Rappel inéluctable

Ne voyez pas ce qui sera dit comme une plainte, une dénonciation, une tolérance à la victimisation, mais comme un constat sclérosé, ferme et conséquent.

Il est des plus effrayant de se savoir comme quelqu'un d'inquiétant, voir repoussant.
Sans le moindre signe de curiosité établie par le verbale, le fait de comprendre par les gestes effectués le caractère réticent que l'on génére par inadvertance est très intéressant.
Alors que je marchais en direction d'une grande place publique, où se rencontre des habitués, des touristes, des quidams mondains sortant de restaurant repu et comblé avec le sentiment de satisfaction affiché sur leur visage, voilà que je me retrouve à passer l'angle d'une rue, où je croise deux personnes, deux jeunes femmes, semblable à ces charmantes figures du début du XXe siècle modèle charleston vêtus de majestueux manteaux velours noirs, assortis de chapeau tulipe respectivement me donnant l'impression d'avoir fait un bond en arrière dans l'histoire de la mode populaire, c'étais tout aussi étonnant que impressionnant, du moins à mes yeux durant cette séquence furtive.

Quel ne fût pas ma stupeur lorsque je remarquai ce regard si particulier, cet étonnement goguenard, main dans la main, l'air horrifié accompagné de cette réactivité du corps, des corps, sans le moindre chuchotement, sans le moindre mot prononcé, s'écartant comme des enfants ayant aperçu le monstre dans la pénombre.
Le plus cocasse dans cette série continu est finalement que le "monstre" attitré par ces yeux terrifiés se voit paradoxalement ressentir la peur ambiante, seul bémol étant qu'il ne sache pas à la genèse d'une rencontre si hasardeuse qu'il est, ce générateur de peur.
Un constat s'impose alors à mon esprit si enchanté par les relents historiques transmis séculairement et avec une simplicité gourmande.
Je véhicule le dégoût, ou la crainte, ou une "saleté" que je n'ai pas encore perçu ou identifié.
Bien sûr, je ne parle évidemment que de moi, dans ce contexte.
Cette image redondante, cet instant suranné n'est qu'une rediffusion d'un film s'inscrivant dans une non-démarche absolue de compréhension mutuelle, projeté de nombreuses fois, qui laisse entendre possiblement un désir volontaire d'anxiété collectif.
Quel est finalement la place de mon interprétation dans ce récit ?
Ai-je même l'opportunité de dire un mot, dans ce vaste monde qui s'ébranle ?
Ce dont je suis certain, c'est que même avec des articulations de bienfaisance, si des fois je cherchais à avoir mon rond de serviette, pour d'autres, manifestement le temps même d'une rencontre anecdotique, c'est inenvisageable, mais à chaque jour suffit sa peine, pour sûr.

Merci de m'avoir lu.

Mickael.