Philosophie et spiritualité

Jean Jacques Rousseau

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Jean Jacques Rousseau
zozottele 07 janvier 2025 à 18:23

Hello tous !

Voilà donc un moment que je souhaite faire un fil sur Jean Jacques Rousseau, et un moment aussi que je me dis que c'est impossible.
Trop riche, trop profonde et difficile à retranscrire, voila je crois la pensée de Rousseau.
Ça peut vite être mal compris, déformé, transgressé. Un peu comme avec Nietzsche d'ailleurs peut être.
Mais je souhaite essayer tout de même, on verra bien où ça nous mène !
Rousseau part d'un constat, "l'homme nait libre, et partout il vie
dans les fers."
D'où cela vient il, et que faut il faire pour y remédier? Deux questions toutes simples, et pourtant difficile à élucider. Mais Rousseau va le faire, et d'une manière dont on ne parle pas assez : il remonte aux origines de l'homme.
D'ou nous viennent ces inégalités, ces conflits, ces guerres, ces pertes de liberté et de repères ?
Rousseau reprend tout depuis le début, cherche les causes de ces maux, les trouve, et nous donne les remèdes pour en sortir.
Il nous laisse en héritage des remèdes dont nous serions bien bêtes de ne pas nous servir aujourd'hui.
Mince, nous avons étés bien bêtes, mais il n'est jamais trop tard pour changer!
Je crée donc ce fil pour essayer de faire ressortir un peu tout ça, mais ce n'est pas tâche aisé, je vais donc y aller doucement !

Hinenaole 07 janvier 2025 à 23:52  •   123549

Pop-corn, siège! 🙂
A plus tard en lecture, Zoz'.

zozottele 08 janvier 2025 à 18:02  •   123573

J'espère que la place est bonne !😀

Pour commencer, prenez n'importe quel mal humain, au hasard.
L'orgueil, les préjugés, l'envi de pouvoir, les guerres d'égo.... La liste est longue.
Gardez aussi en tête que ce que j'écris ici s'étend sur des centaines de pages, c'est important.
Bien, nous y sommes.
Je prends l'orgueil au hasard, mais ça marche avec n'importe lequel.
Comment l'orgueil peut il naître chez l'homme ?
A sa naissance il n'est point orgueilleux, comment et pourquoi le devient il?
On est habitués à répondre l'éducation, mais ça voudrait dire que le problème vient des parents, donc des parents des parents, donc des parents des parents et ainsi à l'infini.
On peut aussi penser que le problème vient de mauvaises fréquentations, mais c'est la même chose en fait, les parents des parents des mauvaise fréquentations, etc etc.
Quel est donc le point zéro, comment l'homme devient il mauvais, alors qu'il nait innocent ?
De démonstrations en démonstrations, Rousseau nous emmène aux racines du problème : la sociabilisation.
Et c'est imparable.
En passant de l'état de nature à l'état civil, l'homme découvre la propriété privée, la possession, le pouvoir, la jalousie, les inégalités, l'orgueil, les conflits.
En se sociabilisant, l'homme ne peut éviter les conflits, et c'est en partant de ce constat que Rousseau va nous trouver des remèdes, à la fois collectifs et individuels.

Mais jenme demande si je ne suis pas déjà allé trop vite, vous me direz !

Hinenaole 08 janvier 2025 à 20:42  •   123576

citation :
J'espère que la place est bonne ! 😀

Excellente, comme toujours. 😉

citation :
A sa naissance il n'est point orgueilleux, comment et pourquoi le devient il?

Peut-être en premier lieu, il faudrait savoir par quel canal le devient-il avant de s'occuper du comment et du pourquoi? 🤔 Pas sûr que le fils du roi apprenne l'orgueil par la même méthode que le fils du serf. (L'un est automatiquement de droit divin par exemple, et l'autre se mange des sermons à l'église, donc pas le même trip... 😒) Bref, je mettrais bien là, pour illustrer, un beau schéma de Jakobson. 🤔

Ah bah! Plop!
Dis-donc, magie! 😀
L'image apparait en ce moment même, juste en dessous. 😋
(Rho, c'est quand-même drôlement bien fait, le progrès!)


citation :
Quel est donc le point zéro, comment l'homme devient il mauvais, alors qu'il nait innocent ?

Conséquence de la première grosse blessure d'émotion?...
...
Sidération de celui/celle qui s'est fait(e) prendre au piège et se promet ensuite de ne plus y retomber?...
...
Qui n'a pas eu un jour l'instinct de se dire: "Bon c'est bon! C'est fini!! Je ne me ferais plus jamais baisé la gueule." Et dans ces moments là, qu'est ce qu'ont fait? Bah on s'achète normalement une conduite, et on s'y tient. ...Des fois aussi au dépend de sa propre humanité.

citation :
De démonstrations en démonstrations, Rousseau nous emmène aux racines du problème : la sociabilisation.

Mais sans sociabilisation, que peut-on devenir? 🤔

Généralement, l'enfant sauvage n'a certes pas d'orgueil, pas même de méchanceté, mais il a peur. Et finalement, est-ce-que cette peur vaut le coup?
Voir le film ou lire le livre Nell pour comprendre ce que je veux dire (ceci étant, bien entendu un simple exemple parmi tant d'autres.)

.
.
..
...
Mais bon, et si finalement, l'illustration poétique de l'antithèse de l'orgueil, ne serait-ce juste pas simplement "If" de Rudyard Kipling? Car pour expliquer symboliquement à son fils comment réussir à dépasser le poids de la pire envie de se désociabiliser, perso, jusqu'ici, je n'ai jamais réussi à trouver mieux.

Et, en musique, siouplé! 🤘😄 (et oui, je sais que c'est la version texuelle de André Mauroit, au cas où on voudrait me le mentionner. [parce qu'elle est considérée comme étant une traduction imparfaite. Voilà pourquoi.]) voir la vidéo

Voilà, à plus tard.
Sinon, si tu veux un peu de pop-corn, Zoz', faut pas hésitez à te servir. Je les laisse là à côté du siège. 😉
Bise, poto.


Hiné.

Hinenaole 09 janvier 2025 à 01:55  •   123588

*erratum orthographique.

André Maurois,
avec un S.

S'cusez m'sieudames! 😊

paradoxle 09 janvier 2025 à 15:21  •   123598

Je vais faire mon casse-délire. 🥴

Le postulat rousseauïste qui prétend que l'homme est bon par nature et que c'est la société qui le pervertit est largement remis en question. En particulier par Edgar Morin dans L'humanité de l'humanité.
C'est exactement cela dont il parle avec l'expression homo sapiens demens.

