- Accueil
- Forums
- loisirs, passions et hobbies : Littérature
- Les surdoués et les autres (essais et documents) » par carlos tinoco, sandrine gianola, philippe blasco)
J'ai presque terminé ce livre et voulais partager cette citation avec vous.
« VINGT-DEUXIÈME HYPOTHÈSE : INTENSITÉ DU DÉSIR
Énoncé : pour celui qui ne peut structurellement pas travailler son angoisse par adhésion inconditionnelle aux récits collectifs, l'intensité libidinale investie dans la résolution de problèmes qui font sens à ses yeux est souvent nettement supérieure à l'intensité typique.
En d'autres termes : quand le « surdoué » s'intéresse à un problème, il y déploie un désir beaucoup plus intense que la moyenne. Le sens recherché par le sujet « surdoué » n'est, pas plus que pour n'importe quel être humain, un sens rationnel. Il s'éprouve et, sa fonction étant de travailler l'angoisse, son efficience tient d'abord aux émotions et aux affects qu'il induit. Là encore il est affaire de croyance, mais d'une croyance qui se fonde différemment. Puisque le sujet ne peut puiser sa foi dans la prescription de la norme, il doit la trouver ailleurs, dans un rapport à l'objet qui mobilise toute sa singularité. Bien sûr, chez certains, cela va passer par un surinvestissement de la quête du vrai : trop conscients des défaillances et des incohérences des récits qu'on leur propose, ils rechercheront sans cesse une loi qui vaille universellement. Ceux-là s'empareront du langage mathématique, seront assoiffés de science ou de philosophie ; lorsqu'ils sont croyants ils s'essaieront à l'exégèse ou à la théologie. À moins que, fascinés par la possibilité d'un contact direct avec l'essence des choses, ils soient attirés par des croyances mystiques. On voit d'emblée que la forme de la recherche aura des incidences importantes sur le type de mobilisation des différentes facultés cognitives : le raisonnement, l'intuition ou la pensée analogique. Chez de très nombreux « surdoués », la recherche du sens empruntera d'autres canaux : leur récit singulier ne passera pas par la médiation fantasmatique d'un vrai universel. Mais, dans tous les cas, l'urgence de cette recherche marquera profondément leur rapport au monde. Pour eux, un problème à résoudre n'aura jamais l'importance « normale ». Soit, il ne fera pas sens pour eux, et, en dépit de toutes les prescriptions, ils seront incapables de s'y atteler, soit il sera pris dans leur récit et ils s'y attaqueront avec toutes leurs forces. Aux abonnés absents ou présents avec une intensité surprenante, ils ne seront jamais là où la norme les attend. En outre, parce que ce sens s'éprouve, la place de l'émotion est cruciale. Pour reprendre le vocabulaire des sciences cognitives : les « surdoués » ne connaissent de cognition que « chaude », soutenue par les affects qui donnent son sens à l'objet. C'est pourquoi, également, on qualifie fréquemment leur relation à leurs affects d'hyper-émotivité. Nous récusons le caractère pathologique qui est sous-entendu dans cette expression, mais nous accordons une partie de ce qu'elle désigne : la recherche de l'intensité émotionnelle est constante chez beaucoup de « surdoués ». » (de « Les surdoués et les autres (Essais et documents) » par Carlos Tinoco, Sandrine Gianola, Philippe Blasco)
Commencez à le lire gratuitement: https://amzn.eu/c6u1USd
--------------
En déplacement, lisez gratuitement - télécharger Kindle pour Android, iOS, PC, Mac et plus
http://amzn.to/1r0LubW
Ben ouais, ce mec (et ses acolytes) a vraiment tout compris.
Bien joué d'avoir partagé ce passage limpide et très parlant. Mais ses deux bouquins sont pour moi indispensables. J'attends le troisième (qu'il dit prévoir) avec impatience.
"Soit, il ne fera pas sens pour eux, et, en dépit de toutes les prescriptions, ils seront incapables de s'y atteler,"
ça c'est source de gros soucis parfois ...
Peu importe l'injonction qu'il y ait à s'y atteler d'ailleurs. Vu que même avec le sens ça suffit pas toujours à s'y mettre, sans c'est même pas la peine. Ou alors si: tous les efforts sont parfois concentrés pour éviter d'avoir à s'y atteler, ou même carrément d'avoir à le faire tout court, sans subir aucun détriment.
Je dois pas être le seul dans ce cas.
edit:
et va donc expliquer ça à quelqu'un qui ne connaît pas ou ne vit pas ce mode de fonctionnement, jamais ça passe comme explication. Et pourtant c'est que la réalité. Simplement trop éloignée de la sienne.
citation :
paradoxle 22 mai 2021 à 18:36 o Ben ouais, ce mec (et ses acolytes) a vraiment tout compris.
c'est pas toi qui disais qu'il fallait faire attention aux gourous ? A moins que ça ne concerne que les gourous du web ?
Mais c'est que bien sûr ! Rien que quand je lis ce genre d'énoncé, ça me parle tellement, mais alors tellement...et je pense que ce genre de fonctionnement induit l'initiative, chose qui nous mène parfois où elle nous mène, puisque qu'il est quasi impossible de rentrer dans le moule sans se faire du mal...et je suis pas trop porté masochisme 😂
@Roth : c'est moi qui avait ouvert un sujet questionnant la véracité (ou pas) des propos de certains youtubeurs. Gourous ou pas ? Il s'agissait d'une question, non d'une affirmation. C'est marrant ce que le cerveau retient (ce n'est pas un reproche). Et dans tous cas, bien sûr il faut faire attention au gourous de tout bords si c'est ce que tu voulais dire 😉
Ce qui me parle, c'est l'intensité émotionnelle quand on s'investit à fond dans la résolution d'un problème, ou l'argumentation à l'encontre du récit collectif insatisfaisant qui nous paraît erroné.
