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Cet espace d'expression pour les textes de votre composition, en tout genre (articles, extraits de roman, d'essai, micro-nouvelle, billet d'humeur, impro, sketch...) et sur tout sujet - la seule contrainte : des textes courts, une ou deux pages max.
Ici pas d'évaluation, ni de jugement, juste de la gratitude pour avoir osé ouvrir une petite part de son intimité. Venez nombreux ! Et avec plein de jolis (petits) cadeaux ! :)
"Vous pensez que votre douleur, votre peine de coeur, sont sans précedent dans l'histoire du monde, puis vous lisez. Ce sont les lives qui m'ont appris que ce sont précisément ces choses qui me tourmentent le plus, qui me connectent avec les êtres vivants, ainsi que tous les êtres qui ont jamais été vivants."
James Baldwin
L'Intolérance est une chance
Lorsque l'on pense intolérance, on pense généralement obscurantisme, sectarisme, fermeture, division - l'étape qui précède la manifestation de la violence.
Mais les temps sont au changement, et rien ne semble pouvoir y échapper. Et si l'intolérance était finalement notre espoir, notre remède, notre chance ?
Si l'on déplace le terrain de l'intolérance de l'idée au ressenti, de l'imaginaire au factuel, de l'intellect au corporel, du rationnel au viscéral : alors, il se pourrait que celle-ci passe du statut de faiblesse, à celui de force.
L'estomac, justement : lorsque celui-ci ingère une substance qu'il juge nuisible, à sa propre santé comme à celle de l'ensemble de l'organisme auquel il appartient, il effectue quasi-immédiatement, de concert avec le cortex et le tronc cérébral, un acte instinctif de survie, par le rejet brutal de la substance nocive, acte appelé « vomissement ». Durant cet acte de protection de soi-même, l'estomac, le cerveau, et tous les autres organes impliqués dans l'acte du vomissement, font preuve d'une intolérance brutale : on ne négocie pas, on n'argumente pas, car on n'écoute pas, on ne prête aucune attention au corps étranger jugé nuisible : on l'extrait sans ménagement.
Nous sommes de plus en plus nombreux à nous comporter ainsi : à gerber le monde qui nous entoure, pour la simple raison que nous sommes de plus en plus nombreux à développer de plus en plus d'intolérances en tous genres. Le monde dans lequel nous vivons, le monde que nous inventent, conçoivent, construisent et entretiennent les valides, les tolérants, les opérationnels, les dominants (tout comme chacun de nous, à chacun de faire ici son autocritique), est de moins en moins supportable. L'air que nous respirons, l'eau que nous buvons, la nourriture que nous mangeons, le climat dans lequel nous vivons, le rythme auquel nous sommes sommés d'agir, les croyances auxquelles nous sommes encouragés à croire, les valeurs auxquelles nous sommes contraints d'adhérer, les devoirs qui nous sont imposés, créent, dans nos corps physique et mental, de plus en plus de réactions de rejet, manifestées par des maladies, des allergies et des intolérances à la croissance exponentielle.
Notre esprit rationnel fait tout ce qu'il peut pour les ignorer, au nom du savoir-vivre, de la politesse, de la civilisation, du vivre-ensemble, mais nos organes incultes ont un autre avis sur la question.
En vrac, et pour ne mentionner que la partie émergée de l'iceberg : gluten, produits laitiers, sucre raffiné, sulfites, colorants alimentaires et conservateurs, pesticides, ondes électromagnétiques, pilule contraceptive, médicaments antibiotiques et anti-inflammatoires, fibres synthétiques, produits chimiques artificiels, produits de nettoyage, latex, plastique, solvants, cosmétiques, écrans solaires, shampoings ; nationalisme, capitalisme, socialisme, consumérisme, catholicisme, judaïsme, islam, rationalisme, scientisme, technologie, progrès, travail, hyperactivité, réalités virtuelles, démocratie, république, état, marché, argent, propriété, race, tradition, rituel, héritage, famille nucléaire, morale, hiérarchie, domination masculine...
La proportion de population souffrant d'intolérances en tous genres est en passe de devenir majoritaire.
Nous, les éclopés, les fragiles ; nous, les intolérants, les faibles, les vulnérables, les inadaptables ; nous, les inaptes, les recalés, les incapables, les boiteux, sommes en passe de devenir la première force humaine planétaire. Nous, les lents, les improductifs, les handicapés, les hypersensibles, les efféminés, tels ces bancs de petits poissons inoffensifs se regroupant en nuages-lunes immenses face aux prédateurs des océans, nous apportons la nuit, l'obscurité, la face cachée du monde, aux requins affamés en quête de lumière pour mettre en application leurs tentatives de domination compulsives.