Merlinle 09 janvier 2025 à 15:38  •   123599

D'accord avec @paradox. Il suffit de s'intéresser un peu à la préhistoire pour voir que la violence entre Homo Sapiens (et aussi au sein des différentes espèces d'hominidés qui l'ont précédé) fait partie des pratiques communes de l'espèce. Le mythe du "bon sauvage" est une illusion de philosophe du XVIIIème siècle sans aucun ancrage dans la réalité.

Biologiquement parlant, le nouveau-né humain ne se préoccupe que d'une chose: son propre bien-être. Et dès qu'il le pourra, il n'hésitera pas à écarter un éventuel concurrent pour peu qu'il se trouve sur le chemin d'un objet qu'il désire (par exemple). Donc non, là non plus, l'humain n'est pas "bon par nature". Quant aux "défauts" que l'on a ensuite créés culturellement (comme l'orgueil) ce sont des conséquences du mélange de l'instinct et de la vie en société qui vont se mesurer à la personnalité en cours d'élaboration (et en grande partie la façonner). Là encore, on ne sait pas si on "naît orgueilleux" ou pas, mais les germes de l'orgueil, puisque l'on parle de cela en particulier, sont bien ancrés dans le nourrisson dès qu'il prend sa première bouffée d'air, et peut-être même avant.

Désolé @zozotte, mais je n'ai jamais pu supporter Rousseau (mauvais souvenirs de cours de philo de terminale) et les bases de ses théories seraient aujourd'hui contredites non seulement par les philosophes contemporains mais aussi par tout ce que les sciences nous apprennent sur notre espèce. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas d'enseignements dans ses écrits (son contrat social a fait avancer beaucoup de réflexions), mais qu'il se faisait beaucoup d'illusions sur la prétendue "bonté naturelle" de ses semblables :)

paradoxle 09 janvier 2025 à 15:50  •   123601

@Merlin D'accord aussi. Tout Rousseau n'est pas jeté, loin de là. Mais ce postulat fausse beaucoup de choses.

zozottele 09 janvier 2025 à 19:01  •   123602

@Merlin et @paradox j'ai préparé une réponse hors ligne pour @Hinenao, z'auriez pu attendre hein !😛
Je post la réponse à Hiné et je vous réponds après, et Hiné, merci pour le pop corn !😄
Je reprends donc ici :

citation :
Peut-être en premier lieu, il faudrait savoir par quel canal le devient-il avant de s'occuper du comment et du pourquoi?

Le canal fait parti du pourquoi et du comment, il faut comprendre l'origine des maux, donc à la fois le canal et le pourquoi du comment, les deux sont indissociables.

citation :
Pas sûr que le fils du roi apprenne l'orgueil par la même méthode que le fils du serf.


C'est tout à fait vrai, et le projet de Rousseau, c'est d'éliminer l'orgueil de l'Humain. Tout comme il est vrai aussi que cet orgueil est plus ou moins présent selon les personnes, et il est même possible de travailler dessus oui.
Mais encore une fois, le but est de l'éliminer définitivement, pour toutes et tous.
Ensuite,

citation :
Mais sans sociabilisation, que peut-on devenir? ?Généralement, l'enfant sauvage n'a certes pas d'orgueil, pas même de méchanceté, mais il a peur. Et finalement, est-ce-que cette peur vaut le coup?


La Hiné tu brûles plusieurs étapes d'un coup.🙂
C'est bien la sociabilisation qui donne vie à l'état civil, et met fin à l'état de nature.
Cette sociabilisation est nécessaire oui, car l'état de nature connait ses limites.
Les hommes se rencontrent de plus en plus, il faut commencer à vivre ensemble.
Mais ce vivre ensemble s'est battie sur de mauvaises bases.
Propriété privée, droit du plus fort, inégalités,etc etc.
Le vers est déjà dans la pomme, et n'en sortira plus jusqu'à nos jours.
Et une fois ce vers trouvé par Rousseau, il va falloir s'en occuper, et le faire enfin sortir de la pomme.

C'était donc ma réponse hors ligne, et ensuite Merlin et Para, Rousseau ne dit pas juste que l'homme est bon par nature, il dit que l'homme ne peut être heureux qu'en faisant le bien. C'est complètement différent, et ça change tout le postulat de départ justement.
L'homme s'en fiche d'être bon ou mauvais au départ, il cherche juste à survivre.
Point d'orgueil, juste de la survie, l'orgueil viendra par la suite.

Merlinle 09 janvier 2025 à 19:32  •   123604

@zozotte : "La nature a fait l'homme heureux et bon, mais [...] la société le déprave et le rend misérable." https://www.histoire-en-citations.fr/citations/rousseau-la-nature-a-fait-l-homme-heureux-et-bon-mais (cqfd?) ;) Mais bon, si c'est un "détail", alors... ;P

zozottele 09 janvier 2025 à 19:38  •   123605

C'est une phrase @Merlin, une seule phrase.
Je l'ai dis au début du fil, la pensée de Rousseau a été mal comprise, et déformée.
Ce n'est pas un détail non, mais c'est de l'ensemble qu'il faut tenir compte.

paradoxle 09 janvier 2025 à 20:07  •   123606

@zozotte C'est vrai que j'ai été bien vite à te couper l'herbe sous le pied. Je me suis demandé un moment si je n'allais pas attendre que tu développes mais j'ai craqué.
Car cette phrase (qui n'est pas qu'un phrase, en vrai, c'est tout un développement basée sur cette idée) amène des conclusions discutables.

Et qui ont d'ailleurs été largement discutées et controversées.
Donc tu as raison d'amener ça ici, cela fait partie de l'histoire de la pensée. Mais sache que les controverses ont été de haute volée et sacrément intéressantes.


Mais tu as raison, je vais laisser ces idées être développées et je reviendrai avec les objections d'Edgar Morin, qui sont certes philosophiques mais basées sur des données scientifiques du XX°.

zozottele 09 janvier 2025 à 20:39  •   123608

Le débat est ouvert, vous pouvez y aller, c'est la discussion qui donne tout son sel.
J'ai écrit plus haut que je ne savais pas où ce fil allait nous mener, et c'est de notre participation que dépend tout cela.

zozottele 10 janvier 2025 à 08:07  •   123615

En attendant les suites je me fais une réflexion, @paradox tu écris "Mais sache que les controverses ont été de haute volée et sacrément intéressantes."

Je n'en doute pas, et du coup la question est, de haute volée veut il dire vérité ?
Et mon fil est il vérité ?
Va t'il y avoir un jour union entre êtres humains, j'entends union global ?