Par contre, on peut tout à fait devant les incohérences du discours typique se désinvestir plutôt que de se battre contre des moulins à vent...
Pour celles et ceux qui aimeraient découvrir ce livre, voici les infos :
Les "surdoués" et les autres ; penser l'écart
Carlos Tinoco
Editeur : Lattes
Date de parution : 07/02/2018
EAN : 9782709658522
Nombre de pages : 508 pages
22,00
Biographie
Carlos Tinoco est normalien, agrégé de philosophie, enseignant et psychanalyste. À l'âge de dix ans, il a intégré l'un des premiers centres en France dédiés aux enfants dits « précoces » : Jeunes Vocations artistiques, scientifiques et littéraires. Père de deux enfants, il vit à Paris.
Résumé
D'habitude, la douance est décrite, jamais expliquée et on propose aux " surdoués " des outils censés les aider à s'adapter. Dans cet ouvrage, l'intelligence est replacée dans une perspective anthropologique, celle d'un être humain dont la conscience du temps et de la mort conditionne toute la cognition. Non seulement l'énigme des " surdoués " s'y résout, mais cela éclaire certaines angoisses généralement passées sous silence.
Dans ce livre il s'agit d'analyser la " folie " ordinaire, celle des gens " normaux " , pour en finir avec la prétendue " immaturité affective " des " surdoués " . Ce renversement de perspective permet aussi de modifier radicalement la manière de poser certains problèmes très contemporains : crise de l'autorité, crise des valeurs, quête de la subjectivité, mythe de la modernité désenchantée. On part ici de l'anthropologie, on emprunte à la philosophie, l'épistémologie, la sociologie, les neurosciences, la psychanalyse, mais il ne s'agit pas que de théorie : les auteurs travaillent aussi à partir de leur expérience concrète, de cliniciens, d'enseignants, d'êtres humains ayant vécu dans leur chair la souffrance de ce décalage parfois abyssal.
Parce qu'il y a urgence à comprendre pour sortir de la sidération.
https://www.ombres-blanches.fr/psychologie/psychologie-clinique/livre/les--surdoues--et-les-autres---penser-l-ecart/carlos-tinoco/9782709658522.html
@Laurent...
Je ne songeais pas au sujet que tu avais lancé, non, mais à un message dans une file, celui-ci je crois:
https://www.apie-people.com/forum/communaute/presse-conferences-emissions/le-pouvoir-de-l-intention-60802#60823
Mais il me semble que c'est quelque chose qu'il avait déjà abordé ailleurs, sans employer directement le terme, et peut-être avec un de ses anciens pseudos.
Terme qui (j'ai dû faire une recherche par mot clef sur le forum pour retrouver le lien plus haut), est étonnamment assez peu utilisé sur le forum, puisqu'on compte moins d'une cinquantaine d'occurrences en tout, pluriel et singulier confondus.
A moins de ne pas avoir lu qui était l'auteur du message, ce qui m'arrive de temps en temps, je n'aurais pas probablement confondu untel avec quelqu'un d'autre.
De mon côté je n'avais nen dire en particulier, je réagissais juste à sa phrase. Parce qu'elle allait à l'envers de ce qu'il me semblait avoir lu par lui ailleurs.
Mais aussi parce Tinoco suscite parfois une adhésion débordante, pour ne pas dire une forme de vénération. Pas d'avis perso tranché sur la personne je n'ai dû voir en tout et pour tout qu'une vidéo de lui. Certains points étaient intéressants, même si je n'étais pas forcément d'accord avec tout ce qu'il disait.
@Laurent... @Roth si, c'était bien moi qui avais parlé de gourou (terme quelque peu exagéré mais qui recouvre surtout le sens de manipulateur). Je fais quand même une sacrée différence entre entre quelqu'un qui introduit la quantique dans un discours sur le bien-être et un érudit en sciences humaines (comme Tinoco). Et je ne suis pas forcément d'accord non plus avec tout mais partir du prisme 'incapacité à adhérer d'emblèe aux récits collectifs et l'obligation de créer un récit singulier pour donner du sens aux choses' m'a ouvert les yeux beaucoup plus que tout ce que j'avais lu sur la douance. Et je trouve sincérement (après avoir lu ses deux premiers bouquins) que ses hypothèses partant de ce postulat sont incroyablement pertinentes, en tout cas me parlent et m'ont fait réfléchir dans le bon sens.
Mais @Roth, n'hésite pas, comme tu l'as fait (ou @Terence un jour), à me remettre à ma place quand je fais un peu trop mon malin ou entre dans une contradiction, ça ne me fait pas de mal.
Alors non, je n'ai pas voulu te "remettre à ta place", je ne me le serais pas permis, pardon si tu l'as pris sous cet angle mais j'avais trouvé le clin d'oeil amusant.
@paradox je voulais juste me moquier gentiment, te taquiner, rien d'autre 😜
Il te faut t'enregistrer sur le site pour participer aux forums.
Rejoins-nous vite !