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- Dissocier l'oeuvre de son auteur ?
Sujet largement inspiré par deux réactions sur un autre topic.
Étant donné que le dialogue est resté fort courtois, j'espère qu'il le sera aussi ici peu importe le point de vue adopté, car nul ne détient la vérité 😉 (PS : nul est mon nom)...
Commençons donc en douceur... par le point Godwin ! 😂
Si je ne m'abuse, la gratuité des autoroutes allemandes est le fruit de la politique de Tonton Adolf. Pourtant, c'est fort apprécié par ses utilisateurs encore aujourd'hui.
Les pyramides incas, admirées par tous, ne sont en fait des lieux sacrificiels... Un peu comme si on admirait une guillotine ? Patrimoine de l'UNESCO ?
Bon ok, je fais des TRÈS TRÈS GROS raccourcis, en écornant certainement l'histoire... C'était ma façon de faire une intro disons...rocambolesque !
Soyons plus sérieux (note à l'attention de moi même), prenons l'exemple Bertrand Cantat, dont l'oeuvre à fait Fhüreur...(allez, on reste sérieux on a dit...).
Sa musique à marqué des générations entières, fait danser et rêver des millions de jeunes français. A ce moment là, il était blanc comme neige, (ou le nez dans la "neige"?), jusqu'au meurtre de sa femme (obscur fantasme ? ...Ou noir désir ?).
La question qui me vient c'est : faut il renier tout ce que cet homme à fait dans sa vie, ou renier seulement ce qu'il est devenu le jour des faits ? (et ce qu'il fera dans l'avenir pour le coup). Est-il devenu un autre homme, méconnaissable, ou a t'il toujours été ainsi ?
Et deuxième j'accusation : Polanski ? On en fait quoi ?
Pédophilie, féminicide,... il y a t'il une "hiérarchisation" des crimes à prendre en compte ? Je veux dire, à partir de quel moment l'auteur devient désavouable, au delà du motif d'inculpation ? (Si l'on ne dissocie l'oeuvre de l'auteur). Est-ce de par le fait rétro actif sur les oeuvres passées ?
Et je vais un peu déborder du sujet mais, si la société est incapable de juger et condamner les criminels, doit-on le faire au travers du boycott ? Où doit on faire confiance à la justice ? Ou alors, le fait que nous soyons "obligés" de punir des auteurs/artistes/etc par un boycott, ne met il pas en évidence une incompétence de la justice en place ?
Ça fait déjà beaucoup de questions là...?
Personnellement, je fais plutôt une distinction entre l'oeuvre et l'auteur (sauf si les bénéfices sont reversés à l'amicale des psych-auteur ou pire). Après si Kouachi par exemple se lance dans une auto biographie...bon...pas sûr que je l'achète (j'aime pas trop l'art abstrait...)...je le lirai de manière illégale, pour voir ce qu'il y a dans sa tête, mais pas un copec pour lui !
Et oui, c'est effectivement un vaste débat qui dépend beaucoup de la sensibilité de chacun.
Oh ! La guillotine au patrimoine de l'UNESCO, je suis pour. Ça fait partie de l'identité nationale française, non ? Coupez la tête aux privilèges.😜
Moi aussi je dissocie l'auteur de son oeuvre. J'avais justement pensé à Polanski dans la discussion du fil dont tu parles. J'irais pas au ciné pour voir J'accuse mais dès que je le trouve en téléchargement, je regarderais, il parait qu'il est super. Ça rejoint ta question du boycott.
C'est vrai que la justice a été incroyablement indulgente à son égard.
Patrick Font par contre a été condamné, a fait son temps et regrettait amèrement. Quand on juge, on juge une personne, sa vision, sa position vis à vis des faits, les circonstances, pas seulement les faits bruts.
On pourrait parler de Céline et son anti-sémitisme. Se priver de la lecture de Voyage au bout de la nuit, l'un des grands chef-oeuvres du XX° siècle, serait absurde, pour ma part.
Et je vois pas ce qui m'empêcherait d'écouter Cantat, même s'il a vraiment vraiment déconner (en fait, je l'écoute pas vraiment mais c'est juste une histoire de goût 😋)
3 exemples intéressants ...
Pour ma part je distingue ce qui porte atteinte à autrui directement, qui fait mal, qui détruit ( Cantat, Font ) de celui qui expose ses idées à la con ( Céline ) sans porter atteinte directement à quelqu'un, physiquement. Il a ses idées, et aussi barrées soient-elles, il a le droit de les dire. Le passage à l'acte est pour moi la limite à ne pas dépasser.
Font a tripotté des enfants, juste ça c'est intolérable. On ne touche pas aux enfants point barre ..... si on commence à faire des exceptions 😵...... Il a beau avoir regretté après s'être fait gaulé, facile .... pas sûr qu'il aurait regretté quoi que ce soit s'il était passé au travers des mailles de la justice ....
Et Cantat, je ne comprends pas qu'il puisse revenir à une vie publique après ça, qu'il soit coupable à 100% ou à 20 % n'est pas la question ... je pense qu'il faut s'effacer après avoir agit comme il l'a fait ...
Je ne cherche pas à boycoter, j'ai juste plus envie de l'entendre chanter car il est responsable d'une mort. Je ne peux plus écouter Noir Désir sans penser à Marie, du coup bin bof quoi, j'écoute plus.
Je n'ai pas envie de rire avec Font ( bon, en même temps je le trouve de toute façon pas drôle ) comme si de rien n'était, car il a fichu la vie en l'air d' au moins quelques gamins ..
Cependant je peux lire et apprécier Céline , en faisant fi de ses idées zarbies. Sauf s'il vire Petiot ....
Vaste débat vastement intéressant !
Et difficile d'être 100% objectif je crois,il le faudrait pourtant.
Ça pose de vrais questions.
Le droit à l'oubli,le droit de refaire sa vie après avoir purgé sa peine.