Aussi @Merlin je trouve dommage que tes profs t'ont dégoûtés de Rousseau,et je suis content d'avoir découvert la philosophie hors du milieu scolaire.🙂

Merlinle 10 janvier 2025 à 08:18  •   123618

@zozotte en même temps, je n'ai pas du tout les mêmes vues politiques que Rousseau, et à l'époque j'étudiais plutôt Bakounine, Kropotkine, Stirner, Proudhon et Nietsche. Mais pas dans le cadre scolaire :)

paradoxle 10 janvier 2025 à 09:54  •   123619

@zozotte La vérité, non bien sûr. Enfin... une philosophie basée sur des faits erronés ne pas être très utile. Et pour moi, si elle n'est pas pragmatique, elle n'est qu'intellectualisme.

Et pour l'union globale... Je sais que tu es un doux rêveur mais là... Si jamais on se fait attaquer par des extra-terrestres... peut-être.

Alcedole 10 janvier 2025 à 11:06  •   123620

"Être bon par nature."

Certes. Mais je ne sais plus comment le disait Camus, un propos du genre "la plupart des gens sont bons par nature et veulent faire le bien. Si le mal advient aussi souvent c'est par ignorance."

Je suis plutôt dans la suite de Nietzsche. Il s'agit de dépasser son orgueil, plutôt que prétendre l'enterrer. Et ce, en connaissance de ses propres parts d'ombre.

Le peu que j'ai étudié de Rousseau ne m'a pas tant parlé. On est d'accord que son passé qui tient lieu d'origine commune est un idéal, pour ne pas dire un idéalisme, et non une vérité. Une utopie en sorte. Ce qui n'empêche en rien de s'y intéresser et même de vouloir s'en approcher.
Et c'est d'ailleurs l'absence de mouvement qui m'embête le plus. J'ai entendu récemment des discussions sur la res publica, la chose publique, et c'était passionnant. Une république cela ne va pas de soi, et cela n'existe même pas, intrinsèquement. Cela se construit, par le débat, l'échange et l'action. Par la mise en oeuvre de nos devoirs possible par nos droits. Aujourd'hui c'est devenu un objet, un machin, que certains veulent casser parce que devenu inepte. D'autres s'y accrochent en mantra, "la république c'est ci, c'est ça".
Liberté, égalité, fraternité, ce ne sont pas de jolis mots à suivre à la lettre (horizon idéal, encore ?). Mais des mots en tension, en opposition, et tout le sel démocratique est bien de devoir gérer ces tensions par le mouvementée. À quel moment et dans quelle proportion faut-il privilégier l'un ou l'autre, face à telle situation donnée ?
Bon, les idéologies qui veulent les sabrer (genre passer à liberté, famille, patrie) devraient attirer la vigilance à minima de toute personne ayant quelques notions de politique.

zozottele 10 janvier 2025 à 17:55  •   123629

@Merlin je ne sais pas si Rousseau est si éloigné que toi politiquement finalement ?🤔 😀
@paradox je suis un doux rêveur très pragmatique tu sais. Le contrat social de rousseau est très pragmatique lui aussi Et tu le sais, pas de contrat social pas de révolution française. C'est quand même très pragmatique non?
@Alcedo

citation :
c'est d'ailleurs l'absence de mouvement qui m'embête le plus.


Que c'est bien dis !👍
L'énergie qu'il faut pour tomber d'accord sur un forum déjà!
Une république ne va pas de soi non, je suis bien d'accord. Il y a du travail, mais rien n'est impossible la dessus, c'est très pragmatique.
Je reviens plus tard pour développer plus, n'hésitez pas aussi de votre côté.

zozottele 11 janvier 2025 à 00:13  •   123635

@Merlin je sais que je te taquine hein, mais c'est parce que je suis content que tu participes ! Je pensais que la philosophie t'enervais en fait. Je n'ai pas lu de philosophes russes encore, mais Dostoïevski m'intéresse pas mal depuis un moment.
Mais finalement vous savez, et c'est frappant ici, les gens sont vites en désaccords pour un détail, et ce détail met vite fin à tout accord général possible.
Et c'est aussi pour ça que l'humain n'arrive pas à un accord global. Ce n'est pas de Rousseau ça hein, c'est de moi.
Alors vous allez me dire qu'ici le désaccord n'est pas un détail, mais si, ça l'est.
Car que l'humain soit bon par nature ou non, ça ne remet pas en cause le cheminement que suis Rousseau par la suite.
Pour m'expliquer je reprend la phrase de Merlin : " La nature a fait l'homme heureux et bon, mais [...] la société le déprave et le rend misérable."

La nature a fait l'homme heureux et bon parce qu'elle lui a donné tout ce qui lui était nécessaire pour sa survie.
Cinq sens, un corps mobile, de la nourriture et de l'eau....
Et la société le deprave et le rend misérable parce qu'elle lui a apporté : les comparaisons entre les uns et autres, les jugements, les dénigrements, les préjugés, les conflits.
Pendant l'état de nature les conflits sont de l'ordre de l'instant de survie, à l'état civil ils se développent, des lois sont érigées, des propriétés privées se forment, avec des inégalités.
Les puissants deviennent plus puissants, et les faibles deviennent plus faibles.
Le cercle vicieux se met en place.
Que l'homme soit bon par nature ou non n'est pas le sujet, le sujet est de comprendre ce qui a merdé pendant son évolution, et d'y remédier.

paradoxle 11 janvier 2025 à 02:38  •   123636

"La nature a fait l'homme heureux et bon parce qu'elle lui a donné tout ce qui lui était nécessaire pour sa survie."
Ben non.

L'évolution a fait l'humain (l'homme, ce n'est que la moitié des humains) à la fois bon et méchant, intelligent et bête, sage et fou.

Nous naissons en pleurant, en souffrant parce qu'on perd notre paradis, notre cocon où tous nos désirs étaient satisfaits. Nous naissont malheureux, en fait.

Pour notre survie, la méchanceté est un outil indispensable.

L'éducation, l'environnement sociale, les accidents de la vie, vont nous faire aller vers plus de gentillesse ou plus de méchanceté, plus de sagesse ou plus de folie.

Opposer nature et culture est dépassé. Elles se nourrissent l'une l'autre en boucles récursives.

Pour comprendre "ce qui a merdé", il faut bien trancher cette question du bon naturel ou pas.

Je me répète mais les données qu'avait Rousseau ne suffisent pas à comprendre. Si on suit sa pensée, c'est clair que c'est séduisant, et je comprends que ça te plaisent. Mais les postulats de départs sont faux.
Le mythe du bon sauvage est totalement remis en cause par l'anthropologie.



Bon j'ai mis la main sur le bouquin de Morin qui peut apporter de l'eau à mon moulin.

