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- L'impôt de la fixité
Il voulut s'exclamer et crier au monde entier qu'il était vivant, que son esprit était grand, haut, empli de connaissances, mais il n'arrivait pas à l'exprimer, à l'illustrer, ni même à le représenter,
L'écart était gigantesque, la muraille était d'une verticalité monumentale, arrivant presque à toucher le ciel,
Il voulut grimper ce qui ressemblait à la plus grande montagne de l'humanité, à ses yeux, et le coeur serré, et l'esprit angoissé, il savait qu'il ne voulait pas faire machine arrière, alors il s'élança, et décida d'escalader le Mont.
Dans sa tentative audacieuse, et fantasque, il ne parvenait toujours pas à exprimer spontanément son développement, il se perdait peu à peu, il continuait d'avancer sans avoir la possibilité de briser les chaînes de son mutisme,
Dans son parcours, il se blessait, saignait, se lamentait, et commençait à s'avouer vaincu.
Au sommet du mont, il pouvait apercevoir les élites, les quolibets, les railleurs, dont les rires s'intensifiaient, puis il se demanda : "Pourquoi suis-je incapable de concevoir cette loi implacable de la nature ? attribuant les glaives faits de platines aux ignobles, la joie de voir, d'observer le spectacle du polichinelle, se dandiner, s'agrippant au moindre cailloux, s'arrachant peu à peu les ongles des doigts, en étant lui-même indolent à sa propre activité dans la séquence qui suit ?"
Les aisés regardaient le solitaire étrange, l'air narquois et dédaigneux, se demandant : "que fait-il ? Il n'est pas dans la liste des valides, il devrait renoncer, c'est d'une tristesse, d'une impertinence, d'une bêtise congénital, il souille notre blason, notre drapeau, et notre grande nation, il doit être réprimé !"
L'être continua sa longue et périlleuse montée, meurtrie par les épées induits de poisons au bout des lames, pleuvant sur lui, l'abat des arcs, tirant les flèches, atteignant directement son coeur et son âme, mais l'être tenait le coup, et continua, et pensait toujours qu'il était capable d'atteindre la dimension expansive, large, et spacieuse qui l'attendait.
Il se disait naïvement : "si les moqueurs en sont capables, pourquoi ce ne serait pas le cas pour moi ? Je dois être plus raisonné, plus concentré, plus attentif, mon esprit critique doit être plus aiguisé, je dois me forger, me solidifier, me transformer, mais comment...peut-être en les imitant..."
Il se décida à grimper, la souffrance étant sa compagne, mais cette fois en agissant par mimétisme, et en recopiant la face de ses oppresseurs, il monta, et riait de lui, il monta, et tentait de dissimuler son mal, il monta, et se disait que c'étais un jeu d'enfant, et voulut faire montre d'une énergie potentielle inébranlable, mais continuant piteusement à grimper, en prenant appuie d'un rocher à l'autre, ses yeux se mît à le brûler, car son désir était immense, intense et débordant, jaillissant de ces deux yeux une marée de larmes, à la couleur de son amertume, rouge vif et écarlate...
Pourquoi s'entêtais t-il à vouloir prouver aux effrontés qu'il était capable de se transcender, et d'émerger du vivier de la barbarie, de l'insanité, ainsi que de l'inanité, afin d'atteindre le degré de niveau de l'excellence, et de la grâce, et du pouvoir régissant les fonctionnalités des institutions, de l'état, de la politique, et du système hégémonique ?
L'être commença à s'épuiser dans son enthousiaste acheminement, il parvenait toujours à voir les sobriquets rire de lui, ainsi, il se mettait à rire de sa personne, mais tout en exagérant et se faisant le pitre des "braves gens",
Et au lieu de poursuivre son intrépide aventure vers le haut, il ne se rendit pas compte qu'il ne faisait que glisser vers le bas de la falaise, du mur gigantesque, par effet de fatigue.
