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Il n'y a pas beaucoup de choses qui me font du bien en ce monde, mais ces choses, bien que rares, existent.
Récemment, j'ai coupé toutes les possibilités de contacts avec ma famille biologique, ce qui inclut d'avoir changé mon numéro de téléphone (que j'avais depuis 1997) afin de ne pas avoir à entendre un seul de leur message dans ma boite vocale. Lorsqu'un rare membre se pointe à mon domicile et frappe à ma porte, je ne réponds même pas. J'ai mes raisons, dont certaines j'ai d'ailleurs fait part ici il y a quelques mois. Depuis mon changement de numéro de téléphone en mai dernier, j'évalue que c'était une très bonne décision; plus de messages de ma mère qui cherche à me manipuler, plus de nouvelles des crises familiales du côté de ma soeur. Bref, je ne le regrette pas.
En avril dernier, j'avais écrit...
« [...] C'est quoi une famille ? J'ai l'impression que pour plusieurs c'est un passeport qui donne des droits et privilèges sans mérite et qui englobe un ensemble d'attentes. Droits d'exploiter une personne, d'envahir son espace sans respecter de limites et s'attendre à des services par obligation. C'est une image à protéger pour bien paraitre à l'extérieur et dont on est un représentant lorsqu'on en fait partie... sans l'avoir choisi. Oui je crois que pour plusieurs humains la famille c'est ça. [...] »
Aucun membre de ma famille ne sait que j'ai reçu un diagnostic de TSA récemment, je ne leur ai pas fait part car je crois qu'aucun d'eux auxquels j'étais proche, ou plus ou moins proche, ne m'a démontré, au travers des interactions passées, l'intelligence émotionnelle qu'il faut pour gérer cette information à mon sujet. J'ai réalisé qu'il n'y a pas un seul membre de cette famille biologique dont la présence me fait du bien ou me manque. J'ai donc décidé de couper tous les ponts et de respecter le fait que je n'ai en ce moment aucune part d'énergie à investir dans cette relation.
Voilà, c'est clair pour moi et je suis bien avec ça au final.
Le mot « terrible », n'est pas un mot qui selon moi doit être utilisé légèrement... alors quand je réalise que c'est celui-ci qui me vient émotionnellement, en décodant intérieurement ce que je ressens, eh bien... c'est effectivement une « terrible » tristesse qui m'envahie, je me sens terriblement seul... je réalise la profondeur de ma solitude.
C'est en 1998 que j'ai écrit un recueil que j'ai intitulé « Coeur Orphelin », je ne l'ai jamais publié autrement que sur un site web à l'époque. J'avais rassemblé dans celui-ci mes premiers textes et poèmes à propos de mes réflexions sur la vie, le monde et l'amour à ce moment.
L'écriture a toujours été pour moi une forme d'exutoire, un moyen pour moi de vider le trop plein. J'espérais à l'époque (encore aujourd'hui) rejoindre des gens qui me ressemblent, qui me comprennent, m'acceptent, en semant mes textes et poèmes dans diverses forums de discussions. La récolte d'ami(e)s a été pauvre, encore aujourd'hui.
Je comprends mieux pourquoi maintenant, depuis mon diagnostic d'autisme et aussi les multiples séances avec un psychologue que je vois à chaque semaine depuis la fin du mois de septembre de l'an dernier.
L'environnement familiale dans lequel j'ai évolué, qui était très restrictif et malsain, ne m'a pas aidé socialement.
Selon mon diagnostic, j'ai un TSA de degré léger et le fait d'avoir un haut potentiel intellectuel m'a apparemment aidé à naviguer socialement et « fonctionner »... j'intellectualise et trouve des stratégies à défaut d'avoir l'instinct, mais créer des liens humains significatifs a toujours été difficile pour moi.
Je disais donc qu'il n'y a pas beaucoup de choses qui me font du bien en ce monde, que ces choses existent bien qu'elles soient rares.
J'ai des plaisirs solitaires ou le rire s'invitent, où les souvenirs d'évènements avec lesquels je connecte positivement, me transportent dans une nostalgie apaisante et réparatrice.
Ce que je pourrais appeler « Ma famille intellectuelle » se compose d'individus qui ne me connaissent pas, qui ne m'ont jamais vus, ni touché. Ils sont des personnages fictifs ou réels sur un écran, des idées et des mots sur des papiers, publiés de diverses façons et auxquels j'ai eu accès.
Il y a ce formidable Neil deGrasse Tyson, astrophysicien américain, que j'apprécie tellement; j'aime sa fougue dans laquelle je me reconnais lorsqu'un sujet me passionne et que je ne peux pas me contenir d'exprimer ce que je pense... alors je m'exclame, je gesticule. Je partage tout ce dont il fait part dans cette vidéo :
voir la vidéo
Un autre exemple, récemment j'ai visionné un documentaire intitulé « 50 Years of Star Trek », ( https://www.imdb.com/title/tt5941796/ ) sortie en 2016, c'était comme me réunir avec de vieux potes autour d'une passion et vision commune. J'aime la philosophie de l'univers de Star Trek, mais je ne me reconnais pas dans ce qui me parait être l'euphorie d'une part importante des fans de cette série que l'on voit dans les conventions... ceux qu'on appelle les « Trekkies ».