Et si la vie de Cantat ou d'autres était d'être un artiste, ont t'ils le droit de le redevenir ?
En théorie oui.Mais pour être un artiste il faut du publique,ce qui pose la question du pardon et de l'oubli.
Ça à l'air difficile pour Cantat non je crois ?
Après la fin de noir dès,il a sorti un album, appelé Bertrand Cantat je crois,a vérifier.
J'aimerais bien l'écouter, pour savoir ce qu'il vaut, mais je ne l'ai pas acheté.
Peur d'assumer d'aimer sa musique ?
Peut être oui, c'est bizarre.
Je crois en la justice,et je crois que tout le monde à le droit à une deuxième chance, sinon autant rétablir la peine de mort.
Mais pour un artiste, ça va chercher plus loin que la justice, ça demande de reconquérir un public,et ça ne marche pas toujours.
Je ne sais pas si c'est bien ou mal, ça demande encore réflexions !
@deniro nous avons postés en même temps !
Moi, je ne peux pas dissocier l'oeuvre de son auteur. Une création quelle qu'elle soit est produite par son auteur en tant qu'être humain, elle n'en est que l'expression, je ne peux pas la dissocier. Je n'ai pas lu Céline mais si je le lis, ce sera avec cette grille de lecture. Avec un certain écoeurement.
Mais je crois aussi que l'humain n'est pas bon ou mauvais mais un enchevêtrement de ce qu'il est et de ce qu'il a vécu. Il a du bon et du mauvais, et cela pour tout etre humain. La part noire de chacun est juste parfois bien cachée. Et tous ne passent pas a l'acte. Donc je crois que je peux écouter Cantate, voir un film de Polanski et lire Céline, si leur oeuvre me parait intéressante, mais avec en tête, comme cela devrait l'être avec toutes les personnes publiques, que ce ne sont que des êtres humains comme moi, plein de douleurs et capable de faire souffrir.
Je pense franchement que si Hitler, Goebels et Himmler faisaient un bon groupe de pagan-métal épique et bien foutu, j'écouterais. J'écoute bien les messes de Haendel.
il y a plein de choses à dire sur ce sujet, mais il faut pas se voiler,
il y a un certain nombre de connard parmi les artistes...même charlie chaplin, kubrick...
mon avis est qu'il faut se focaliser sur les oeuvres intelligente qui nous apprennent des choses,
et qu'ils existent suffisament d'oeuvre de qualité pour se passer de polanski et compagnie...
ce qui m'inquiete c'est davantage, c'est les oeuvres nuisibles qui véhicule une image positive de la violence,
la drogue, la prise de risque, etc...
c'est prouvé que c'est nuisible pour les gamins, mais ce débat psychologique à été étouffé... 😒
@adry333 : Charlie Chaplin ? Kubrick ? Oulala, j'ai "un train de retard" ! (note à moi même, ressortir cette phrase au prochain débat sur l'anti-sémitisme*.... 😂).
@paradox : faudra que tu te contentes des dessins du premier.... Adorateur de Satan !!! 😋 😂
Vos réponses et point de vue sont très intéressantes !
Est-ce que quelqu'un a lu Main Kof ? Ma question est : pensez vous que la lecture de cet ouvarge peut apporter quelquechose de positif au lecteur ? Une sorte de "manuel" pour comprendre comment cet homme a réussi dans sa tristement célèbre "carrière" ? (et donc pouvoir anticiper ces dangers). Un outil pour "détecter" les fous, ou dans quel contexte il peuvent "s'épanouir". Que celui qui l'a lu se dénonce ! 😂 Ou alors je serai obligé de lire moi même un de ces quatre, en voyage, au cours d'un long trajet ferroviaire...(*ça y est, je l'ai placé !!!😂😂). Sérieusement, je pose la question, je me demande ce qu'il se dit dans ce bouquin...
@Laurent... Hitler, il était nul en dessin. Alors il a fait de la mise en place de ses idées politiques son chef-d'oeuvre artistique, un genre d'art total. Mein Kampf en fait partie, son manifeste pour l'avénement d'une grande nation arienne, l'anti-sémitisme et tout ça, un socialisme national, un état fort sympa avec les ariens. Je l'ai pas lu mais à sa dernière réédition, j'ai entendu un résumé. Une propagande d'extrème-droite mystique et guerrière, pas si bien écrite. Ça me dit rien de lire, en fait. Je sais pas si ça apporte grand chose. Dans la dernière édition française, ils ont annoté énormément pour bien aider à comprendre et remettre dans le contexte. Pourquoi pas effectivement dans un train pour la Pologne ? En allant visiter les camps, pour appréhender le sujet de la théorie à la pratique. 😋
Je pense que la lecture de Main Kempf peut servir.
Car je ne sais plus qui disait "bien connaître son ennemie pour mieux le combattre".
Pour le connaitre,il faut donc le lire,pour comprendre son histoire,son état d'esprit.
Et ainsi mieux l'appréhender, pour mieux le combattre.
Sans parler de connaître son passé pour se forger un avenir, ça marche aussi je pense.
@paradox @laurent
J ai lu mein Kampf dans sa version quasi intégrale puisque une vieille édition. C'est pitoyable en terme d'écriture. Quant aux idées on sait ce qu'elles valent. Hitler aurait il été ce monstre si il avait réussi les beaux arts ? Beaucoup d'écrivains et de sociologues ont exploré et exploité le filon ....
Chaplin, Kubrick .... pour moi ils ont du génie oui !!! . Et qu'on aime ou pas leurs oeuvres, c'est indéniable....
Hitler n'a pas de talent...... ce n'est pas une histoire d'idée "bonnes ou mauvaises ", c'est un médiocre....
Et c'est justement cette médiocrité qui l'a guidé toute sa vie...