Les pauvres, les ridicules, les animaux, et les arbres n'approchaient pas, mais lui, dans son grand orgueil, et son grand et pathétique misérabilisme, s'évertuait à montrer aux adversaires qu'il était un gagnant, qu'il voulait le hurler du haut du ciel, de prendre le nuage en main, et en faire tomber la pluie, arrêter les incendies, remplir le ventre des animaux affamés, déplacer le soleil et revitaliser la terre, rendre abondant les arbres en fruits et en recoltes, donner la chance aux fleurs de pouvoir éclore, sans qu'elles soient dispensées de l'énergie que prodigue le soleil.
Il voulait tenir dans la main la lune, mère nocturne, qui accompagne l'être esseulé, éperdu, et attristé, depuis sa première coupure, la coupure du cordon ombilical avec sa tendre mère, qui est resté humble et juste, la sainte qui faisait l'oeuvre et l'accomplissait, malgré les déchirures de l'obscurité...il pensait à la manière honteuse et calamiteuse avec laquelle elle s'était abandonnée au rusé, à l'usurpateur, au fomentateur, au tentateur, et s'en est aggloméré sans n'avoir consulter ses guides une seul fois, comme elle avait l'habitude de faire.
Il se dit alors qu'elle avait trahi ses valeurs, ses convictions, et s'était adonné aux malheurs et aux chagrins...comme lui, que la haute plaie s'était étendue et qu'elle ne serait jamais guéri...elle avait donc perdu raison dans son cycle de vie terrestre, mais tenait la cheville de celui qui était, qui est, et qui sera, désespérément, comme une tâche qui se colle à votre peau.
L'être ne faisait indubitablement que tombé, que lui serait-il ? Par quel moyen pouvait-il continuer à avancer vers la lumière ? Rien...
Certains des moqueurs, ainsi que certaines moqueuses, étaient doués de savoir-faire, et maîtrisaient le vol, et arrivaient à le rencontrer, à le voir, à le fréquenter, ils lui ont fait la proposition suivante : "nous sommes prêts à t'accepter, si tu décides de prendre les enseignements, et les instructions que nous sommes disposés à mettre en place, pour toi" lui répondaient les harpies".
Il demanda alors : "que suis-je sensé faire ? Pour être l'un des vôtres ?"
Elles lui rétorquaient unanimement : "tu vas devoir te confier à l'être immuable, le gourou de l'esprit humain, le modificateur de la pensée, qui s'armera de patience pour te rétablir, et retirer le poids de ton échec, et que tu puisses renaître en un être nouveau, capable, et compétent ! car là, tu n'es rien, et tu ne le seras sans doute jamais".
Les bellâtres lui répondirent ensuite : "Tu n'as pas le choix, tu dois rattraper tes erreurs commises, et faire pénitence ! regarde-toi mon vieux, tu ne fais que t'écrouler, que tomber, et regagner l'antre des abîmes, d'où tu es issue, alors si tu ne veux pas être toujours dans l'ombre de ton ombre, il va falloir que tu acceptes le fait que tu sois atteints de l'état maladif chronique inhérent et invariant, à l'origine de ta souffrance indépassable !
Que t'arrive-t-il ? Tu es fébrile ? Paye, contribue, achète, et tu seras un être, à minima, honnête et vivant."
Après ses mots, aussi âpres et durs les uns que les autres, tandis qu'il atteignait son point de départ, il se mît à avoir mal à la tête, comme si un marteau frappait des coups puissants au niveau des parois du haut de son crâne...il décida, après un brève introspection, de se rendre dans la maison de l'inconscient humain, l'établissement providentiel, permettant de guérir de tous les maux, les innombrables individus cinoques, chimériques, jonchant l'espace des délaissés et des faibles.
Il s'essayait pour la première fois de sa vie à cette expérience, et rencontrait une femme, plutôt neutre, dans un espace convivial, qui lui offra la carte de la parole, sans toutes les coupures intempestives.