"Il serait fou, irrationnel et délirant d'occulter la composante folle, irrationnelle et délirante de l'humain."

"Depuis les chasseurs-cueilleurs archaïques jusqu'aux paysans du néolithique, on trouve des indications de blessures, exécutions, supplices, massacres, sacrifices. L'outil de sapiens accomplit les meurtres de demens."

"
Bien sûr, il y a des îlots de bonté, de générosité, d'amour et de miséricorde au sein de cette espèce criminelle."

"La folie humaine apparait quand l'imaginaire est considérée comme réel, quand le subjectif est considéré comme objectif, quand la rationalisation est considérée comme rationalité, et quand tout cela est lié."

Rousseau prétend que la société pervertit l'humain alors qu'au contraire :
"La culture et la société prohibent les pulsions destructrices de l'ubris (la démesure) [...] en introduisant dès l'enfance dans l'esprit des individus normes et interdits. L'agressivité est inhibée par les règles de courtoisie [...]. Toutefois, une atteinte irritante ou humiliante succite notre agressivité, et souvent l'amour frustré peut se transformer en haine (quoi de plus naturel, de plus humain, ajouterai-je). Un déferlement de désir et de haine peut briser contrôle et régulation."

"La bestialité et l'inhumanité sont des traits spécifiquement humain."

"La rationalité peut devenir instrument au service de la pulsion destructrice."

"Les foules et les rassemblements peuvent succiter les démences collectives que sont les paniques ou les lynchages."

Tout ça existe à "l'état de nature".
Mais :
"L'ambition de la civilisation occidentale de conquérir la planète et de lui imposer sa loi est sans doute une forme extrême de l'ubris. qui est naturel."


"La sensibilité des neurones est comparable à un "énorme tonneau de poudre synaptique qui exploserait en convultions épileptiques s'il n'y avait pas d'éléments inhibiteurs". Les dérèglements délirants sont reliés à la complexité du cerveau humain : cette complexité, qui fait sa vertu, fait aussi sa fragilité."

"Si l'objectivité est un besoin vital de l'égocentrisme humain, cet égocentrisme est aussi source d'aveuglement stupide et d'illusions innombrables, issus des aspirations, désirs, craintes de la subjectivité. Seule une réserve m'a empêché d'ajouter, à homo sapiens demens, homo deconans."

"
La liberté, c'est le crime disait Hegel. La liberté accroît effectivement la possibilité de démences criminelles. Mais la liberté, c'est la civilisation. L'ambiguité humaine est fondamentale : la civilisation qui inhibe les démences criminelles assurent en même temps la liberté, laquelle permet le crime."


Bon voilà, juste quelques extraits du chapitre Le complexe d'Adam. Homo sapiens demens dans L'humanité de l'humanité d'Edgar Morin. On ne comprendra rien tant qu'on ne comprendra pas la complexité, où des phénomènes sont à la fois antagonistes, contradictoires et complémentaires.

Merlinle 11 janvier 2025 à 06:31  •   123637

@zozotte pour info, les idées de Bakounine et Kropotkine n'ont vraiment rien à voir avec celles de Dostoïevski... ou même de Rousseau. Ce sont des penseurs révolutionnaires (et je ne parle pas de la révolution bourgeoise de 1789 dont Rousseau était l'un des inspirateurs). Et oui, politiquement je me sens aussi éloigné de Rousseau que de Macron :)

J'ai l'impression (si je me trompe, tu me le diras) que tu mélanges République et démocratie... La République est une forme de démocratie, mais toutes les démocraties ne sont pas forcément des républiques. De la même manière que la démocratie représentative n'est pas forcément la seule démocratie possible.

Bon, comme tu l'as bien noté, la philo n'est pas ma matière de prédilection, je me retire sur la pointe des pieds :)

zozottele 11 janvier 2025 à 09:33  •   123640

@Merlin ne te retires pas, c'est très intéressant tu sais !
@paradox j'aime bien Edgard Morin aussi, même si pour l'instant je n'ai lu qu'un seul livre, mais je compte bien pousser plus loin.
Tiu sais je crois qu'il existe un juste milieu entre lui et Rousseau, et c'est ce juste milieu qu'il faut aller chercher justement.
J'aimerais develloper beaucoup plus, à la fois sur la démocratie de Merlin et sur la civilisation versus nature.
Pas le temps tout de suite, mais on tient bien le sujet la.👍

Alcedole 11 janvier 2025 à 10:06  •   123642

À noter aussi des travaux récents de Jean-Jacques Hublin au collège de France sur l'anthropologie.
De mémoire il explique notamment que les primates dans l'ensemble sont capables de violence. Avec des cas extrêmes de meurtres et de cannibalisme même. Mais que ces cas sont d'une rareté sans commune mesure à ce que l'humain s'inflige.
Ça rejoint ce que je disais quelque part quand j'évoquais le "bon sauvage" de Rousseau qui ne peut être que fantasmé.

L'approche d'Edgar Morin me parle beaucoup et je suis évidemment pour le dépassement du débat nature/culture. Une autre explication me semble également importante et elle est plus de l'ordre systémique. Le nombre. La masse. Le seul fait d'entasser des humains au même endroit, au même moment est générateur de violence, au moins en proportion pure.
Euh ma ref ? Un truc un peu foireux d'un article de l'encyclopédie du savoir absolu et relatif de Bernard Werber. Sorry.

zozottele 11 janvier 2025 à 12:48  •   123644

@Alcedo je ne m'intéresse pas tellement aux refs tu sais, je m'intéresse surtout aux raisonnements.
Et tes raisonnements sont aussi interressants que ceux de Rousseau ou de Morin tu sais.🙂
Mettons alors huit milliards de primates sur terre.
Vont ils s'entretuer autant que les humains ?
Tout est la vous savez, que ce passe t'il avec les humains ?

zozottele 12 janvier 2025 à 08:04  •   123656

Je reprends un peu plus haut du coup.
@paradox tu dis que l'homme nait malheureux, et surement que c'est vrai, il doit être malheureux en sortant du ventre de sa mère.
Mais ensuite ça va dépendre de comment il est traité.
S'il est dorloté il sera heureux, s'il est battu il sera malheureux.
Edgard Morin a raison de dire que la société doit contenir la méchanceté, mais la société a mal été batti par l'homme.
Et c'est là où Rousseau et Morin se rejoignent, qu'on le veuille ou non.
L'homme ne naît pas orgueilleux, il le devient, tout comme il devient méchant ou heureux.
Tu dis plus haut Para que l'évolution à fait l'humain. C'est aussi l'humain qui fait la société, donc il peut la changer.
En créant la société il a augmenté les inégalités, l'orgueil, la jalousie, les jugements, l'envie de pouvoir, etc etc.
Nous nous trompons de débat, comprendre ce qui a merdé ce n'est pas opposer les uns et les autres, c'est les rassembler.

