- Accueil
- Forums
- la communauté : Témoignages
- 1° anniversaire.
J'ai plein de trucs à dire mais je suis crevé, désolé d'avance si c'est un peu confu et aussi pour les fautes, j'vais pas trop faire gaffe.
Un petit témoignage après un an de la découverte de ma douance (à cinquante balais quand même, il était temps). Jamais je n'aurais imaginé ça. Mais bon, aujourd'hui, même sans être 'officiellement' décelé, il n'y a plus aucun doute. (Aujourd'hui j'ai écouté 4 heures et demi de "Comment je vois le monde" d'Einstein tout en jouant seul au scrabble (768 points). Ça faisait un temps que ça me manquait ce genre de bon moment, je vais enfin bien dormir.)
Avant cette révélation, j'ai épluché la littérature psycho-machin pour essayer de me comprendre, du coup j'en connais un rayon sur les troubles mentaux et les différentes thérapies (anti-psychiatrie, psychothérapie institutionnelle, systémique). En particulier sur la schizophrénie. J'ai écrit il y a quelques temps un roman sous-titré "schizophrénie volontaire".
J'y mettais en scène un hôpital psy autogéré où les personnages sont des incarnations de plusieurs de mes reflets, de mes différents penchants.
N'empêche, ça ne m'a pas étonné plus que ça, c'était plus un soulagement, un "ah, c'était donc ça !". J'ai donc vu toutes les vidéos youtube sur le sujet (enfin j'ai l'impression). Ces gens parlent de moi, dis donc ! C'est hallucinant le regard qu'on peut avoir sur son passé avec ce nouveau prisme. Et sur soi et son avenir, du coup.
C'est Carlos Tinoco qui me parle le plus, qui parle à mon ventre. Alors j'ai lu ces deux bouquins (le deuxième co-écrit) et j'attends le prochain avec impatience. Ces gens sont d'une érudition a coupé le souffle. Et la philosophie politique sous-jacente, c'est de la tuerie. Illes confirment tellement et avec brio pas mal de mes intuitions dont je n'aurais jamais trouvé les mots. Je suis fan. Pas seulement ses explications sur l'écart entre atypiques et typiques, sur ce qu'est l'intelligence. Enfin un mec qui a tout compris et qui nous l'enseigne brillamment. Le coup de tout voir par le prisme "incapable d'adhérer bêtement aux récits collectifs" est un éclairage saisissant. À nous de nous construire un récit singulier et de trouver un propre sens aux choses. Les fameuses rayures différentes pour chaque zèbre.
Avant (putain , y a un avant et un après, avec le recul c'est un choc, en vrai), avant donc, je savais bien que j'étais plus malin que la moyenne, que j'avais du mal avec le monde et la normalité, que ma sensibilité était exacerbée, que la turbine ne s'arrêtait jamais, que je suis capable de tant de chose, etc. Je peux enfin y mettre des mots, c'est rassurant (multi-potentiel me caractérise tellement, j'imagine et mes mains suivent). Je me doutais bien que je ne pouvais pas être le seul mais ça y est, il existe une case où on peut me ranger avec d'autres. Enfin. J'aime pas les cases, hein, c'est pas ça. Et la nôtre est un vaste monde rempli de singularités.
Je pensais que ma timidité maladive était due à la castration psychique par ma mère, c'est sans doute un mélange des deux. Je pensais que mon intelligence était due à mon éducation au sens large, à mon éveil dans une famille nombreuse, instruite et communicative. Que ma sensibilité aussi d'ailleurs. Et j'ai dû me forger une carapace (euphémisme) pour éviter les railleries de la fraterie. Cela faisait des dizaines d'années (trente-cinq, quarante ans) que je n'avais plus pleuré. Et j'ai totalement craqué en regardant un reportage sur les enfants précoces de la RTS. J'ai pleuré comme une madeleine, quel soulagement, quelle libération.
Je pensais que si je savais tout faire à ce point, m'intéressais à tous, c'était aussi l'héritage d'être si bien entouré petit. Quand on me demande ce que je sais faire, je me dis que ça irait plus vite de me demander ce que je ne sais pas faire.
Et ma curiosité aussi, poussée par ma mère à l'éveil et à la culture. Je devais devenir quelqu'un. (j'ai retrouvé des points commun avec la mère de Romain Gary dans "La promesse de l'aube". Excellente adaptation réalisée par Eric Barbier avec Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney, d'ailleurs).
Je suis devenu quelqu'un, certes, mais pas ce à quoi elle s'attendait. Ce qu'elle peut être déçu par mes choix de vie (si tant est que ce soit des choix). Non, je ne deviendrais pas célèbre, je ne serais pas un grand théâtreux (j'étais parti pour), je ne deviendrais pas un grand homme politique (elle m'en a dégouté, cette républicaine radicale), j'ai milité pas mal ado, contre le racisme, tout ça, la bonne conscience de gauche au service des opprimés. J'ai préféré ma liberté, et je m'en suis bien servi.
Les opprimés sont les seuls à pouvoir se libérer. "Si tant est que l'on peut être libéré par quelqu'un d'autre, alors on devient son esclave" (G.Groddeck à propos des psychanalystes, "le médecin est une béquille, une béquille libère-t-elle ?")
Pendant un moment, je portais un badge "i love my brains". Parce que même si un cerveau aussi foisonnant peut-être fatiguant (euphémisme), c'est quand même vachement pratique (c'est mon côté pragmatique, tête en l'air, pieds sur terre). "Le monde est dans ta tête d'abord, ensuite est dans tes mains" (Morice Benin).
