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- "tom annonce qu'il est autiste : il perd son contrat de travail et se retrouve sans école"
Une info assez dérangeante
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/tom-annonce-qu-il-est-autiste-il-perd-son-apprentissage-sa-formation-devient-incertaine-1734801.html
La différence fait peur, et on préfère la faire disparaître que l'apprendre à la connaitre. Est-ce que la présence d'autiste dans les séries TV (je pense à Good DR, mais je crois qu'il y en a d'autres..) vont changer le regard des gens ? pas sur ! Cela reste très caricatural.
Par contre, la discrimination dans l'emploi, j'ai connu. J'ai travaillé en insertion sociale et professionnelle. La moitié des bénéficiaires que j'accompagnais avait une reconnaissance de travailleur handicapé. Tous étaient mal à l'aise de parler de leur handicap aux employeurs, mais quand il s'agissait d'handicap psychique comme la bi-polarité, schizophrénie, épileptique etc.. c'était impossible pour eux. Les représentations (souvent fausses) sont trop prégnantes et les employeurs ne prennent pas de risque. C'est souvent la double peine pour ces personnes qui sont donc obligées de faire semblant 8h/jour pour cacher leur singularité (avec le stress d'être percé à jour), sans pouvoir profiter des compensations que leur état de santé leur donne: aménagement de poste, d'horaire, aide financière pour l'employeur etc... L'inclusion est un mot que l'on voit partout mais qui est loin d'être dans les faits.
Effectivement, comment ne pas être gêné, notamment face à un employeur (et donc les collègues..) si on se trimballe l'étiquette handicapé psychique? Pour la plupart des gens, ça veut tout simplement dire taré
J'ose espérer que l'inclusion des élèves en situation de handicap psychique ou neurologique dans l'école classique permettra d'avancer dans la connaissance de chacun dans ces domaines...
Il faut l'espérer Juliette...
Bien que les choses-actions concrètes--avancent trèèès lentement. 😶
L'inclusion scolaire à 100% existe dans d'autres pays mais quand on regarde de près on s'aperçoit que le fonctionnement de la classe est totalement différent de ce qui existe en France. La principale différence est qu'il n' y a pas qu'un seul adulte avec un groupe d'enfant. En France on parle d'inclusion, or dans les faits, les enseignants font de l'intégration. Ils ne sont pas assez formés et ont l'impression que l'accueil dans leur classe d'enfants "différents" vont leur apporter du travail supplémentaire. Or, s'ils font des exercices différents pour un élève, c'est de l'intégration et non de l'inclusion. Il y a une différence de traitement. Par exemple, il existe une police d'écriture qui facilite la lecture des dyslexiques, si l'enseignant l'utilise pour tous ses cours, les élèves dys ne se trouvent plus en situation de handicap par rapport aux autres car tout le monde peut lire le texte. Par contre est-ce que ça change leur regard d'adulte plus tard...je ne sais pas.
@Cath4 : je pense que ta formulation concernant la dyslexie manque de précision. Malheureusement, aucune police d'écriture ne règle la dyslexie. Certes, il convient d'éviter les polices fantaisistes, et on peut conserver la même, sobre, pour tous les élèves. Mais en faisant cela, on se contente de ne pas ajouter une difficulté supplémentaire pour les élèves dyslexiques.
Cette semaine, j'ai fait faire une dictée à mes élèves de 5ème. J'ai deux dyslexiques lourds, dont une non-suivie depuis des années, car les parents ont toujours refusé de voir le problème. Ils acceptent enfin de le faire cette année, car ils viennent de comprendre que, sans suivi, ils n'auront aucune légitimité pour demander des aménagements pour le brevet. Pour eux, j'ai préparé une dictée spéciale, dans l'esprit de ce qu'ils auront au brevet (dictée fautive et à choix multiple). Cela m'a pris du temps supplémentaire. À la dyslexie est souvent associée une certaine lenteur. Lors des évaluations, il faut aussi y penser, soit en adaptant le sujet (si on veut faire les choses bien, c'est pas juste enlever le dernier exercice, qui évalue autre chose que les précédents, et sur quoi l'élève dyslexique doit aussi être évalué. Il faut donc réfléchir à tout le devoir et à l'adaptation du barème), soit en laissant plus de temps à l'élève concerné, mais les autres ne vont pas attendre sagement qu'il ait fini, donc il faudra leur faire faire quelque chose de pertinent, mais que l'élève dyslexique puisse rattraper...
Ce ne sont que deux exemples, et il faudrait les multiplier pour chaque activité, chaque matière... Et surtout chaque élève, car un dyslexique n'est pas l'autre, et les adaptions préconisées ne sont pas les mêmes...
Bref, en ce qui me concerne, prendre en charge des enfants différents est autant une richesse qu'une immense frustration, car je sais que je ne suis pas au top pour chacun d'entre eux, tout comme je ne le suis pas pour les élèves sans aucune particularité, qui sont aussi tous différents, travaillent à des vitesses différentes, s'intéressent à des choses différentes, etc.