Il a peu de qualités mais il en a une indéniable, celle de galvaniser un auditoire .... c'est un tribun qui a profité d'un moment de l'histoire et qui savait manipuler les foules ..... sans son "staff" de fêlés, Hitler n'aurait jamais accompli ses atrocités. Attention je n'excuse rien .... je l'explique. J ai eu bon nombre de discussions concernant le "génie d'Hitler" avec des français, avec des allemands et ce de toutes générations ..... même des anciens nazis .... Hitler est vraiment médiocre MAIS il a su profiter d'une opportunité de l'histoire. Son seul génie est là.....
Scinder l'oeuvre de l'artiste et lui demander de produire que du respectable et un non sens pour moi.
L'artiste produit. A nous d'avoir la culture, la connaissance et la réflexion nécessaire pour en faire quelques choses de positif.... et cela passe aussi par l'éducation !
Je ne pense pas qu'un artiste doit nécessairement véhiculer, produire, du beau (le beau est subjectif deja et cela est très réducteur), ni politiquement correct sans violence ni derive. Et je ne pense pas qu'il faille qu'il soit clean .... sinon exit Baudelaire et Lewis Caroll ( entre autre). Là où c'est plus compliqué pour moi c'est quand dans la "dérive" de l'artiste, dans sa vie d'homme, il y a eu violence sur autrui (Canta, Gauguin, Polenski)..... alors j ai aimé J'accuse de Polanski ( encore que sa femme joue comme une brêle) et le bal des vampires mais ne me precipite pas pour voir son "dernier film" sous prétexte que c'est le sien .....
@Melanoe Je suis assez d'accord avec tout ça.
Mais pour préciser, Hitler n'était pas un génie, c'est sûr. Et c'est justement son staff d'intellos d'extrème droite qui l'a mis au pouvoir, qui a su profiter de son rôle de tribun, qui l'a pris sous son ail.
Deux films, deux très belles fictions, racontent les débuts d'Adolf à Vienne quand il essayait de rentrer au Beaux-Art. Les deux finissent par la prise en charge de ce petit con par un groupuscule qui complotait déjà pour la prise de pouvoir.
Mein Kampf, film juif autrichien, très drôle. https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=135789.html
Max , https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=45021.html
@Melanoe : c'est "rigolo" cette façon que l'on a tous à devoir se justifier, montrer patte blanche, dès qu'on parle du monstre... Quel est ce phénomène ? Propagande scolaire ? Attachement au groupe ? 😋 (je pose aussi cette question à moi-meme)
Merci pour ton éclairage, du coup, je vais retarder cette lecture, si je lis un jour (sans compter le fait que l'on m'ai spoiler la fin...).
Je ne me justifie de rien. J'assume ce que je dis et fais. Je dis juste que les choses ne sont aussi manichéennes.
Et je trouve la vision française de la 2ieme guerre mondiale très très réductrice..... mais ca c'est un autre débat ! Au plaisir
Pour ma part je pens que ca dépendrait de l'oeuvre. Si l'artiste à commis un acte impardonable mais que son oeuvre n'a rien avoir avec ce qu'il a fait. Oui je pense que dans ces cas là il ne faut pas boycotter l'oeuvre. Après si l'artiste n'a rien fait de mal mais que son oeuvre transpire une idéologie ou une morale vraiment trop malsaine et dangereuse comme l'apologie de la pédophilie par éxemple. Mais bon honnêtement je ne pense pas que quelqu'un soit assez fous pour faire ca en 2022 quand même. Ou une oeuvre qui peut devenir dangereuse et mener les gens à commettre des choses horribles comme des meutres etc. Dans ces cas là c'est autre chose. Bien sur que je serait contre. Et encore c'est vraiment si c'est un cas vraiment EXTREME. Si un artiste créer une oeuvre comportant une morale et une idéologie qui est éxactement à l'opposé des miennes. Je serait quand même contre le fait de la boycotter. Si cela arrivait. Et puis même je pense que l'on peut lire des livres comme mein kampf. Evidement ses idéologies son à gerber. Mais on est pas obligé d'être d'accord avec lui pour lire ses livres. On peut aussi voir sa de manière ludique. Enfin bon personnellement je n'ai pas envie de tomber dans une dictature de la pensée.( même si parfois on y est un peut avec le politiquement correcte et la bien pensance éxacerbée et irrationnelle ) Ce n'est pas parce que l'être humain est pourri que l'oeuvre en est moins interressante pour autant. Je n'ai pas envie que certaines personnes soient défavorisées ou aient moins le droits que d'autres de s'éxprimer.
Je rattrape ce fil que je trouve passionnant car il cristalise et met en intersection énormement de questions social, juridique, éthique etc.
"Dissocier l'oeuvre de son auteur?". Pour ma part, non. Je m'explique (je vais essayer de faire court, en général le dire ça n'augure rien de bon 😅).
Déjà, intéressant comment toutes les personnes citées comme artistes problématiques voire criminelles sont... des hommes.
La faute à l'invisibilisation du groupe femmes-artistes qui, à représentation égale du groupe hommes-artistes, comporterait autant de criminelles?
Ou propension de nos sociétés à la culture du viol, à la pédocriminalité, aux féminicides, bref aux violences masculines? La justice n'aidant pas à montrer l'exemple. En cela, penser une société anticarcérale et abolitionniste pénale est essentielle, car le système de la punition protège la classe (haute) des criminels et silencie les victimes (lire: La prison est-elle obsolète? Angela Davis - Crimes & Peines, penser l'abolitionnisme pénal, Gwenola Ricordeau). Les peines rendues souvent dérisoires, les procès où la parole des victimes est confisquée par les avocats et le procureur, ne rendent pas justice. Il faut réhumaniser la justice avant d'abolir son système. Pour cela seules les expériences de justice réparatrice et transformative permettent une prise de conscience totale chez l'agresseur et un sentiment de justice pour la victime et la communauté. Breeeeeef.
