique, Julia la Persécutée, Bilal en SPT, Robert le Doyen, 35 ans de maison, une personne adhésive, débordé par la colère, Esther la Rescapée d'une secte, Arthur le Dépressif profond, Lucette en burn-out, Adèle en proie à ses délires de persécution, Jessica la Star du 4B, connue pour ses frasques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, qui rentre et sort sans cesse confrontée à la violence du dehors mais déchaînée elle-même; Jessica qui préfère tout de même l'hôpital, Stéphanie Bipolaire qui trouve difficile d'assumer son rôle de mère et son travail, Thérèse, 82 ans perdue après la mort de son compagnon, mais qui n'entend pas mourir, José retrouvé perdu et délirant, Fatima la Dépressive qui aime la lenteur, Viviane l'Exaltée en proie à des délires mystiques, Igor l'Ukrainien qui a fait des TS à répétition, Pauline et Megan, elles aussi jeunes suicidaires, Jacques le SDRE, l'enragé, interné d'office par l'État pour délits sexuels, furieux d'être psychiatrisé. Le personnel se demande si un internement en prison qu'il réclame, serait peut-être finalement mieux pour éteindre sa rage...
Tous des fracassés de la vie, des naufragés, chacun avec une histoire de vie lourde de douleur que Joy Sorman côtoie, écoute, observe, avec lesquels elle échange quelques bribes de phrases. Tous s'accrochent à la vie malgré les traitements puissants qui cassent, la chambre d'isolement qui rend fou, les mornes journées d'enfermement sans fin, la solitude car la famille les a abandonnés.
Et puis, et c'est là que ce livre m'a étonné, on croise aussi tous les autres qui sont là pour soigner, parer aux crises, assurer le bon ordre, essayer de soulager la souffrance, pris entre désir de bien faire et les injonctions des gestionnaires de faire des économies et du rendement.
Miguel, le cadre de santé, qui se désole du retour massif de la médicalisation et de l'obsession de réduction des coûts et des effectifs...
On fait la connaissance de Barnabé, chaleureux infirmier qui désamorce les crises avec beaucoup d'empathie et de douceur alors que d'autres, envahis par la peur, choisiront l'injection ou l'isolement.
Adrienne, l'ASH, qui, elle aussi, se sent proche de "ses" patients, et se glisse volontiers dans un rôle d'aide-soignante, malgré l'interdiction. Elle devient la confidente de ces êtres perdus en mal d'amour. Adrienne se sent solidaire car elle vient du même monde, celui des prolétaires car à l'hôpital psychiatrique, ce sont surtout les pauvres qui se retrouvent là.
Léa, la jeune interne, qui elle, s'applique scrupuleusement à utiliser le jargon médical dans ses rapports d'entretien.
Fabrice, fils et petit-fils d'infirmiers, 40 ans de métier, voué corps et âme, aux jeunes schizophrènes désabusés et suicidaires.
Claudine et Anita, vacataires, 40 années de pratique, payées 12 € de l'heure, mais qui conservent malgré tout une certaine gaieté et une écoute sincère.
Catherine qui regrette le temps des sorties en forêt et au cinéma et qui a assisté à la réintroduction des fous dans la ville, l'ambulatoire qui, selon elle, ne marche pas, par manque d'investissement et de personnel, CMP et travailleurs sociaux débordés. Et puis, comme dit, être relâché sans travail, sans famille ni amis après des années d'enfermement, ça peut susciter la terreur et un sentiment d'abandon. L'hôpital, c'est un peu la famille !
Colette, l'ergothérapeute, qui en a vu des oeuvres effrayantes depuis le temps où elle travaillait à la Prison de la Santé. Mais Colette continue de faire de la pâte à modeler avec Robert, du tricot avec Maria, du dessin avec Franck.
Selon Joy Sorman, Eva est la plus désabusée des médecins du service et aussi la plus empathique... Elle est découragée de devoir prendre en charge ceux que la société, selon elle, a rendu malades. Agacée de devoir croiser ses fichiers avec la Justice. Pour Eva, la parole a perdu la bataille au profit de la psychopharma et des neurosciences. Le DSM recensait 60 pathologies dans les années 50 et en décompte aujourd'hui 450 ! Pour elle ce délire classificatoire engendre une surmédicalisation.
Danièle, la psychologue, clinicienne de la parole, qui défend plutôt les vertus du silence, car les grands psychotiques préfèrent qu'on leur foute la paix.
Joy Sorman nous décrit aussi la mélancolie du médecin-chef, lui aussi découragé. Il n'en veut plus de ce pouvoir de mater la folie, de cette délégation des juges et de la société de la préserver de ses agitateurs tout en exigeant qu'ils ne menace pas les libertés individuelles, pris en étau entre liberté et sécurité...
Joy Sorman entend que l'Hôpital va mal, que la société se débarrasse de ses fous et que les neuroleptiques ont certes remplacé la lobotomie mais en ont fait des zombies. SDRE et HDT entraînent des placements d'office aussi efficaces qu'un enfermement pénal.
Joy Sorman nous parle de Pinel qui libéra les fous à la fin du XVIIIe siècle par le travail, l'ordre, l'obéissance et l'autorité, d'Esquirol qui croyait en la froideur du médecin face à la volonté déchaînée de l'insensé. Mais l'auteur aborde des sujets contemporains et dans l'air du temps, l'AI en psychiatrie ! Les applications sur un simple téléphone portable qui récupèrent et traitent tout un tas de données sur nos comportements, nos émotions pour les convertir en algorithmes, les transformer en marqueurs psychiques, débusquer les fragilités et coder en permanence.