Merlinle 12 janvier 2025 à 09:06  •   123658

@zozotte : "C'est aussi l'humain qui fait la société, donc il peut la changer."

Oui mais non... Car c'est aussi (surtout) la société qui fait l'humain. De plus, une société comporte toujours des mécanismes d'autodéfense destinés à préserver l'intégrité du champ social, un peu comme les défenses d'un organisme vivant. En plus de cela, toute organisation sociale est dotée d'une forte inertie, d'autant plus forte que la société est solidement implantée. Pour un changement social, il est donc nécessaire d'avoir la force suffisante pour surmonter l'inertie et pour combattre les mécanismes d'autodéfense, ce qui ne se produit que dans des circonstances où la société est sérieusement fissurée, affaiblie, donc une période de crise. Et ne se produit généralement pas sans une phase de chaos (enfin, historiquement, c'est le cas...).
Là, effectivement, comme dit dans un autre fil, une seule personne peut catalyser le mouvement de changement. Si elle se trouve au bon endroit, au bon moment, et avec la personnalité qui correspond aux circonstances.

Désolé @zozotte, je passe de la philo à la socio, là ;)

zozottele 12 janvier 2025 à 09:14  •   123659

@Merlin je ne cherche pas les références, et je ne cherche pas non plus à rentrer dans une case.🙂
Alors tu as bien raison de passer aussi à la socio! (D'ailleurs Para, Morin ne dit il pas qu'il faut unir les savoirs ?😋 )
Merlin donc, tu ne dis pas que c'est impossible, tu dis que c'est difficile, c'est différent non?
Je dis la même chose, c'est difficile, mais pas impossible. Et c'est d'autant plus difficile tant qu'on restera chacun dans nos avis et nos oppositions.
Encore une fois, il ne faut pas opposer les gens, il faut les rassembler.

paradoxle 12 janvier 2025 à 14:15  •   123667

Plus haut, je te raillais en parlant que peut-être seule une attaque extra-terrestre pouvait rassembler, pouvait engendrer une union globale. Rien de plus rassembleur qu'un ennemi commun.
Et @Merlin rappelle que c'est surtout dans les périodes de crises que de véritablement changements sociaux peuvent s'opérer.

Et les ennemis communs du moment, ce sont la contraction énergétique et matérielle, l'effondrement de la biodiversité, les catastrophes climatiques de plus en plus nombreuses et meurtrières, la pollution, la guerre de l'eau, les famines qui nous guettent, ... , ... , .
Donc oui, il y a peut-être éventuellement un espoir de prise de conscience collective et de changement sociaux. Pour ceux qui seront encore là.

zozottele 12 janvier 2025 à 18:35  •   123675

Un autre truc chez l'être humain que j'ai remarqué très modestement, c'est qu'il est beaucoup plus enclin à dire son désaccord qu'à réfléchir à un probable accord, ou même à ne pas se rendre compte qu'il est finalement d'accord, tout en continuant à nier qu'il est d'accord....
Ce qui rend donc la tâche de s'entendre bien plus difficile.
Vivement l'attaque des extras terrestres alors je pense, parce que les problèmes climatique ne font pas d'unions entre les gouvernants, bien au contraire. Et pour un accord global c'est compliqué.
Je fais une pause pour le fil, on est juste passé à la surface de la pensée de rousseau vous savez.

Alcedole 12 janvier 2025 à 19:38  •   123679

J'avais pensé, sincèrement pensé, innocemment pensé, que les gens allaient percuter quelque chose avec les crises du COVID. Le confinement. L'isolement forcé. Le silence dans les rues. Le retour de la nature, des oiseaux en ville. Mais c'était oublier que la foule raisonne au niveau de son maillon le plus limité, donc en général d'un gamin de 5 ans. C'était oublier justement qu'elle a la mémoire d'un poisson rouge asmathique.
Depuis le programme de mon côté face à tout ce qui s'écroule, c'est de prendre du pop corn, me poser sur le canapé, et savourer le show.

zozottele 12 janvier 2025 à 21:52  •   123684

@Alcedo plus on prend les gens pour des cons plus ils le sont.🙂
Aussi, plus ils entendent que c'est impossible, plus ils y croient, et ça marche aussi dans le sens inverse.

zozottele 18 janvier 2025 à 09:26  •   123741

En fait vous savez on se prend la tête mais c'est simple au final.
On l'a dit plus haut, un bébé dorloté sera heureux, un bébé battu sera malheureux. Changeons l'humain, rendons le heureux, tout le reste suivra. Oubliez l'économie la politique la démocratie la république, ça ne compte pas, c'est secondaire.
Rendez vos proches heureux, vous en serez heureux, les maux humains viennent de la, des malheurs et des méfaits, un malheur se paye plusieurs fois, créé un cercle vicieux autour de lui. Un bonheur fait tout le contraire, un cercle vertueux s'élargit.
Changeons, ça commence par nous même, avant les autres.

Merlinle 18 janvier 2025 à 09:33  •   123742

@zozotte si être heureux ne dépendait que de nous-mêmes, ça se saurait :)

En fait, j'ai l'impression que tu focalises beaucoup sur la philosophie - au niveau individuel - en oubliant complètement la sociologie, le collectif, l'organisation sociale... Les barrières de classe, par exemple. Le conditionnement de masse. Et bien d'autres phénomènes qui rendent la quête du bonheur à l'échelle de l'humanité totalement illusoire sans changement social profond, ce qui ne dépend pas non plus de l'individu isolé mais procède de phénomènes à grande échelle.

paradoxle 18 janvier 2025 à 12:23  •   123743

Je suis d'accord.

Allons dire au jeune sur quatre qui a des pensées suicidaires que c'est de sa faute !

Aux plus modestes qui ont trois fois plus de chance de souffrir s'anxiété que les autres, à la moitié des 11-24 ans qui ont connu un épisode dépressif, aux 57% de jeunes qui se disent écoeurés par ce qu'ils voient autour d'eux, aux 58% de jeunes anxieux face à la crise climatique, aux trois quarts qui redoutent une guerre nucléaire, à l'étudiant sur cinq qui a recours à l'aide alimentaire, ou ceux qui vivent dans des campings pour poursuivre leurs études.