L'être, crédule et naïf, se disait que c'étais une aubaine, car il avait la possibilité, la permission, l'ouverture lui permettant de s'exprimer, hurler, et crier sans filtre ! Mais il s'exprima sur lui, son être, son devenir, selon lui, son ablation de faculté dans la quasi totalité des domaines de la vie, et avouait tristement à la dame en face de lui, ses craintes et son fatalisme le plus rongeant, le plus épuisant et le plus immonde.
Mais qu'étais t-elle capable de lui apprendre ou de lui faire découvrir sur sa personne ? Elle n'était pas lui, et lui n'était pas elle, elle n'avait aucun contrôle ni de savoir, ni de gestion sur sa constitution biomécanique et émotionnelle, mais elle avait réussi à déposer la graine du savoir de soi, en voulant implicitement lui faire croire qu'il était "spécialement" ou "atypiquement" viable.
Sauf, que, malgré les côtés un peu balourds et triviaux de ce malheureux de la nature, il possédait un gros et long pifs, et comprenait, à travers ses propres recherches, que la thèse du médecin ne s'appliquait pas, car l'excellence ne définissait pas le grand benêt, voyons, il avait dû grimper une montagne si haute, si grande, si immense, que ça lui avait valut l'opprobre de ses contemporains, assis sur leur trône, contemplant l'évolution de la terre d'en bas amusés, du monde souterrain, de la terre ébranlée, effritée, détruite, ne laissant que ruines et désolation dans le paysage des pleutres et des pusillanimes...
Il avait dû essuyer à plusieurs reprises, le mépris des impératrices, et des empereurs, mais surtout des impératrices, s'adouber de son écu, afin de parer les voix enjoleuses, voulant le miroiter, et le happer vers le théâtre de la malhonnêteté et de la méchanceté, réussir à contrer les thuriféraires saugrenus qui voulaient épouser sa fragile confiance, se donnant pour acquis, presque prostitutionnellement, et échapper aux brimades, et à l'écrasement de ses pairs, en rejoignant d'autres élites, qui finalement, étaient tout aussi ignobles et infâmes que les autres...mais paradoxalement, il les enviait, et voulait être l'un des leurs, ce qui était étonnant, même pour lui...
Il se rendit alors compte, en atteignant le point culminant de ses recherches, qu'il était un être humanoïde, dans l'apparence est presque normale, mais dont la constitution et les mécanismes de réflexion et pensée était un vaste banneton composés de plusieurs paroles, mots, phrases qu'il utilisera en fonction des moments qu'il jugera apte à emprunts et utilisations...il était, en réalité, un désespéré, autocentré, et égoïste, qui ne voulait atteindre, comme une machine, les objectifs à atteindre pour lequel il était programmé, et était incapable de voir la vie de façon holistique, il était taciturne, sombre, étrange, voir plutôt froid et au regard sinistre, dont les mouvements et les comportements n'étaient que la subordination de son décalage !
Il ne parvenait pas à garder le regard sur son adelphe,
Il préférait regarder les arpions,
Il avait une attitude de résilience, et les affûtés s'en apercevaient, et faisaient tout leur possible pour ne jamais recroiser un être pareil.
L'être le comprenait, même sans que cela soit dit, il savait lire les non-dits, et l'infraverbale, les messages envoyés inconsciemment par le corps, et exprimés extérieurement.
Malheur à celui qui naît avec ce pléthore d'insanités, non seulement il restera un être insignifiant de sa propre histoire, mais en plus il n'aura accompli aucun de ses rêves jusqu'ici, le mutisme et la spontanéité étant un oxymore, il n'aura au mieux, été qu'un être ayant foulé les pieds sur terre, et ayant embrassé son sol, et respirer l'air pollué de la couche terrestre urbaine et désolée...
En sachant qui il était, il renonça à parcourir le long chemin vers l'élitisme.
Il renonça également à reproduire les erreurs de ses géniteurs.
Il renonça à boire l'eau sale, et se conduire avec plus de sanité, pour la propre gestion de sa personne.
