Les sentinelles de Gallia - 1

Bonjour à ceux et celles qui prendront le temps de s'arrêter sur ce témoignage un peu particulier,
j'ai longtemps hésité à écrire et partager sur cette thématique , du fait que ce n'est pour moi pas un sujet qui manifeste d'une préoccupation importante ou primordial, mais voilà seulement, par une succession d'événements récents répétés où j'en suis inclus (mais pas que récemment), je pense qu'il est nécessaire que je m'astreins à laisser un texte également sur ce sujet, notamment sur mon rapport à ce dernier, un thème aujourd'hui très usé et utilisé à foison, mais qui subsiste, pour créer la polémique, instrumentaliser l'opinion publique, à travers des appareils médiatiques, et multiplier les débats autour de cette dernière, pour industrialiser ce qui est devenu presque un concept tendanciel, et en faire un outil commercial et propagandiste de haut plan, à savoir l'altérité ou plus copieusement appelé l'étranger pour les uns, et appelé citoyen comme un autre pour d'autres.
Mais je vais me concentrer surtout sur un phénomène qui date de plusieurs siècles dans le monde, et notamment dans le domaine vernaculaire (mais par extension, la vaste étendue géographique où nous nous situons plus ou moins tous) qui parcours le temps par une espèce d'abnégation et de volonté vindicative de réaffirmer et rehausser un ton fortement impérialiste et belliciste.
Loin de moi l'idée de venir bassiner avec des sujets relatifs à la politique ou autres (de toute façon, je ne suis pas le couteau le plus aiguisé du tiroir pour ça, et je n'ai pas l'étoffe et la structure logique suffisante pour en porter la teneur ^^') c'est pourquoi je vais expliquer par séquences événementielles, en trois situations, les moments où j'ai été confronté à une certaine hostilité, une certaine désinvolture, des allégations délétères envers le fait que je n'incarnais (et en toute vraisemblance, n'incarne pas) la figure attendue d'un enracinement profond avec cette terre (comme je m'amuse à l'appeler la terre de Geneviève), quoi que j'en dise, quoi que j'en pense, quoi que j'en fasse, de la part de certains (certaines) de mes contemporain(e)s.

I - je rentrais en centre de formation pour suivre des études en communication visuelle et en infographie, cela se déroulait en alternance, alors il fallait promptement que je m'attache à une entreprise pour pouvoir suivre les cours (enfin, pour ceux et celles qui connaissent, c'est soit l'acquisition d'une entreprise, soit le tribut à payer plein impôt + l'investissement financier pour les fournitures scolaires qui montait en deçà des 300€, sans exonération ou indexation sur une base de son modèle économique personnel ! C'étais ça ou rien !
Bref, j'avais pu accéder à deux mois, de mémoire, à un temps de tolérance qui s'appelle la passerelle ! donc j'étais accepté dans ce centre comme beaucoup d'autres, mais uniquement pour bombarder les entreprises de cv via un pôle informatique humblement proposer par le service de recrutement.
Et pendant cette croisade, j'ai rencontré une fille, archétype de la gothique par excellence ! Grande veste en cuir, tye and die rouge bordeau capillairement, longue et grosses bottines Dr.Martens ornées de boutons en d'argents assemblées à la verticale sur le cuir et des chaînes en argent croisées, un regard se voulant badant et sinistre, semblant confuse et perdue, et effectivement, c'est plus tard que j'appris de sa bouche qu'elle avait pu trouver un logement dans la région, et qu'elle ne venait pas de celle-ci d'origine, mais c'étais pour ma part la première fois que je voyais une personne comme elle, avec ce style, que je trouvais original au passage.