Le monde qu'ils nous ont inventé est en train d'accoucher sa bête sauvage, son Frankenstein, son elephant-man, son Quasimodo, et bientôt, nous, les malades, les monstres, les fantômes, les esprits, les primitifs, les sauvages, nous regrouperons, pour gerber de concert cette vision de la vie délétère, qui nous donne depuis trop longtemps la nausée aujourd'hui devenue insupportable.
Le temps est venu de redonner toute sa noblesse à l'acte du vomissement, projection surpuissante spectaculaire sans aucun compromis, rejet brutal, déterminé, inébranlable, qui mobilise toutes les ressources du corps et de l'esprit, pour non pas tuer l'ennemi, juste l'extraire de notre monde, et le sommer de quitter notre espace vital intime.
Le temps est venu de donner les plains pouvoirs à nos estomacs, de faire honneur à nos intolérances, et de les accepter comme une chance.
Bon, puisque tu as vraiment envie de partager et de donner du relief à ce forum en sieste passagère, je te propose le chapitre 9 de mon roman. Il est lisible sur le net si ça te branche.
Absorbé par la conduite en ville, j'entends sans y prêter véritablement attention les digressions dont sont capables mes putain de dialogues intérieurs. Néanmoins, j'ai l'impression que je comprends mieux les difficultés que j'ai pu rencontrer à la Clairière. Ce qui rassure mon ego, c'est que j'ai quand même contribuer à construire deux trois trucs, là-bas, cela équilibre avec le manque de profondeur relationnelle. On se gratifie comme on peut.
Je stoppe à un feu dans un coin popu et animé. On sent brutalement la boboïfication étendre sur la vie de quartier ses comportements artificiels, codifiés et hypocrites. Avec cette accumulation de centres commerciaux à ciel ouvert, l'inéluctable répression de l'effervescence populaire gagne continuellement en omnipotence. On pourrait jouer au fameux jeu du "Chercher un regard avec quelqu'un dedans".
Et comme partout, résistent encore à la déshumanisation quelques vieilles, quelques manchards, quelques tarés.
Juste à ma droite, sur le trottoir, mains dans les poches d'un large pantalon, chapeau mou sur le crâne, un grand-père, l'air penaud cachant mal une lueur finaude dans les yeux, et, mains dans les poches d'un large pantalon, casquette de traviole, un mouflet, l'air prématurément blasé, se font contrôler par trois flics usant d'un zèle foncièrement insolent. Ils n'ont apparemment rien pour prouver leur identité et se font embarquer illico dans le combi. Autour, personne ne bronche. Le feu passe au vert. Je m'arrache.
En sortant de la ville, je repense au manque de bol de ces deux-là, aux regards activement complices entre eux et, si je ne me suis pas illusionné, au rapide coup d'oeil du pépé m'informant qu'il acceptait la fatalité sans une once d'une quelconque résignation, m'éblouissant d'un cocasse courage enfantin qui ne me quittera pas de si tôt.
@paradox merci du partage. Ton ouvrage parle de quoi ?
Ça, c'est le quatrième de couverture :
« Quand nous parlons de la réalité ou que nous en souffrons, nous nous référons à un édifice dont nous sommes seuls architectes et que nous ressentons maintenant comme extérieur comme si c'était la vrai réalité vrai indépendante de nous. »
Donc, la description d'un événement ne fait que conter le film que l'on s'est fait. Si, en confrontant nos récits, on s'approche en théorie d'une certaine objectivité, en pratique, on s'invente une méta-réalité d'ensemble qui permet de lever le nez de son nombril sacré et de comprendre qu'une vision du monde plus tangible, et nous avec, notre identité, notre liberté, se construit dans la relation.
Cette leçon, le narrateur, prenant du recul d'avec sa compagne, la recevra en pleine tronche au terme d'un périple sans consciente destination. Dans un étrange et beau refuge, cinq hétéroclites sociopathes se préparent déjà à l'accueillir. Ça cogite.
Ça parle de folie, du rapport entre indivdu et collectif, de musique et d'art brut, du lien entre politique et schizophrénie, de délire de fin du monde, de la théorie du chaos et du constructivisme, de la psychosomatique groddeckienne, d'une auto-analyse, et accessoirement de ma façon de bousiller ma vie affective à force de trop cogiter et de pas être capable d'en parler. J'ai tenté une catharsis pour éviter ça mais ça marche pas.
@paradoc "une vision du monde plus tangible, et nous avec, notre identité, notre liberté, se construit dans la relation."
pharse magique pour moi ! car actuellement je mets tous mes efforts pour revenir en relation, après m'être détaché du lien social, de l'affect, et avoir vécu en solitaire depuis trop longtemps. As tu résussi à revenir en relation, peu importe le type de relation en question ?
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