Oui, le boycott me semble la moindre des choses à faire, ne pas donner un kopeck. Mais donner de mon temps et mon énergie à des oeuvres que j'appréhenderai forcément avec un oeil critique, ça me gonfle. A moins de le faire pour une critique publique, lors d'un atelier, un arpentage ou que sais-je. Pour moi, la rencontre avec l'oeuvre se doit d'être totale et nue. J'ai plutôt une flemme incommensurable à être en nudité cognitive et émotionnelle fasse à un Picasso ou un Woody Allen 😉
Nous sommes des êtres sociaux qui avons pour corollaire l'oubli. En cela, nous reproduisons inlassablement notre perte.
"Dissocier l'oeuvre de son auteur" peut sembler à moyen terme un choix individuel, pondéré, juste. Mais dans une vision à long-terme, c'est conforter la rhétorique "des grands hommes et des grands maux". Cette dimension historique et le processus diffus mais si violent qu'elle comporte, m'éloignent clairement d'une quelconque dissociation artiste/oeuvre. Ce que je (générique) légitime comme artistique, a un impact plus large sur les imaginaires présents et futurs. Ces artistes seront étudiés dans les programmes scolaires, pris comme modèles, encensés... Pour moi, ça ne fait que renforcer cette culture de la Violence et de sa hierarchie, selon qu'on soit perçu comme élement essentiel à la société ou non.
Les oeuvres de ces grands artistes sont souvent très peu contextualisées. Car la machine qu'est l'Histoire écrite par les mêmes, légitimée par un roman national fort de ses anomies sexiste, raciste, agiste, machiste, validiste, broie les "petites" histoires, les victimes, les luttes, les cris de révoltes, les changements initiés par les minorisées. Et on peut se poser la question: des personnes ayant subies les affres de MeToo et sa vilaine cancel culture (booouuuh) qui a été réellement effacé, honni? Cherchez bien, vous verrez que les agresseurs se portent tous comme des charmes, toujours avalisés dans les cercles artistiques, professionnels.
Combien de personnes savent que Gauguin était un pédocriminel avec une mentalité bien coloniale, qu'il a abusé de jeunes tahitiennes lors de son séjour sur l'île? Mais l'Histoire a retenu ses oeuvres, elle a romantisé son séjour à Tahiti, a effacé sa place de dominant. Après tout, ces jeunes femmes n'étaient juste que des dommages colatéraux pour le plus grand bien non ? Je fais aussi le parallèle, avec les grandes figures historiques françaises comme Napoléon ou Colbert par exemple. Qui sont à l'origine entre autres du Code civil pour l'un et du Code Noir pour l'autre (Code Noir établissant les lois de l'esclavage, des personnes noires comme biens meubles, enfin... très joyeux tout ça). Des hommages, des statues, des louanges et... aucune mise en lumière de leurs crimes ! Ou sinon, vaut mieux avoir un doctorat en histoire pour déterrer tout ça. Merci aux personnes qui font le travail d'information d'ailleurs.
Qu'est-ce que ça dit de la violence intériorisée de nos sociétés? Qu'est-ce que ça crie des anomies que l'on transmet par apathie, par oubli, par tiédeur politique, par fausses nuances intellectuelles ?
En fait, il ne s'agit même plus de dissocier l'oeuvre de son auteur, vu que la société et l'Histoire ne le font pas. C'est plutôt de savoir ce que l'on fait de ce processus qui semble tant aller de soi ? Comment on parvient à dépasser cette dialectique et à lutter contre ce statu quo.
Ok, la société fait le choix de louer ces artistes/auteurs et de les ériger comme LA culture légitime? Dans ce cas, de la transparence ! Je veux que dans les musées, au cinéma la biographie complète de ces artistes et leurs crimes. Je veux des pages wikipédia fournissant ces informations, je veux que les statues de ces grands hommes racontent aussi leurs ombres. Pour qu'enfin l'équilibre soit, que la justice historique aussi.
Je crois qu'il est important de tout replacer dans un contexte historique, sinon on effacerait non seulement la plupart des grands artistes et écrivains du passé, mais aussi une forte proportion de l'histoire elle-même. Parce qu'elle n'est pas rose, loin de là. Les Romains avaient des esclaves, les anciens Grecs aussi : faut-il éliminer toute la littérature et la science classique ? On tend à se focaliser sur des révélations sur le passé de tel ou tel peintre ou écrivain en jugeant les faits à partir de notre "morale culturelle" éclairée par des tas de réflexions qui n'avaient pas cours à leur époque. Faut-il pour autant ne pas apprécier ce qu'ils ont apporté ? La contextualisation est importante, bien sûr, mais parfois elle n'a aucun rapport avec l'oeuvre. Doit-on les lier de manière indélébile ? Et les oeuvres collectives, doit-on les mettre à la poubelle parce que l'un des auteurs se sera rendu coupable de quelque chose d'ignoble ?
Pour moi il n'y a pas de réponse simple à la question posée en intitulé de ce fil... J'ai tendance à juger au cas par cas. Et en tant qu'historien de formation (entre autres), j'ai du mal à isoler un individu et à le détacher de son contexte historico-culturel.
@Lomey, à propos d'abolitionnisme, il y a aussi l'excellent Pourquoi faudrait-il punir ? de Catherine Baker. Le texte entier ici .
Et un débat sur le sujet avec des spécialistes de la question que j'ai trouvé très intéressant.
voir la vidéo
Sinon, je n'irais évidemment pas voir un Polanski au cinoch mais je suis bien content d'avoir vu J'accuse en streaming gratuit.
Et à propos des statuts des salopards, je trouve un peu exagéré de les éliminer mais les mettre dans des musées avec la mention de pourquoi elles ont été sorties de l'espace public me parait une bonne idée.