Le nombre de suicides chez les jeunes a doublé en dix ans. Merde, eux on pourra plus leur dire qu'ils auraient dû lire plus de philo !

zozottele 18 janvier 2025 à 15:42  •   123745

Les pensées suicidaires ne vont pas diminuer avec votre pessimisme, ça se saurait sinon.
Vous ne voulez pas comprendre, la société a gagné.

zozottele 21 janvier 2025 à 07:29  •   123781

Bon je reprend quand même parce que c'est dommage de s'arrêter la.
Comprenez bien @paradox et @Merlin que je n'ai jamais dit ni jamais pensé que les malheureux sont malheureux à cause d'eux même, ni qu'il suffisait de lire de la philosophie pour être heureux.
Je vais essayer d'être plus concis ici.
Rousseau (et d'autres) nous font comprendre que le débat n'est pas tel ou tel gouvernement.
Le débat est de comprendre de quoi a besoin la liberté, et donc de quoi a besoin l'humain.
C'est de comprendre ça que découle tout le reste.
D'abord la liberté, ensuite les lois et le gouvernement.
Sinon l'homme reste enfermé dans un débat stérile et sans fin.

Merlinle 21 janvier 2025 à 08:01  •   123782

@zozotte : peut-on être libre en société sans lois et sans gouvernement ? (c'est une vraie question!) :)

zozottele 21 janvier 2025 à 23:08  •   123791

Une vraie question ça me va bien @Merlin!
Et une belle en plus !
Oui, nous pouvons être libres sans lois et sans gouvernements.
Il "suffit" juste que l'humain comprenne que sa liberté est encore plus grande avec l'autre, que son intérêt est dans l'entraide, et que faire du mal à l'autre c'est se faire du mal à soit.
Ce n'est "que" trois choses, et quand l'humain aura compris ces trois choses, nous vivrons tous en paix les uns avec les autres.
Peu importe le gouvernement.

Merlinle 22 janvier 2025 à 06:48  •   123795

@zozotte pour le gouvernement, ok. Mais pour les lois? Enfin, au moins les règles permettant de vivre en société ? Tu vois ça comment ?

zozottele 22 janvier 2025 à 17:04  •   123797

Plusieurs choses @Merlin, mais tout est lié au final.
Je disais au début de ce fil, que si nous avions mieux écoutés Rousseau nous n'en serions pas là aujourd'hui.
Cela fait presque 300 ans. Donc, 300 ans de perdus. Et perdus parce que l'on tourne en rond.
Gouvernement, lois, représentants, justice etc etc.
On cherche le bon compromis entre liberté devoirs et envies de chacun. Hors ce compromis est impossible tant que les trois points que j'ai cité plus haut ne sont pas connus et compris par tous et toutes.
Parce chacun tire la couverture à lui sans comprendre qu'il n'y a qu'une seule couverture pour tous.
Quand cela sera compris, on pourra parler de lois, car tirer la couverture vers soi ne fonctionne pas.
Chacun veut la loi pour soi sans l'avoir contre soi, ça ne peut pas marcher.
On pourra parler de lois quand chacun aura compris son rôle dans l'unité pour l'Humain.
Sinon nous sommes condamnés à tourner en rond pendant encore longtemps.
Je ne sais pas si je suis clair, désolé sinon !

Merlinle 22 janvier 2025 à 17:33  •   123798

Donc pas de lois, selon toi ? Aucune règle pour vivre en société donc ?

paradoxle 22 janvier 2025 à 20:37  •   123799

Quelques citations.

Dès le XIXe siècle, Rousseau fait l'objet de critiques, telle celle de Proudhon pour lequel « la Révolution, la République et le peuple n'eurent jamais de plus grand ennemi que Jean-Jacques ».

Bertrand Russell décrit Rousseau, dans son Histoire de la philosophie occidentale (1952), comme « l'inventeur de la philosophie politique de dictatures pseudo-démocratiques », et conclut qu'« Hitler en est le résultat ».

Bien que Rousseau ait critiqué à maintes reprises les tyrannies et régimes autoritaires de son temps, défendant la liberté de conscience et d'expression comme bases de la démocratie, au moins trois auteurs (Marejko, Crocker et Talmon) lui ont reproché d'avoir influencé l'émergence du totalitarisme. Précisons d'abord que pour Jan Marejko, cela ne signifie pas que l'on trouve dans les écrits de Rousseau une intention délibérée d'élaborer un système totalitaire296. Pour l'universitaire américain Lester G. Crocker, deux éléments de la pensée de Rousseau auraient favorisé le totalitarisme contemporain, à savoir : la tendance autarcique de la pensée de Rousseau ainsi que son insistance sur l'idée d'unité nationale (critiquée en son temps par l'abbé Bergier qui évoquait un « patriotisme fanatique »). L'historien israélien Jacob L. Talmon voit également dans la théorie de la volonté générale de Rousseau l'origine de ce qu'il appelle la « démocratie totalitaire »

Bruno Bernardi souligne que dans le Contrat social, « la souveraineté des citoyens est le seul fondement de l'obéissance des sujets. De l'obéissance des sujets dépend la consistance de la souveraineté. Ce n'est qu'au prix d'une désarticulation de cette double contrainte, aux yeux de Rousseau indissociable, et d'une confusion entre le sujet et le citoyen qu'on a pu voir ici le germe d'une conception totalitaire de l'État.

« La science est mauvaise, non dans l'absolu, mais seulement pour le peuple ou pour la société ; elle est bonne, et même nécessaire, pour le petit nombre parmi lequel Rousseau se compte. »
Léo Strauss

"Rousseau avait le goût du paradoxe et peut-être même de la contradiction... s'il est un point où l'on a pu douter de la cohérence de ses théories, c'est bien à propos du problème de la propriété...de nombreux auteurs soulignent en effet l'incohérence de cette théorie." (Xifaras, 2003).

Non seulement Rousseau fait l'impasse, ici, sur la responsabilité du fort, qui exerce unilatéralement sa violence, ou encore sur une quelconque réparation de l'injustice sociale, mais il brandit l'antique panacée de la frugalité qui aurait pu éviter presque tous les malheurs de la société, comme si les pauvres n'étaient pas obligés, de tout temps, d'y demeurer leur vie durant, comme si forts et faibles possédait le même degré de responsabilité dans l'histoire. Ni dans le Discours, ni dans le Contrat Social, Rousseau n'expose le problème des inégalités tel qu'il se pose en termes économiques, concrets, mais fait souvent intervenir son éthique moralisatrice.