Il renonça à être plus enclin aux autres, et devînt beaucoup plus égoïste et rigoriste qu'avant, presque un monacal.
Il se faisait violence, et s'adonnait à des pratiques et efforts physiques intenses pour se défouler et garder la forme, battait le fer, gagnait en force, et en maturité, un tant soi peu.
Il voulait à tout prix, ne pas se rendre dans l'univers du vague à l'âme, et plutôt s'efforcer de se prémunir des adversaires surpuissants et aux épées ayant grandies en longueurs, il s'engouffrait dans un monde qu'il avait créé de toute pièce, à sa convenance, où la nuit était éternelle, les vivants dormaient, et les misérables festoyaient, pleuraient de joie et de contentement, et dansaient pour remercier la vie de les avoir épargnés...et lui, il contemplait la pleine lune, comme un énorme oeil lumineux le fixant tout au long de sa randonnée urbaine, mais perdue dans ses pensées, il se demanda : "pourquoi suis-je içi ? Que puis-je représenté au yeux de l'univers ? À t-il même conscience de l'existence d'un roturier tel que moi ? Et de là, le pauvre être, s'en allait, et poursuivait sa longue marche, et le chemin, vers son point de chute imminent, en ayant conscience que sa route serait escarpée, et semée des cyniques qui abondent et des faux savants qui trompent.
Il avait appris à faire abstinence, et à être prévenant, tout en ne refoulant pas les êtres qui se déclareraient à lui sans animosité, en sachant lui-même sa dispensation en parole, il savait qu'il ferait son possible pour aider le mendiant, la pauvre, et l'enfant.
Il savait que personne ne lui en serait gré, car la justice et l'ordre n'appartiennent que aux gagnants et aux puissants, qu'on le veuille ou non, le reste n'etant que le continuum de paiens, d'indésirables, portés à l'iniquité du jugement, éhonté par l'ordre établi, et à juste titre, selon les souverains, les papes et les soi-disant pieux du monde d'en haut.
Le père gronde le fils, et le fils doit se plier au règle du père, autrement, il y aurait une intention outrageuse et honteuse de l'inférieur, et son père le vomirait, ce qui est arrivé à l'être, ne représentant ni l'ambition de personne, ni la préoccupation des autres, mais dans une moindre mesure, est utile pour comprendre les agencements et les mécanismes relatifs à l'acreté administratif auquelle il devait se plier, tôt ou tard, et remplir son statut d'être vivant et existant en tant que pion à la grande et vaste oligarchie dominante.
Il ne sera jamais un élite, seulement et simplement un compagnon des désignés bouseux par l'hyper classe des élus parlementaires de la grande, belle et majestueuse classe populaire.
Et il s'en alla, poursuivre son chemin de nomade, sans se retourner derrière lui, fuyant son passé, et s'avançant vers un avenir tout autre, qui était porteur d'inquiétude dans son coeur, mais également d'un infime espoir, il s'exclamait alors vers le ciel : "À toi, l'empereur éternel, et source de vie, je t'en conjure, donne moi la force et prête moi ta volonté indétrônable, et incassable, me permettant de transmuer, casser cette armure fébrile, dont la matière s'est effrité avec le temps, et croître vers une nouvelle dimension, un nouveau paradigme, par l'énergie méticuleuse, laborieuse et travailleuse, que tu m'octroieras, je serais la figure de proue de ton nom, la claymore levée haute et brandie afin de pourfendre et confondre les abuseurs et les mauvais qui jalonnent en réduisant à néant mes convictions, ainsi que mes paires".
Il continuerai de grandir et de vivre, difficilement, avec un regard nouveau, et des nouvelles idées pour avancer, par ses propres moyens, sans les autres, qui se sont joués de lui...
Il décida de vivre en ermite, et d'observer dans sa grotte, le monde stipendié, et corrompu, par l'un des nouveaux maux de l'être humain, le virtuel.
Mickaël.
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