Un des acteurs d'une série de cet univers, qui a aussi réalisé certains épisodes et films a dit ce qui suit au sujet du créateur de celle-ci : Gene Roddenberry (décédé en 1991), en se remémorant en entretien qu'il a eu avec lui :
(La traduction suit)
« Roddenberry somehow magically made us, "made me", believe in his vision of the 24th century. He said to me: "In the 24th century, there will be no hunger, and there will be no greed. And all of the children will know how to read" ».
Traduction :
« Roddenberry, d'une manière ou d'une autre, nous a fait croire, « m'a fait croire », en sa vision du 24e siècle. Il m'a dit : « Au 24ème siècle, il n'y aura pas de faim, il n'y aura pas d'avidité... et tous les enfants sauront lire. »
Pourquoi j'aime l'univers de Star Trek ? Je vais répondre en reprenant les propos de Ronald D. Moore, un des scénaristes d'une des séries, il disait :
(La traduction suit)
« [...] it is unique in that its portrayal of the future, the "optimistic portrayal" of the future, stands alone in pop culture. The vast majority of science fiction pieces that take place in the future, show us a dystopian future, a terrible future. Here's the only real science fiction construct that I wanna go live in."
Traduction :
« [...] elle est unique dans le sens où sa représentation de l'avenir, sa représentation « optimiste » de l'avenir, est unique dans la culture pop. La grande majorité des oeuvres de science-fiction qui se déroulent dans le futur nous montrent un avenir dystopique... terrible. Voici le seul véritable univers de science-fiction dans lequel je veux vivre. »
... oui, il résume très bien ce que je ressens à ce niveau.
( ... )
Ces derniers temps, je mets des efforts à essayer de rentrer en contact avec des gens en qui j'espère retrouver des affinités au niveau intellectuel et chez qui j'espère aussi trouvé des similitudes au niveau idéologique et spirituel. Je ressens que j'ai besoin de cela puisque je n'ai jamais eu cet entourage dans ma vie. Ça ne veut pas dire que je ne veux pas ou ne peux pas me lier d'amitié avec des gens différents de moi, je m'en crois capable... et aussi je peux voir le positif là-dedans, mais en ce moment je recherche vraiment des gens qui pourraient s'intéresser à l'être humain que je suis, avec qui je partage plusieurs points en communs et dont la présence peut me faire du bien.
J'ai un énorme besoin de m'entourer de gens qui ont une nature bienveillante et qui me ressemblent. Je suis tanné de m'ajuster à ce qui ne me ressemble pas... j'estime avoir assez donné à ce niveau en 47 ans de vie.
On me dit que je ne fais pas mon âge physiquement, que je parais plus jeune. Moi je me dis que c'est bien la seule chose positive que mes parents m'ont transmise : cette génétique.
J'ai une soif « d'être » et de vivre... de partager, d'être bien entouré, de donner, d'être reçu... de ressentir que je suis reçu pour tout ce que je suis en dedans comme au dehors. J'ai aussi besoin d'être touché.
Il y a un peu plus d'un mois, j'ai écrit :
« Un havre de paix où me recharger humainement, un entourage bienveillant... c'est ce que je veux plus que tout aujourd'hui. Car « seul », je préfère « être », que d'être mal accompagné, mais c'est accompagné qu'ultimement que je veux « vivre ». »
Je recherche à créer des liens significatifs avec d'autres êtres humains dans le réel. Le virtuel n'est pour moi qu'un moyen de lancer « une bouteille à la mer » pour initier ces rencontres.
J'ai beaucoup de temps libre en ce moment et aucune attache.
Je suis « vrai » et je recherche des humains qui veulent échanger dans le vrai, sortir du virtuel.
Des gens qui me comprennent, qui me ressemblent, que j'intéresse et qui sont proches de moi géographiquement... ce n'est pas évident pour moi de les trouver... mais je crois qu'ils existent.
Ça ne m'aide pas d'être un ermite, j'ai de la misère à simplement sortir et me retrouver dans une foule sans ce que j'appelle « avoir une fonction ». Professionnellement, je n'ai pas de misère à me retrouver devant une audience en donnant un cours ou en faisant une présentation que j'ai minutieusement préparée, j'ai même à deux reprises participé à une émission de télé et aimé l'expérience. Lors de travaux d'équipe au collège et à l'université, j'étais toujours celui qui prenait les choses en charge et qui donnait une direction. Je suis le genre de personne qui pense en dehors de la boite, le genre de personne à qui on confie des responsabilités, j'ai été superviseur et gestionnaire dans mon expérience professionnelle.
Les 2 seuls amies que j'ai sont toutes les deux des femmes avec qui j'ai été intime et avec qui j'ai gardé un lien amical. Elles sont toutes les deux en couple aujourd'hui.