<span class="wixui-rich-text__text">Le philosophe prétend douter de l'état de nature ("</span><span class="wixui-rich-text__text">Il n'est pas même venu dans l'esprit de la plupart des nôtres de douter que l'état de nature eût existé</span><span class="wixui-rich-text__text">") mais finit par lui accorder une place où "</span><span class="wixui-rich-text__text">l"homme, dans l'état de nature n'a donc guère besoin de remèdes, moins encore de médecins</span><span class="wixui-rich-text__text">", où</span><span class="wixui-rich-text__text"> "les hommes dans cet état n'ayant entre eux aucune sorte de relation morale, ni de devoirs connus, ne pouvaient être ni bons ni méchant", </span><span class="wixui-rich-text__text">où </span><span class="wixui-rich-text__text">" l'homme sauvage sujet à peu de passions, et se suffisant à lui-même, n'avait que les sentiments et les lumières propres à cet état..." </span><span class="wixui-rich-text__text">Des assertions fondées sur aucune connaissance, seulement des croyances t</span><span class="wixui-rich-text__text">otalement gratuites, véhiculées de manière ou d'une autre depuis l'antiquité. C'est la morale, la religion qui sous-tend la première partie de l'ouvrage, </span><span class="wixui-rich-text__text">cette religion "qui nous ordonne de croire...", qui a pour les "écrits de Moïse la foi que leur doit tout philosophe chrétien." </span>


Rousseau dit :
"Redressez les opinions des hommes, et leurs moeurs s'épureront d'elles-mêmes. On aime toujours ce qui est beau ou ce qu'on trouve tel ; mais c'est sur ce jugement qu'on se trompe ; c'est donc ce jugement qu'il s'agit de, régler (...) Il suit de là que la censure peut être utile pour conserver les moeurs, jamais pour les rétablir. Établissez des censeurs durant la vigueur des lois (...) La censure maintient les moeurs en empêchant les opinions de se corrompre, en conservant leur droiture par de sages applications, quelquefois même en les fixant lorsqu'elles sont encore incertaines".

Jusqu'où s'étend chez Rousseau cette tentation liberticide ?

zozottele 22 janvier 2025 à 21:01  •   123800

@paradox, as tu lu le contrat social ?
Rousseau souhaite garder les moeurs car si tu touches aux moeurs tu blesses l'homme, et si tu le blesses tu n'en obtient plus rien.
Chacun a le droit d'avoir ses propres moeurs, mais personne n'a le droit de les juger.
Garder les moeurs, enlever les jugements et les opinions.
Et pour la souveraineté le peuple est souverain.
Donc le citoyen est à la fois sujet et citoyen, il a deux casquettes, indépendant et faisant parti du groupe.
Tous les mêmes droits sous les mêmes lois.

Quant à la reprise totalitaire, tout est bon à reprendre pour devenir totalitaire, tu le sais bien.
Nietzsche aussi a été très critiqué et très déformé.

@Merlin je mettrai déjà trois lois :

-ma liberté vaut autant que la tienne, je respecte la tienne tu respectes la mienne, si nous ne sommes pas d'accord on peut se séparer sans problème, et si nous sommes d'accord nous serons encore plus forts.

-mon intérêt est dans l'entraide, alors je favorise l'entraide et ne cherche jamais à m'agrandir sur le dos de l'autre.

-si je fais du mal à l'autre je me fais du mal, alors je ne risque pas de faire du mal à l'autre.

Et peut être qu'il faudra une quatrième loi,

-si quiconque sort de ces 3 lois il se mettra sous le coup de la loi.

Et ces lois ne sont pas de Rousseau hein, elles sont de moi, mais quitte à discuter!🙂

paradoxle 23 janvier 2025 à 12:44  •   123802

En fait, y a un truc qui me fait bizarre, c'est ça :
"si nous avions mieux écoutés Rousseau nous n'en serions pas là aujourd'hui."

Mais Rousseau a été écouté, il est l'un des penseurs références, avec Voltaire et d'autres, sur qui la république bourgeoise française a été bâtie.
Et qu'Hugo a raillé à travers la voix de Gavroche :
"Si je suis tombé par Terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau".
Allez, tout le monde en choeur !!

Merlinle 23 janvier 2025 à 12:53  •   123804

@zozotte dans tes commentaires, je retrouve bien davantage des philosophies anarchistes que Rousseau... la liberté, l'entraide, l'absence de gouvernement... Peut-être devrais-tu laisser Rousseau de côté et plonger dans Proudhon, Bakounine, Kropotkine et quelques autres ? (juste une suggestion, hein ;) )

@paradox je l'ai en tête chaque fois que je vois le titre de ce fil! Tiens, on devrait en faire une version rock en ajoutant d'autres paroles ;)

paradoxle 23 janvier 2025 à 13:19  •   123805

@Merlin Moi aussi j'ai cette impression.

En fait, @zozotte, le monde a changé depuis Rousseau et de nouvelles idées bien plus proches de ta sensibilité ont émergées.

Je pense de suite à Murray Bookchin.
Pas seulement parce que j'aime bien. Mais parce que les kurdes tentent en ce moment de mettre en oeuvre ses idées. Après avoir totalement mis à la poubelle le léninisme (qui se base aussi, entre autre, sur le rousseauïsme et l'homme bon par nature que la société corrompt).
Donc on a un exemple concret.


Murray Bookchin, né le 14 janvier 1921 et mort le 30 juillet 2006, est un philosophe, militant et essayiste écologiste libertaire américain. Il est considéré aux États-Unis comme l'un des penseurs les plus marquants de la Nouvelle gauche américaine (New Left).

Il est le fondateur de l'écologie sociale, école de pensée qui propose une nouvelle vision politique et philosophique du rapport entre l'être humain et son environnement, ainsi qu'une nouvelle organisation sociale par la mise en oeuvre du municipalisme libertaire ou communalisme.

L'influence considérable de ses idées sur le dirigeant kurde Abdullah Öcalan a conduit à l'élaboration du confédéralisme démocratique, modèle adopté par des régimes égalitaristes comme le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à partir de 2005, puis par le Parti de l'union démocratique (PYD) en Syrie, où il connait un début de mise en oeuvre dans les cantons du Rojava lors de la Guerre civile syrienne.

Merlinle 23 janvier 2025 à 14:02  •   123808

@paradox wow, Murray Bookchin, je n'avais pas entendu ce nom-là depuis mes années lycées, quand je traînais avec de "vieux" (ils avaient entre 30 et 40 ans, quoi) militants anars ! Je me trompais toujours, je l'écrivais "Boochkine" comme s'il était russe ;)

paradoxle 23 janvier 2025 à 16:55  •   123810

@Merlin D'origine russe !