@Merlin, je n'ai jamais fait mention d'élimination de ces oeuvres. Je parle bien de contexte, pour la nécessité collective. Foncièrement en désaccord avec toi sur la question de la decontextualisation sans rapport à l'oeuvre. Elle a tout à avoir. Les productions artistiques sont le reflet de leur temps, de leur époque. Savoir que Picasso s'est largement inspiré de l'art dit "primitif" (masques et peintures des pays d'Afrique) alors que ces arts étaient niés dans leur dimension artistique, c'est essentiel. Ça dit beaucoup de la vision ethnographique essentialiste de cette époque, des rapports de domination du monde esthétique et de Picasso-genie-inventeur-magique-du-cubisme. C'est bien là le travail de l'histoire de l'art que de nous apporter des éclairages en ce sens.
À un niveau individuel, oui, je fais le choix radical de me nourrir artistiquement ailleurs. Toute facon, comme le disait si bien Ousman Sembène "l'Europe n'est pas mon centre". Je le paraphrase en affirmant que l'Art légitime n'est pas mon centre.
@Lomey pour la contextualisation, je dirais que pour moi ça dépend des oeuvres. Si j'apprenais que Tolkien s'est rendu coupable d'horreurs dans sa vie privée, ça ne m'empêcherait pas de mettre le Seigneur des Anneaux en numéro un de ma liste de bouquins préférés - d'ailleurs, il m'arrive toujours de relire des livres de Marion Zimmer Bradley. Idem pour la musique, si un morceau me touche, je me fiche du contexte, c'est une sensation animale, je vibre (ou pas).
Mais lorsqu'il s'agit de personne qui ont écrit ou dessiné avec l'objectif de faire passer un message, alors là je ne peux pas ignorer le contexte.
Je comprends, on se nourrit là où l'on trouve la nourriture appétissante ;)
Ouuuuuh @paradox, passionnante cette vidéo ! Un peu frileuse la philosophe en revanche. Un penchant pour le discours du maitre de conf' en histoire visuelle. Son approche sociale est primordiale à mon sens.
Et Catherine Baker, je connais mais je trouve Ricordeau plus actuelle dans son approche 🙂. Cette ressource du texte en entier par contre, pépite !! Je vais la faire tourner tiens. Merci pour tes partages.
PS : pour les statues aucune mention de les éliminer non plus dans ce que je disais précédemment. Mais puisque tu en parles : les placer dans un musée avec les informations comme tu as dit oui. Et mieux, les remplacer en érigeant des statues (en nommant des places, des rues,) de personnes qui ont réellement combattu, lutté pour la justice et la liberté, ont été des artistes essentiel.les pour la France. Toussaint Louverture, Solitude, Les Soeurs Nardal etc. Décoloniser l'esapce public en somme 🙂. Mais ça, c'est un autre sujet, même si tout est interlié héhé.
Salut @Lomey, salut tous / toutes. 🙂
citation :
Décoloniser l'espace public en somme ?. Mais ça, c'est un autre sujet, même si tout est interlié héhé.
Effectivement, tout est lié car c'est comme une sorte d'éveil. Enfin!
Je ne suis pas pour les déboulonnage, personnellement et paradoxalement, (par crainte de l'effacement rapide de Histoire, surtout pas par conservatisme aveugle, non non.)
En tous les cas, c'est un sujet qui mérite effectivement, à notre époque, d'être en débat sur la place publique.
Bonne soirée à tous / toutes.
Hiné.
Wahou, je l'avais pas vu celui-là, ça chauffe dur !
Bon, une petite pierre à l"édifice, Dali, LE peintre surréaliste largement adoubé par Breton s'est affiché complétement pour le fascisme. Au bout de 4 ans, il a été viré du groupe de Breton.
Il y a d'autres exemples du genre. Je pense que les auteurs ne sont pas différents des autres hommes ou femmes. La proportion de travers et autres déviations reste la même... sauf qu'on parle plus de ceux-là que de la majorité qui ne fait rien de mal.
Et là, on touche un autre fait, cette tendance au voyeurisme du quidam, largement relayée et amplifiée par les médias. Du coup, la perception de l'état réel de la société et du monde est complètement faussée.
Hey bien le bonjour à toi @Hinenao !
Je dirais même une sorte de vertige... casser la binarité, la dualité toussa toussa 😬
Je comprends totalement la crainte de l'effacement de l'Histoire. D'où les musées OU le fait d'aposer des plaques explicatives sur les statues, en dessous des noms de rue etc.
@Kobayashi Merci pour la pierre à l'édifice !
Hmmm... la perception du monde biaisée sûrement (comme à peu près tout), faussée je ne pense pas. A mon sens, les méfaits de ses artistes servent d'effet loupe sur ce qui a de cyniquement banal dans le quotidien (les agressions sexuelles, la pédocriminalité, les féminicides); nous permettant ainsi d'interroger ce quoitidien socialement.
Salut. 🙂
@Lomey
Tout petit com, pour ne pas faire trop dériver le sujet. Si pas de déboulonnages, à 200% d'accord par contre pour faire apposer des plaques explicatives en plusieurs langues en bas des statues, et sous les noms de rues des beaux salauds qu'on ne peut rayer facilement des plans des villes. Si l'Histoire y est narée avec justesse, c'est la meilleure alternative, en effet. (et, très loin de Bordeaux ou de Nantes, par exemple, la Polynésie en aurait, elle aussi, bien besoin.)
@Lomey, intéressant, je vois que les effets de Dada, prolongés par le surréalisme, ne sont pas épuisés 😂 .
Ils voulaient éradiquer l'art et rendre la création au peuple. Bilan presque un siècle plus tard, l'art subiste et a bien absorbé le no-art sous toutes ses formes.
Alors, oui, il est difficile aujourd'hui de distinguer ente la performance et le happening avec revendications.
Le raz de marée du web 2.0 a presque tout emporté. On voit des galleries très haut de gamme engager des rappers pour danser devant une oeuvre et faire un post sur insta.
Le metavers commence à rebattre les cartes, pour mieux refaire ce qui existe de manière un peu différente, un nouveau cycle.