Je n'ai aucun ami masculin. Je trouve difficile de me lier d'amitié avec les hommes que j'ai pu croiser dans ma vie d'adulte... et puisque mon enfance particulière était remplie de privation, je n'ai pas pu cultiver des liens amicaux avec les jeunes de mon âge. Pas le droit d'aller jouer chez un ami, d'aller à une fête d'ami, d'aller au parc, etc... mon père a imposé ce régime dans la terreur même lorsque j'avais 19 ans et que je vivais encore chez mes parents. Plus tard dans ma vingtaine, vivant de mes propres moyens, je ne savais pas trop comment faire pour me faire des amis... c'était comme ça... pour moi.
Comprendre cela à l'âge où je suis rendu c'est nécessaire, y remédier c'est tout un défi je trouve lorsqu'on est autiste comme moi.
Tout s'explique... « oui », je le réalise, mais il faut des solutions qui fonctionnent pour moi. Je les cherche.
Je suis un être passionné, plein de ressources, aux talents diverses, je me dois de le reconnaitre, je suis capable de le faire, je me donne la permission de croire que je suis intéressant.
Je lance donc ce message, qui passera peut-être inaperçu comme bien d'autres que j'ai lancés, en espérant l'exception qui confirme l'exception que je suis.
( ...)
Tiens... je viens tout juste de penser à ça :
« Je ne suis « normal » qu'aux yeux de ceux qui me voit vraiment puisqu'ils captent ma véritable essence. Pour tous les autres je suis étrange... voir dérangeant... et c'est correct comme ça, car ce ne sont pas eux que je cherche, mais les « weirdos » qui partagent des atomes avec moi. »
Que l'amour nourrisse vos jours.
Au plaisir de rencontrer des « weirdos » familiers à proximité. (Je suis au Québec (Canada) - dans la région métropolitaine de Montréal)
Pierre
P.S. Pour en savoir un peu plus sur moi, vous pouvez lire mon profil et explorer mes anciennes discussions... si elles vous font fuir je me dis que c'est bien, elles remplissent ainsi à mon sens une fonction de filtre... j'écris cela avec un sourire, je me dis simplement que tout sert finalement. Je suis un livre ouvert dont le contenu et l'essence n'intéressent qu'une infime minorité je crois, c'est ce que mon expérience de vie dans la réalité de ce monde m'apprend.
@Pierreveur
En tout cas, il n'est pas passé inaperçu pour moi et je l'ai lu jusqu'à la fin 😅
On sent bien ta propension à écrire et c'est super si ça te permet d'avancer.
Je pense qu'on est nombreux sur le site à avoir tes difficultés à trouver des personnes avec qui on pourrait envisager d'être proche.
Je ne suis pas dans ta région mais je te souhaite de trouver des personnes avec qui tu pourras échanger !
Plein de courage à toi !
@Pierreveur je ne pense pas que tes messages passent aux oubliettes , perso j ai toujours apprécié te lire que ce soit ici ou ailleurs , tu as cette façon d écrire qui est celle du coeur , tes mots en viennent directs ils sont ce que tu ressens à l instant où tu l écris et c'est en ça que j aime te lire même si je ne vis pas au Canada et que l'univers star trek ce n est pas mon truc ...
Les personnes ne répondent pas peut être car ils ne correspondent pas à ce que tu " demandes" dans tes messages , mais ce n est pas pour autant qu'ils n apprécient pas tes écrits .
En ce qui concerne le relationnel , la sauvage que je suis ne peut pas trop t aider , mais ce n est pas la quantité d amis qui compte c est plus la qualité , et aimer les autres c est aussi accepter qu ils n aient pas que des points communs , acceptent leurs différence et ils accepteront la tienne , même si ils n ont pas les mêmes centres d intérêts ils t apporteront quelque chose de bon ou de mauvais ça on ne le sait pas a l avance , mais cela permet un lien social .
bonne chance dans tes recherche
Salut à toi @Pierreveur, tu te rends compte que ta bouteille virtuelle a traversé l'Atlantique, la Manche et qu'elle est tombée là, sur ma mezzanine !
Oui, comme tu l'écris, tout sert finalement. On ne sait pas exactement quelle action, phrase, regard, feuille dans le vent va aboutir mais tout est là. Tout.
Au gré de quelques lectures sur ce forum je lis ton message @Pierreveur et le trouve très touchant.
Je te souhaite le meilleur, je t'envoie de belles pensées positives depuis le sud de la France.
Tu apprends à vivre pour toi, alors de belles choses arriveront forcément, car ta vie prend maintenant un nouveau tournant. Il y a une phase difficile le temps de réequilibrer sa dynamique de vie, mais on en sort ensuite plus fort, fier, et plus heureux.
Je suis 100% d'accord, il faut s'entourer de gens positifs, bienveillants, de ceux qui nous tirent vers le haut. Ca reste rare et précieux, mais je crois que l'on se reconnait, quand on se ressemble.
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