Elle termine son analyse sociologique par les "communautés de fous" sur les réseaux sociaux qui s'organisent collectivement hors de l'Hôpital pour vivre ensemble la souffrance, faire bloc, s'entraider, se défendre, et d'en concevoir une certaine fierté, de revendiquer son statut de "fou" ! Et là, je pense bien sûr, à ma propre Page Facebook Bipolaire On Air !
Un livre profondément humain, un éclairage définitivement original, qui plongera le lecteur dans un monde qui lui est étranger, invitant à la compassion. Tous ceux qui comme moi ont connu de nombreuses hospitalisations et qui seront surpris non pas tant par les délires des uns et des autres mais par la profonde mélancolie des soignants et probablement rassurés par le dévouement de certains...
Auteur de la critique : Bipolaire On Air
#psychiatrie #joysorman
???
Citation
citation :
« Est-ce que Franck est guéri, même provisoirement ? Je pose la question et le médecin-chef répond qu'on ne soigne pas la folie, à la rigueur la souffrance, qu'on en calme les manifestations, qu'on maîtrise les hallucinations et les troubles du comportement avec quelques molécules, qu'on ne guérit jamais les fous très fous mais qu'on peut toujours rester dans les parages - le choix de l'outil thérapeutique étant toujours bien moins important que la personne du thérapeute -, que la psychiatrie n'est pas une science, plutôt du bricolage, et qu'on se contente d'interpréter des signes - on évalue le patient, on établit un lien, on le recadre s'il déborde, on le stabilise. Depuis qu'on a découvert les neuroleptiques dans les années cinquante il n'y a plus eu de grandes découvertes en psychiatrie, on est toujours avec nos cachets, du temps et de la parole - il ne précise pas que de moins en moins de temps et de plus en plus de chimie. »
???
Joy Sorman
À la folie
« Ce jour-là j'ai compris ce qui me troublait. Peut-être moins le spectacle de la douleur, de la déraison, du dénuement, que cette lutte qui ne s'éteint jamais, au bout d'un an comme de vingt, en dépit des traitements qui érodent la volonté et du sens de la défaite, ça ne meurt jamais, c'est la vie qui insiste, dont on ne vient jamais à bout malgré la chambre d'isolement et les injections à haute dose. Tous refusent, contestent, récusent, aucune folie ne les éloigne définitivement de cet élan-là. »
Durant toute une année, Joy Sorman s'est rendue au pavillon 4B d'un hôpital psychiatrique et y a recueilli les paroles de ceux que l'on dit fous et de leurs soignants. De ces hommes et de ces femmes aux existences abîmées, l'auteure a fait un livre dont Franck, Maria, Catherine, Youcef, Barnabé et Robert sont les inoubliables personnages. À la folie est le roman de leur vie enfermée.
Hors collection - Littérature française
Paru le 03/02/2021
Genre : Littérature française
288 pages - 138 x 210 mm Broché
EAN : 9782080235336
ISBN : 9782080235336
https://editions.flammarion.com/a-la-folie/9782080235336
@MARead merci beaucoup de toutes ces infos, et je partage ton point de vue...
un seul point m'a interpellé (je ne le voyait pas ainsi ! ) et je veux donc bien plus d'infos : l'hypersensiblité qui serait systématiqueemnt associée à la bipolarité... peux tu m'en dire plus ? car cela ne confirme à priori pas mon experience clinique...
sinon je partage nottamment ton point de vue que face à une bipolarité avérée les traitements alternatifs et complémentaires (dont hygiene de vie, psychothérapie, etc...) peuvent ne pas suffir sauf en periode stable... j'ai parfois "remis en cause" des diagnostics psychiatriques quant la psychothérapie seule, la connaissance du patient de lui meme et son savoir-faire, suffisait à réguler les accès maniaques ou depressifs...un psychiatre avec lequel je travaillais à un moment parler parfois de "coloration bipolaire" avec des patients pour lesquels il avait des suspissions...
@Asti je comprends et partage tous tes questionnements....je trouve interessant de toujours pouvoir considérer la maladie psychiatrique comme un passage et les traitements médicamenteux comme ponctuels et non à vie...mais selon moi, les traitements sont parfois et malheusement l'unique solution à une moins grande souffrance...
je pense comme vous, que l'usage des critères diagnostics DSM ou CIM non étayée par de la clinique favorise les erreurs de diagnostic...
et enfin la psychiatrie, comme tout ce qui touche à l'humain, est un domaine complexe...en mode kaleidoscope... parfois nous sommes face à des tableaux cliniques qui mélangent les pathologies : exemple une bipolarité avec des traits parnoaiques importants qui pourront décompenser sur cette modalité....il y'a des tableaux francs mais aussi des tableaux cliniques plus confus....
L'hypersensibilité n'est associée à rien du tout, tu peux être NT et hypersensible, bipolaire et hypersensible, schyzophrène et hypersensible, autiste et hypersensible. L'hypersensibilité définit juste que par rapport à la norme, tu es plus sensible aux émotions des autres, que tu auras moins de facilités pour te contrôler ou ne pas ruminer, pour passer à autre chose, etc...
👍
La construction de l'identité, de la personnalité est une association patchwork d'éléments divers et variés.
Chaque élément a une puissance de zéro à dix. Il suffit de choisir d'associer les justes mesures pour trouver l'équilibre.
Mais c'est excitant de jouer dans les extrêmes. Hypersensible et bipo çà m'avait bien été. Le temps d'un été.
On est tous animé d'un courant alternatif,
Le continu normatif c'est plutôt ringard au jour d' aujourd'hui.
Le 100 000 volts alternatif c'est plus mon truc à moi.
😇
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