Bonjour @Lomey, nous n'avons pas encore eu l'occasion d'échanger ensemble et j'espère que cette première fois permettra quand même de poursuivre sereinement car je risque de ne pas te faire plaisir (tout comme je risque de perdre des « amis » ou le peu de qualités qui m'étaient peut-être allouées par et pour certains 😄)... Ton commentaire-exposé initial me terrifie 😬...
Le problème avec le « tout savoir et tout dire » sans l'exigence d'appuis et recul historiques fournis est que les informations données sont forcément parcellaires donc orientées. C'est comme cela que «la morale tout azimut » sape le terrain de l'éducation à l'esprit critique capable de rendre la connaissance émancipatrice, qu'en plus de renforcer l'ignorance elle cultive l'injustice et la violence.
Mettre des étiquettes rapides et exhaustives pour argumenter un jugement ne fait que détourner le regard des problèmes de fond et générer des tensions plus que des solutions. Le regard critique suppose un accompagnement et l'affichage public une objectivité sans failles sous peine de provoquer les mêmes effets que ceux dénoncés.
Aux exemples donnés ici, en plus de compléter les biographies et de réfléchir à la bonne manière de mettre les événements en perspective pour qu'ils soient constructifs, il faudrait citer ces îles qui aujourd'hui comptent plus d'hommes que de femmes battus et dont personne ne parle... de l'inceste faisant encore partie des us et coutumes chez certains... des origines et de tous les acteurs liés de près ou de loin à l'esclavage comme des pratiques inhumaines toujours d'actualité qui n'empêchent pas grand monde de dormir... etc...etc... Nous pourrions ainsi continuer dans de longues et interminables joutes qui n'amèneront pas les outils utiles au changement des mentalités.
Se battre directement contre une personne qui fait l'apologie de..., donner des éléments contextuels et complets pour permettre le regard critique qui sera source d'évolution, améliorer la diffusion des données historiques pour une vue non exhaustive : oui. Mais effacer ou tronquer l'histoire, projeter seulement les arguments qui nous arrangent : non. Car c'est justement cela qui, une fois de plus, travesti la réalité et aveugle... Dire que nous vivons dans une société de culture du viol et de l'oubli est injuste et dangereux. C'est aussi cracher au visage de tous ceux qui se sont battus jusqu'ici pour faire avancer notre société, toujours imparfaite bien sûr mais bien réelle, et de beaucoup d'entre nous qui la portent aujourd'hui encore et au quotidien.
Juger cela s'apprend et demande une grande humilité et maturité, surtout lorsque cela participe à l'éducation collective. Cela demande également de regarder en face tout ce dont nous ne voulons pas nous séparer car cela touche à nos plaisirs individuels, tout ce que notre mode de vie met volontiers sous le tapis comme des sex-tape ou des pays qui n'ont pas de « Droits de l'Homme » chez qui nous allons donner des spectacles sur scène et dans les stades... par exemple, toujours. Ne nous trompons pas, les inégalités, l'exploitation de l'homme par l'homme, le harcèlement physique et moral, la maltraitance ne choquent pas encore tant que cela. Alors il faut savoir rester modestes et assumer de devoir d'abord/aussi oeuvrer soi-même pour espérer développer l'honnêteté et le respect tant revendiqués, sinon cela revient à vouloir construire de nouvelles statues sur des socles de sable...
Il me semble que si l'on s'entête à promouvoir la posture de «lutte des uns contre les autres» au lieu de cultiver celle de « tout le monde a le devoir de respecter tout le monde » nous entretiendrons des comportements tout aussi meurtriers que les précédents, créant même de nouvelles injustices par des revendications porteuses de haine. Et il pourra légitimement être considéré que nous en sommes les acteurs, nous aussi. Attention aux étiquettes, c'est pire que les murs...
Ou comme l'a écrit Léo Ferré, dont le mode de vie ne plaira pas à tout le monde *après être allés pêcher à la ligne dans la grande encyclopédie universelle du Net pour savoir si cette personne doit être considérée comme respectable et si cette référence peut être jugée comme recevable* : « ... ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale, c'est que c'est toujours la Morale des autres ».
Salut @MaisEncore, ton message au delà de me plaire ou non, permet de nourrir l'échange. Et je te rassure, j'ai vu bien pire en terme d'objection lors d'échanges que je considérais à tort comme fructueux et constructifs ;). Mais je vais passer le ton paternaliste et presqu'agiste qui transpire dans tes mots... "humilité, maturité".
J'affirme mes dires : nous vivons dans une société, dans un monde où la culture du viol, est prégante. Derrière ces mots il y a des études de sociologie, de l'Histoire des féminismes, il y a la silenciation des victimes et le pardon social accordé aux bourreaux, parce que la racine du problème n'est pas traitée, je te le donne en mille : le patriarcat ! Et les lignes bougent, je te l'accorde. Mais ce n'est pas assez ! Je n'ai pas le luxe d'être contentée. Je vis tout ça dans mes chairs, autour de moi, dans mes familles choisies ou non. Et justement les personnes qui font trembler ces lignes sont les personnes qui dénoncent, qui n'ont pas peur de dire et de dénoncer, d'entrer dans des collectifs et de lutter. Ce que je fais à mon humble niveau. La vie me sert tous les jours des leçons d'humilité et la lutte est une vaste école de maturité, de solidarité, et de collision contre le réel. Mais je continue.
Alors je ne pense pas que la morale a été l'argument brandi dans mes écrits. Je parle en effet d'éthique qui à mon sens, soutend l'idée du Juste. Et surtout, j'ai donné mon opinion de ce que je fais moi, personnellement de manière égotiquement individuelle, face à cette question de dissociation. Aucune prescription morale exigée. En revanche je m'interroge au niveau social.
As-tu vu la vidéo partagé par Paradox ? Je t'invite fortement à la voir, nourriture spirituelle d'une finesse...