Bref, je vous passe les détails de l'ensemble des minis séquences monotones et insignifiantes, donc finalement pendant les mois de recherches d'une entreprise, elle va en dégoter une qui va donc la recruter, et lui permettre de suivre le cursus en toute satisfaction (oui, parce qu'elle était en passerelle également), et un mois plus tard, je vais m'en dénicher une par le biais d'un ex-ami (ex pour des raisons de dissidence et d'éviction) qui va me proposer par son recrutement d'avoir une place dans l'entreprise ! Naïf et impatient de rentrer dans la structure officiellement, j'ai foncé évidemment, mais c'est seulement aujourd'hui que je comprends que je n'étais qu'un frais à moindre coût pour mon ancien patron despotique, mais c'est un simple détail...
Et donc après cela, je rentre en formation, et je me retrouve dans la classe de Miss Dr.Martens, c'est d'ailleurs dans cette même classe que je vais rencontrer un de mes grands amis jusqu'à aujourd'hui, malgré des différents et malentendus, mais j'en parlerais une autre fois sans doute...
Et à un moment, cette fille, que finalement je ne connaissais pas et avec qui je n'avais nulles affinités, commençaient à faire preuve de "curiosité" mélangée à une certaine forme de méconnaissance quant à la vision de ce que je représentais comme ceux qui se trimballaient les aspects physionomiques et épidermiques similaires à la mienne dans cette classe.
Elle s'interrogeait et nous interrogeait, je cite :
- "Pourquoi avez-vous les cheveux comme ça ?"
- "Pourquoi votre nez est de cette forme ?"
- "Ça fait quoi d'être dans cette peau ?"
Tant de questions si admirablement posées, j'étais assez circonspect, parce que pour l'époque, en 19 ans d'existence, on ne m'avais jamais posé ce genre de question ou ce type d'enquête, et même au lycée, fréquenter par un continuum hétéroclite et homogène d'individus, ça ne m'étais pas présenter, bon c'est une chose, l'ignorance peut parfois amener à se questionner, comme une volonté d'apprendre ou de s'instruire, et enrichir son savoir et son bagage de connaissance, il faut croire !
"L'éducation est l'allumage d'une flamme, et non pas le remplissage d'un navire" disait Socrate.
Alors je lui expliquai, on lui expliqua à nos façons respectives, et surtout prenez bien conscience que nous étions finalement désintéressés dans l'attention du sens et des mots dans les explications administrées, à nos âges, on étaient plus intéressés par des modèles et sujets farfelues americanophiles et complètement stériles !
Après aujourd'hui, chacun de son côté j'imagine à tenter d'épurer les mauvaises graines et les insanités en son sein, à géométrie variable c'est certain, m'enfin d'une façon ou d'une autre, nous évoluons tous, pas parallèlement, mais cela se produit quand même par des effets de vagues, des montées de courant, des prises de conscience quoi (je sais pas si vous saisissez le sens, je l'espère en tout cas)
Puis un jour, alors que je n'étais pas présent lors d'un cours la matinée pour cause de réveil (la légendaire) j'ai loupé un cours, alors ça devait être physique-chimie ou photoshop, mais je sais que ça n'étais pas Histoire de l'art, j'adorais ce cours, et je l'adore toujours ! Même si mon formateur de l'époque était connu de tout l'établissement tristement pour avoir tenter de dérober ou voler dans un musée à Londres😭 😂 (véridique...)
Je m'égare pardon, et ce jour là, alors que je venais d'arriver sur les lieux pendant la pause cafétéria, avant le cours de l'après-midi, des camarades de classe, ainsi que quelques élèves d'une autre classe, m'apprenaient que apparemment Miss Dr.Martens avait participer à un mouvement avec une de ces amies, un cortège, une manifestation d'opposition contre le gouvernement de l'époque, donc nous étions en 2014...et également une levée de boucliers contre les contrastés, et les altérités au niveau du derme, pour finir sur cette phrase si extraordinaire de révélation et faramineuse, je cite : "nous avons pensé à vous", à VOUS !" Et après cela, du moins ceux qui se sont empressés de m'enquérir de ce fait, ont décidés presque spirituellement ou sans dire une phrase, qu'après les efforts vains de compréhension mutuelle, était arrivé l'instant de repos de l'esprit, et j'ai opiné du chef...
Puis un autre jour, Miss Dr Martens a répété le même schéma sémantique interrogatif vers moi, qui était plus malléable et naïf, donc pareil, les mêmes questions que j'ai cité précédemment, mais cette fois, et ce qui m'a surpris d'ailleurs, c'est que certains apprentis de ma section, qui pourtant n'avaient pas la même teinture épidermique que moi, ont vertement alertés cette dernière du fait de sa capacité de comique de répétition ! À enchaîner les mêmes sempiternelles questions et demandes, l'air grandiloquente et narquoise, et à prendre un plaisir gourmand à se vendre comme la prétendue ignorante de la basse-cour.

À la suite de cette situation contextuelle inédite pour moi, elle n'a plus jamais posée ces questions, ni à moi, ni aux autres.
et je ne l'ai revu que quelques années plus tard au loin, marchant sur un trottoir opposé au sien, près de chez un ami qui ne vit pas loin de chez moi, accompagnée d'un type qui semblait en tout point de mon engeance...cocasse épisode.
Bon bah voilà, c'est la première séquence incongrue, qui pour moi, sort on va dire des sentiers battus, et qui a marqué de son emprunte, mon premier véritable dissensus idéologique, et à ouvert une première fenêtre de réflexion sur moi, et mon environnement, mais cette anecdote (longue, certes) n'est que peu de choses, en regard de ce qui arrive...

Je vous remercie d'être arrivé jusqu'ici et de m'avoir lu ! Si vous avez envie de dire ou d'écrire un ressenti ou ce que vous en pensez, je serais curieux de lire les commentaires 🙂
À bientôt.

Mickael.