Sinon, pour revenir à l'article partagé par @Merlin, je pense que la société (et l'école également) est passée d'un extrême à l'autre concernant les handicaps ou particularités. Longtemps, soit on pouvait suivre "avec tout le monde" (sans adaptation quelconque), soit on pouvait pas, et c'était l'enseignement adapté. Il restait au milieu de ça une zone de flou, pour les personnes capable d'arriver au même résultat que tout le monde ou presque, mais avec des aménagements.
Je pense que bon nombre de dyslexiques sont passés par des SEGPA (ou leurs ancêtres), alors qu'ils étaient tout à fait capables de suivre les cours traditionnels pour ce qui est du contenu, mais avec une adaptation dans la forme. L'idée qu'une personne puisse à la fois faire des dizaines de fautes d'orthographe mais néanmoins être intelligente ne semblait pas aller de soi. Avec les progrès des neuro-sciences et autres, on a révisé ce jugement, mais on a "oublié" la partie "adaptation". Un peu comme si on disait : "Bon, ben puisque finalement, vous êtes aussi intelligents que les autres, vous n'avez qu'à faire comme eux. Vous voulez être intégrés ? Ben intégrez-vous !"
Au final, aucun des deux fonctionnements n'est satisfaisant. Bien loin de moi l'idée de remettre en cause l'inclusion des élèves en situation de handicap (quel que soit le handicap, moteur, psychique, ou autre), parce que c'est ce vers quoi il faut tendre, évidemment, et ça n'arrive que bien trop tardivement. A titre personnel, je le fais du mieux que je peux, au fil des années et des cas individuels que je rencontre, mais je sais qu'au final, je ne fais pas vraiment bien, parce que je ne peux pas être spécialiste de toutes les différences. Et tous les enfants ne sont pas égaux face au handicap : pour reprendre l'exemple des dyslexiques, qui est le plus courant, c'est tellement plus facile d'aider un enfant qui est suivi par un orthophoniste prenant le temps d'envoyer au début de l'année la liste des aménagements à opérer qu'un enfant qui n'a jamais reçu la moindre aide par un professionnel.
Je regardais ce matin une émission de témoignages sur des enfants "privés d'école" pour des raisons diverses, allant du harcèlement à des maladies physiques, avec différents degrés entre les deux, et l'une des mères disait, et difficile de ne pas lui donner raison, qu'investir aujourd'hui pour aider son fils (dyslexique, je crois, mais je ne suis plus sûre) serait bien plus rentable pour l'état que de le laisser se débrouiller, car avec la lourdeur de son handicap, sans aide aujourd'hui, il aura bien du mal à trouver du travail dans quelques années. On lui a déjà répondu qu'il vivrait de l'AAH. Sauf que ce jeune homme est apparemment doué pour l'informatique, et pourrait tout à fait s'assumer plus tard, si on lui donnait le coup de pouce dont il a besoin aujourd'hui. Bien sûr, il serait très certainement plus épanoui s'il pouvait se réaliser dans un domaine qui lui plaît qu'en vivant d'une allocation permettant juste de survivre... Et même si la logique comptable quand on touche à l'humain me gêne, force est de constater que, dans ce cas, même cette logique-là n'est pas respectée.
@Fanny-146 Je ne voudrais surtout pas que tu penses que je remet en cause le travail des enseignants. Ce n'est pas du tout mon propos. 😉 En ce qui concerne la police d'écriture je t'invite à lire ceci http://docnum.univ-lorraine.fr/public/SCDMED_MORT_2010_KLEIN_VIRGINIA.pdf
La dyslexie ne se guérie pas, en tout cas pas encore. Certains chercheurs ont fait des liens entre dyslexie et le niveau de focus des yeux, (si j'ai bien bien compris, car c'est technique 😋 ). J'explique simplement que cela ne demande pas de travail supplémentaire pour un enseignant de l'utiliser pour faciliter la lecture. Par contre, ce que tu décris pour la dictée, reviens à ce que je disais: on fait de l'intégration non de l'inclusion car institutionnellement il n'est pas possible de faire autrement. Le problème de l'intégration, à mon sens, c'est que cela stigmatise les élèves concernés. L'inclusion qui est sans doute une utopie, demande à repenser complètement l'école (les classes par niveau, l'enseignant unique etc..) ce n'est pas près de se faire. Comme tu le dis si bien, on veut faire rentrer dans une case déjà établi des personnes qui ne correspondent pas à la norme. Si on veut inclure les personnes handicapés, c'est la case qu'il faut changer, pas la personne.
En même temps, aucune case ne contiendra jamais tout le monde, dans le sens où aucune activité ne sera jamais également accessible à tous les enfants. Et la stigmatisation vient du regard qu'on porte sur la différence, pas de la différence en elle-même. Et là dessus, le boulot est immense, je pense même qu'on recule...
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