Je vais avancer des choses un peu abruptes : l'objectivité que tu fais ton argument principal contre la morale, n'existe pas. L'objectivité, la neutralité historique, journalistique, scientifique n'existe pas. Tout est toujours inscrit, situé pour ne pas dire construit. Et la question "faut-il dissocier l'auteur de son oeuvre" porte en elle toute la société entière. A partir de là, je me situe en toute lucidité dans mon penser et agir au monde. Je ne projette pas des arguments qui m'arrange, j'apporte et j'éclaire des angles mots.
citation :
il faudrait citer ces îles qui aujourd'hui comptent plus d'hommes que de femmes battus et dont personne ne parle... de l'inceste faisant encore partie des us et coutumes chez certains... des origines et de tous les acteurs liés de près ou de loin à l'esclavage comme des pratiques inhumaines toujours d'actualité qui n'empêchent pas grand monde de dormir... etc...etc...
Oui, certes. Mais le fil s'interrogeait dans le contexte particulier de la France (ou plus largement de l'Occident).
L'argument "regardez ailleurs c'est aussi la merde", bien sûr! Je t'assure qu'il y a des gens que ça empêche de dormir... Après, au niveau sociétal c'est autre chose en effet. Les médias ne sont pas en reste dans ct'affaire. En tout cas, il y a des personnes, des associations, des collectifs dans ces zones hors occident (que tu ne nommes pas d'ailleurs, pourquoi ?) qui font le travail de réflexion et de militantisme pour que les choses changent. Même si des coalitions antiracistes se font, des alliances féministes se font, mais loin d'une démarche d'ingérence à la sauce féminisme-blanc-sauveur-de-petitEs-africainEs-désoeuvréEs.
"Ne nous libérez pas, on s'en charge!", ça, ça me parle.
Bonne soirée !
@Lomey, j'avais bien capté le contexte particulier de la France et soyons direct, de Paris. Car oui, aujourd'hui et depuis presque un siècle, vu de l'international, l'art français se résume à Paris.
Le problème c'est que malgré les efforts démesurés de Malraux, les gouvernements d'après guerre, au moins jusqu'à Pompidou, ont systèmatiquement étouffé la création française. En cela, Dada et sa clique surréaliste ont bien préparé le terrain, d'abord en annihilant les moyens de créations, pour soit disant les rendre au peuple (qui ne demandait rien...), puis en diluant ce qui a survécu dans les affres de la mode et du luxe, donc de l'industrie, anti-thèse de la création artistique. De ce point de vue, cela a magnifiquement fonctionné. Nous avons des salons d'art de stature internationale, idem pour la mode et le luxe.
Par contre, les artistes en France n'ont plus de place ou presque. Ils peuvent petitement survivre dans les maigres structures existantes, sous l'égide de l'état, ou alors partir, loin, très loin. Le fait que l'on se gargarise encore de Soulages, en 2022, jusqu'à l'exposer au Louvre (petite salle quand même), résume superbement l'état de putrécensce des institutions françaises. Au passage, Soulages est un relicat de l'époque de Dada / surréalisme, qui a su naviguer et a bien profité de Pierre Matisse et de son implantation à New York à la belle époque.
Donc, non, on ne peut séparer l'auteur de son oeuvre, qui peut être multiple. A tel point que des auteurs restent inconnus pour éviter la presssion sociale, par exemple Banski.
Il y a aussi hélas nombre d'artistes qui se sont suicidés. On les a oublié.
Ce sujet est train de faire apparaître un certain fossé. Symptomatique des dissensions qui fleurissent chez les militants radicaux. Et par extension chez les gens qui se questionnent sur la suite, le comment.
Perso, je suis d'accord avec ce que dit @Lomey, sur le fond, sur la façon de le dire, sur la réaction viscérale que peut engendrer toutes ces oppressions.
Que nous tentons tous de combattre à notre façon, à notre niveau, du militant collectiviste à l'individu individualiste (au sens philosophique du terme, hein ! pas égoïste). Les oppressions que nous vivons. Puis celles que nous côtoyons, celles que nous voyons, celles que nous ressentons. Et qui nous font mal.
Mais je suis aussi d'accord avec @MaisEncore, cette peur que la réaction soit trop arbitraire.
On est en plein dans un dilemme de base. Et, ayant vécu ça tout au long de vie d'acteur dans la construction d'un autre monde, je n'arrive absolument pas à trancher.
Il est question ici des moyens à mettre oeuvre, pas du fond. Sur lequel, il me semble, nous avons nombre points de convergence.
En tant qu'électron libre au milieu de tous ces questionnements. Et de ces pratiques qui tentent à être « autre », qui expérimentent et qui se percutent, qui avancent ou qui stagnent ;
En tant que chercheur d'entente, d'éponge à conflit, et dans l'optique de mettre en valeur les deux parties, je trouve que la question devient : comment construit-on avec tout ça ?
Parce qu'en vrai, si je trouve que s'il existe un certain antagonisme, je ne peux pas m'empêcher d'y voir une certaine complémentarité. Ça ne doit pas s'annuler mais se nourrir.
Autant je préconise la tempérance, autant je comprends l'urgence et la réaction qu'elle engendre.
Je voudrais rajouter.
Pour faire l'avocat du diable sur la question de base.
Je fais de la musique, j'écris des textes, je fais des collages photos. Je dérape une fois (salement, je vous l'accorde, pour l'exemple), et ce que j'ai fait n'a plus le droit d'être appréciable ?
@Lomey, mon message n'était pas une objection (sinon il aurait été plus argumenté et précis) mais l'expression de mon ressenti vis à vis de tes propos ainsi que la mise en lumière des dangers du permis de juger auto-proclamé réducteur et de la diffusion de formules qui tendent à développer la violence « ordinaire » (🤔). Quand à mon soucis de risquer de ne pas te faire plaisir, il relevait plutôt du fait que j'allais à contre-courant de l'humeur ambiante ou échanges du moment puisqu'il semble que je sois la seule à être choquée.