Mon côté caméléon aussi j'en parlais, je prenais ça pour juste pour une capacité d'adaptation absolue due à mon enfance. Alors que c'est quand même du faux-self. Mais tous les gens normaux sont dans un faux-self, tenter d'être normal, c'est abdiqué sa propre personnalité. Du coup, la marginalité nous permettait d'être nous-même un minimum. Et j'ai traîné avec pas mal de bandes de cinglés. Qu'est-ce que c'est bon de ne pas être jugé et d'être pris pour ce qu'on est.
Je suis hyper-sociable, ça fait halluciner mes potes, je peux être bien avec vraiment plein de gens différents, de tous milieux sociaux, tout âge, etc. Je peux parler politique avec des beaufs dans un PMU et ça part jamais en vrille, ils sont scotchés par mon audace et mon écoute.
Un jour, j'ai indiqué à ma mère qu'on m'avait dit plusieurs fois qu'il suffit que je rentre dans une pièce pour que les arrogants se calment et les timides se ragaillardisent. Elle m'a répondu que mon grand-père était comme ça. Bon, c'est de famille.
D'ailleurs j'en ai pas parlé à grand monde (trois personnes en tout, j'étais bourré. mais pas à n'importe qui n'ont plus). Encore moins à ma famille. Serais-je le seul dans le tas ? En tout cas, c'est une bonne bande de tarés, au sens noble (mouais, c'est vite dit. Ma frangine bipolaire en chie bien comme il faut, c'est elle qui cristalise tout le mal être dont on a hérité. Et ma mère finit sa vie dans une bonne grosse dépression, mais comme elle a pas le courage de suicider... J'ai toujours considéré le suicide comme une option tout ce qu'il y a de plus rationnel).
Par contre, dès qu'une fille que j'aime bien s'approche un peu trop près, je me transforme en escargot, slourps. (Une fille m'appelait comme ça). J'vais pas trop gloser là-dessus. J'ai eu des périodes beaucoup plus détendu à ce propos mais là ...
Même si ma vivacité d'esprit, ma mémoire, ma culture, ma façon de trouver des solutions efficaces rapidement épatent beaucoup de monde, je crois que c'est mon intelligence émotionnelle qui surpasse tout. On me demande parfois où je cache mes antennes. Je serais HPE ? Pff, à quoi bon catégoriser encore plus.
Je pense bien aller voir un psy dans pas longtemps mais ça m'étonnerait que je demande un test, je m'en fous un peu. J'y vais pas pour ça à la base mais ça viendra sur le tapis, évidemment. Je suis pauvre, du coup je vais aller voir dans un CMP, ils sont issus du Réseau International Alternative à la Psychiatrie. Je leur fait à priori confiance. Je vous dirais quoi. D'ailleurs j'intégrerai bien cette thérapie dans mon prochain roman. Ça sera axé (enfin cet aspect), sur la psychosomatique puisque j'y vais avant tout pour mes problèmes de dos. Ça risque d'être sacrément riche.
J'ai passé une bonne soirée, moi, merci à vous d'exister.
Bon, j'ai le ciboulot qui dégouline. J'vais tenter de faire de beaux rêves.
Je vous souhaite de même.
un petit P.S. : à propos des adaptations des romans de Gary, vient de sortir "La vie devant soi" avec Sophia Loren, je vous le déconseille, ultra-décevant. Alors qu'il existe un petit chef d'oeuvre de 1977 par Moshe Mizrahi avec Simone Signoret. Là ça tue.
Ahh les fils de discussions postés après minuit sont toujours intéressants. 😀
J'ai l'impression que tu t'es enfin trouvé 👍 Reste plus qu'à vivre.
Ton post aidera sûrement pas mal de lecteurs discret qui n'osent pas s'exprimer ici.
Pour eux, merci. 👍
Coucou, j'adore ta prose! Je veux bien en lire plus, et bienvenue chez toi! 😄 😄 😄
@Bouhh et tu me rappelles que la semaine prochaine c'est le premier anniversaire de mon annonce diagnostic thqi- autisme 😉 😉
Oui @Bouhh, toujours très agréable à lire... Et merci pour ce témoignage vraiment enrichissant!
c'est chouette de pouvoir sortir ça, je ne suis pas étonné que tu sois hyper-sociable. Comme pour toi, peu de gens de mon entourage sont au courant. Et oui on s'en moque de catégoriser hpe hpi ... je préfère même ranger ça dans l'intime, ça ne regarde que soi.
Merci pour le partage
@Leon71 merci pour le retour. Ce site est un formidable outil si tu as besoin de sortir le trop plein, de partager ce que tu veux et même de rigoler avec des rigolos. Ça fait du bien. Bienvenu.
@Bouhh.
Salut. Pourquoi as tu nommé ton topic 1er anniversaire ? C'est un peu comme une renaissance pour toi ?
En tout cas je te sens bien vers la sortie du tunnel. Bon courage par la suite. 🙂
@Sebunken Bonne question. Au départ c'est parce que ça fait un an, c'est un annif. Mais inconsciemment pour parler de renaissance ? C'est possible. Mais j'ai l'habitude, j'ai déjà vécu plusieurs vies, plusieurs bifurcations dans le tunnel.
Il te faut t'enregistrer sur le site pour participer aux forums.
Rejoins-nous vite !