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Mouvement dialectique, 2e partie
Ah que ces rimeurs de bas étage m'ennuient !
Quoi, ils croient qu'en deux vers l'affaire est finie ?
Et v'là que je te colle du Ronsard, et là du Michaux
Juste pour masquer qu'ils sont un peu trop chauds ?
Et toujours les mêmes vieux thèmes très éculés
Avec des termes policés pour honorer leurs envolées !
Qu'on me fasse pas le coup du poème bien comme il faut
Les sentiments qu'on y met sentent rarement le bon mot
Et quand bien même, est-ce vraiment avec ces rhétoriques
Qu'il faudrait venir à moi pour toucher ma belle plastique ?
Que ces hommes ont l'âge bien ridicule de croire chez eux
Qu'avec un billet sur leur frigo je frissonnerais comme l'Amoureux !
Ces protestations d'Eluard ces strophes bien scabreuses
Je garde mes cils au loin d'amitiés trop peccamineuses !
Je ne suis pas vraiment une femme de lettres
Même si je lis bien, je ne cherche à l'être,
Et la modernité passe la libre inventivité
Les sonnets de chanteurs me font soupirer...
En me navrant que les ardeurs aient les mêmes rengaines :
Pour qui me prend-on, une spectatrice de leur scène ?!
Et voyez au demeurant comme le marché est déjà saturé
De plein de poétaillons qui se prétendent tant inspirés !
Que ces gens me dégoûtent avec leurs verves jolies
Parfumées de fleurs qui n'ornent que leur funeste appétit !
Oh, je sais bien comment vont leurs nuits, et leurs jours,
Mâtinés du secret semelfactif, et évanouissant toujours !
Ils portent des chaussures souvent bien rembourrées
Dont le ponpon jure pourtant de leur fuite désespérée !
Ce n'est vraiment pas dans ces jeux malséants et antiques
Qu'il faut et prendre son plaisir et jouir de tous ces trucs.
Peut-être suis-je trop gamine, ou une princesse rebelle,
J'assume le rose de mes rideaux mais jamais le Rimmel
Et je lève mon doigt à tous ces salauds
Qui feraient l'amour comme ils réciteraient Rimbaud !
Ah, c'est un lucre sybaritique à n'en point douter
Et il faut que nos générations puissent bien m'écouter :
Les avances par fleurettes ne comptent différemment
Des mains aux postérieurs entre deux non-amants
Et si je pouvais par la force de mots bien sentis
Gifler tous ces prétendants aux idées racornies
Soyez certains mes braves messieurs
Que de vos coeurs je ferais un feu !
Ah que tous ces textes dégoulinants m'exaspèrent
Quand, au lycée, on en parcourt au point d'en braire
Toutes les figures, les sons, les sens et les formes ;
Comment voulez-vous ensuite ne faire qu'on s'endorme ?
Avouez quand même que ces stylistiques bien raides
Laissent pantois les lecteurs et lectrices sans la LED
De cette littérature douloureuse, inquiétante et ennuyeuse
Qui jette aux jeunes âmes l'âne de structures calomnieuses
Car voyez à chaque fois sous quel angle érotique
La femme y est toujours traitée comme objet névrotique !
Et connaissez-vous vraiment beaucoup de poèmes
Qui flattent nos facultés plus que nos fesses ou notre aine ?
Si l'on met à mort le machisme et toutes les discriminations
Passez ces prétentieux à la question, en incluant Aragon
Car si l'on dépend de moi comme une heure arrêtée
Je veux que ma course continue sans qu'on n'vienne me remonter !
Et songez même aux pauvres âmes qui voient dans Shakespeare
Des vers bien doux quand tout ne sent que l'entendu et le rire
Gras s'il en faut, vulgaire à n'en point douter
Sans un personnage pour y aller avec sobriété.
Alors quand je vois toute cette littérature si bien ornée
Sculptée comme Lejaby pour cacher des idées acornées
Je vous prie pour l'avancée de notre douloureuse jeunesse
De brûler tous ces textes qui n'ont pour tête que nos fesses
Ces Magritte où l'on remet la femme bien à l'envers
Le dessous au-dessus comme une couleur à revers
Et arrêtons donc les lascives études de tous ces homoncules
Gardons au mieux quelques chansons qui flattent l'amour
Mettons des sentiments avant des désirs bas et ridicules
Et faisons de la littérature un souvenir... qui ne vaut le détour.
Aïe aïe aïe, me voilà aussi (et toujours) groupie de toi ! 😂
Tant de choses qui font écho en moi, et me voilà parti dans mes pensées... c'est malin ! 😜
Je me tâtais d'ouvrir un nouveau post sur ce sujet, mais tu as tout dit, et avec grâce...
D'ailleurs, ne serait-ce pas l'écho de ton poème qui m'aurait inconsciemment travaillé du haut de mon arboré ? Mon petit doigt écorché aurait il été censuré avant de pouvoir me le révéler ? Alors à défaut de pouvoir jouer avec des notes, je viens paniquer avec des mots 😉
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