Donner « mon avis » pour donner « mon avis » ne m'intéresse pas, je participe aux forums pour tenter d'avoir des discussions enrichissantes avec et pour tous (moi inclus). Aucun ton condescendant de ma part donc, jamais.
Et si les mots humilité et maturité te font penser à des intentions moralisatrices (pour le coup) et dépassées cela va limiter nos échanges car il me semble que ce sont justement ces notions (pour ne pas dire forces et armes) qui permettent de changer les choses durablement. Leur expression visait tout le monde, moi y compris, personnellement je tente de m'en souvenir et d'y travailler tous les jours car je les pense indispensables. C'est visiblement sur ces *fondamentaux* ou *fondations* que nos intentions individuelles et personnelles ne trouvent pas les mêmes énergies.
Ce qui devait transpirer de mes écrits était la dénonciation de l'usage -conscient ou non- de la violence pour traiter la violence... mais c'est peut-être moi qui me suis mal exprimée... et je regrette que ce soit la seule chose dont tu ne parles pas en retour. À cela tu préfères préjuger de ce que j'ai fait ou pas fait, ce que j'ai dit ou pas dit et même donner une partialité à mes propos qui se voulaient ne pas en avoir ou seulement en faisant le parallèle avec les tiens...
Quand à penser que l'on puisse être lucide sans passer par la case objectivité (au moins être dans sa recherche) me semble contradictoire, comme de manière plus générale penser que l'objectivité serait le *lissage* de la réalité ou *un moyen de faire baisser la pression*.
Moi aussi je sais de quoi je parle, moi aussi je me bat tous les jours contre l'injustice et la misère sociale. Mes propos n'ont jamais évoqué un quelconque manque d'expérience de ta part mais les effets agressifs de postures qui dénoncent en stigmatisant.
Et si tu m'avais renvoyé que l'humilité et la maturité ne permettent pas, à ton avis, de changer les choses cela aurait probablement porté une discussion enrichissante, à mon avis. Mais laisser entendre qu'il est curieux que je ne mentionne pas des structures & militants de tous pays et finir sur le cliché « ...une démarche d'ingérence à la sauce féminisme-blanc-sauveur-de-petitEs-africainEs-désoeuvréEs » est précisément l'exemple de ce que peuvent porter des jugements hâtifs et caricaturaux. Me concernant, ils sont bien loin de ce que je suis et de ce que je peux exprimer, tout comme ils ne font que perdre de vue les problèmes de fond et leur traitement possible par des actions concrètes et quotidiennes... ça, ç'aurait été intéressant... et cela me dérange profondément, bien au delà de ma petite personne.
Je ne crois pas, alors, qu'il soit pertinent de continuer nos échanges qui ne font pas discussion, en tout cas cela ne m'en donne pas l'envie. Je vais en rester là pour ceux-ci, même si je trouve ça dommage. On retentera peut-être une autre fois... 😉.
Attention @Kobayashi, si tu parles de Malraux il va falloir que tu parles des temples qu'il a pillé etc... etc... 😄
@paradox, je n'ai pas peur que les réactions viscérales soient arbitraires, elles le sont pas définition et chez chacun de nous... Je dis que l'expression publique de celles-ci comme étendards généralistes est contre-productive et dangereuse car elle crée de nouvelles injustices, qu'il manque une étape avant d'arriver à un militantisme pleinement constructif. Celle du passage du ressenti intime et individuel à celui de la volonté d'un changement collectif et durable, passer de la victimisation à l'émancipation. Alors oui c'est difficile de passer par dessus les sentiments et ça fait mal aux tripes... mais pour moi il n'y a pas de dilemme il y a juste une étape à franchir, celle de l'abnégation qui rend plus fort et qui permet de se battre pour tout le monde et sans compromission... La raison ou tempérance n'implique pas l'attentisme ou la tiédeur... loin de là. 😉
@MaisEncore, intéressante cette histoire sur Malraux. A l'époque, c'était le far west, même à Paris. Picasso se promenait avec un pistolet et mettait ses oeuvres dans des coffres. Et en l'occurence, c'est une histoire d'amour mélée à une révolution. L'histoire montre que l'amour et le pouvoir ne font jamais bon ménage, n'est-ce pas ? 😂
@MaisEncore J'entends bien tout ce que tu dis. Mais sans rentrer dans le détail, ce que j'approuve, c'est le soucis d'efficacité, le côté contre-productif que tu pointes. On rame déjà tellement.
Et "il manque une étape avant d'arriver à un militantisme pleinement constructif", ben c'est bien de ça que je parle et pour lequel j'ai insisté que ma position n'est pas de trancher mais de faire communiquer et surtout de concilier car je reste persuader que l'on peut construire malgré les dissenssions, voire grâce à elle. Mais c'est un autre sujet que le fil de départ. On est dans la pensée complexe et l'auto-organisation chères au mouvement convivialiste, par exemple.
Je dissocie l'oeuvre et l'auteur. Je peux par conséquent trouver que les textes, la musique de Cantat sont à mon goût. Pour moi, cela n'a rien à voir avec sa personne, son comportement. Par contre, je n'irais pas voir un de ses concerts parce que j'aurais l'impression de donner quelque chose à la personne.
Pareil pour Hitler. Je pourrais lire son livre afin de comprendre sa pensée mais s'il était vivant, je n'irais certainement pas écouter son discours.
Comme certains l'ont dit plus haut, beaucoup de personnes dans la littérature, le cinéma ou autres ont eu des comportements que je réprouve. Cela ne m'empêche pas de m'intéresser à l'oeuvre. Et je me dis souvent que l'on ne sait pas tout. Certains agissent selon la médiatisation des actes commis. Or, l'auteur du livre que je lis actuellement est peut-être un connard qui frappe sa femme, viole son gosse ou commet des actes racistes! Mais ce n'est pas (encore) médiatisé!
@authentique, cela pose la question de l'ontologie de l'artiste. Et par extension, de l'art pour l'art, qui a énormément grossit au XXème siècle...
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