"Sa grand-mère maternelle avait été membre des socialistes révolutionnaires sous le régime tsariste. Ses parents, juifs ashkénazes russes, comme la majeure partie du voisinage yiddishophone du Bronx, avaient appartenu à un mouvement anarcho-syndicaliste avant de gagner les États-Unis lors de la répression tsariste de la révolution de 1905."

zozottele 23 janvier 2025 à 19:40  •   123811

@paradox et @Merlin vous savez je suis d'accord avec vous, il n'y a pas que Rousseau comme références, il y en a plein de très belles oui.
Sauf que nous ne sommes jamais allés au bout ni de Rousseau ni d'aucune autre.
Alors bon, quand une référence peut marcher c'est dommage de ne pas aller au bout.
Chacun sa référence, et chacun critique celle du voisin, alors on n'avance pas.
Au lieu de ça nous devrions unir tout ça. Créons des ponts à la place des divergences, et on avancera peut-être.
Mais sinon je suis content la, vous m'avez l'air plus rejouits, alors ça me fait plaisir !😋

paradoxle 25 janvier 2025 à 02:13  •   123822

@zozotte Plusieurs choses.
Déjà, peut-être, tu aurais pu (je sais... pas facile avec des relous pareils) continuer sur ta lancée sans faire attention à nous. Ton interprétation de la philo politique de Rousseau aurait pu apporter autre chose que ce qu'on en connait.

Mais le problème, c'est que les idées de Rousseau ont été essayées, certains sont allés au bout. Cela s'appelle la république représentative. Et on se rend bien compte en ce moment des limites de cette idée.
Comme l'a fait remarqué @Merlin, ça contredit certaines de tes idées, de tes inclinations, qui vont finalement plus loin.

"chacun critique celle du voisin, alors on n'avance pas."
Au contraire, c'est justement ce qui fait avancer le débat : les critiques constructives. Je dirais même que le débat est une des bases de la pensée de Rousseau. Créer des ponts de convergences ne doit pas occulter les divergences, et vice versa. Et c'est pas grave, ça se discute.

paradoxle 25 janvier 2025 à 03:54  •   123823

Je rajouterai que si je me trompe quelque part, que si c'est moi qui n'est pas compris un truc, tu peux me l'expliquer.

zozottele 25 janvier 2025 à 08:34  •   123824

@paradox j'aime bien tes messages.
Ils sont dans l'explication, dans le partage, dans ce que tu penses sans écraser l'autre. Ce n'est pas donné à tout le monde de faire ça, parce que ça demande de prendre de la distance, d'arriver à prendre en compte l'autre, et de vouloir être dans l'échange.
Accepter les contradictions pour pouvoir avancer dans un but commun.
Et comme tu dis :
citation :
Créer des ponts de convergences ne doit pas occulter les divergences, et vice versa.

Et vice et versa oui, donc j'aime bien tes messages !😄
Apres, continuer sans faire attention à vous peut être, mais c'était difficile quand même hein!
Et puis proclamer l'échange sans répondre aux attaques (même amicales j'entend bien !), ça ne fait pas très sérieux je pense!
Mais voila, je suis content d'avoir créé ce fil, je pensais même en faire une conclusion, parce qu'il n'y avait plus de pop corn en plus @Hinenao!😜
Mais tu le relance très bien Para, du coup je rebondis. Déjà, quand je dis qu'on avance pas c'est à la fois sur la forme que sur le fond.
Nous venons d'avancer sur la forme, avançons donc sur le fond.
Tu écris Para :
citation :
"Ton interprétation de la philo politique de Rousseau aurait pu apporter autre chose que ce qu'on en connait"

Cest bien ce point que je n'ai pas réussi à développer encore, et peut être le plus long à développer. Je ne peux pas parler à la place de Rousseau, et je m'inspire donc du contrat social, de son traité de l'éducation, "l'Emile", et de son discours sur les inégalités
Et peut être aussi que je vais plus loin que lui avec mes quatres lois cités plus haut, mais ça en fait quand même un résumé finalement.
Para tu dis que nous avons déjà tout essayé chez Rousseau, je répond que non.
Car la république représentative est representive, elle représente les citoyens.
Et pour Rousseau un citoyen qui se fait représenter est déjà un citoyen qui perd de sa liberté.
Plus le citoyen a de représentants, moins il est libre. Et comment traduire cela politiquement, c'est tout l'enjeu du contrat social.
Par tirage au sort, par changement régulier, par délibérations au sein de plusieurs secteurs....
Rousseau n'impose rien, il expose plusieurs propositions. Et peut être bien que la cinquième République est inspiré de Rousseau, dans les très grandes lignes.
Un pouvoir législatif qui vote les lois, un pouvoir exécutif qui les executes, un conseil constitutionnel qui est une sorte de garde fou, le tout ça posé sur une base, la constitution, qui peut être révisé avec d'autres gardes fous.
Mais le, et même les problèmes, nous les connaissons, les pouvoirs sont très mals répartis, et Rousseau décrit déjà tout cela à l'époque.
Le pouvoir exécutif ne doit faire qu'une seule chose, exécuter les lois, et le pouvoir législatif ne doit à aucun moment être influencé au dela de son avis de citoyen. (Et son avis de citoyen doit prendre en compte sa double casquette, indépendant dans un groupe.)
Et la, nous en sommes très loin, et Rousseau explique déjà tous les abus qu'il peut y avoir dès que le pouvoir est trop porté dans un sens ou dans l'autre.
Si on avait écoutés Rousseau donc, nous n'en saurions pas la aujourd'hui.
Pas de 49:3 ni de lobbying, ni de plein de choses comme ça, et surement que Rousseau en rigolerait bien d'ailleurs, ou pleurerait je ne sais pas.
Donc non, nous n'avons pas encore tout essayés, pour Rousseau c'est le citoyen qui a les pleins pouvoirs, et non le gouvernement. Nous en sommes donc bien loin, et c'est vers ça qu'il faut aller.

Et merci Para pour tes messages qui m'auront permis de développer tout ça !

Alcedole 25 janvier 2025 à 16:46  •   123833

Hum, il y a souvent la critique facile et un peu vaine du "la démocratie ça ne marche pas pour vous, vous voulez essayer la dictature ?".
Cela empêche selon moi toute discussion constructive, car toute critique même légitime du système se retrouve face à un amalgame aussi extrême que caricatural.
Ça me fait spontanément penser à une vidéo de Defakator sur la démocratie et le vote, il faudrait que je remette la main dessus (si elle n'a pas été censurée). Il prenait un exemple de 5 candidats avec des scores différents. Et passés à la moulinette de modes électoraux différents. Aucun mode ne semblait vraiment meilleur ou pire (ou juste vs injuste), et chaque mode donnait un candidat différent gagnant.

Je pense vraiment qu'un système parfait n'existe pas. Et, avec le temps, il y a toujours un moment de déviance, puis de perversion. J'en reviens au fait pour moi que la vision "du bon sauvage" de Rousseau reste une utopie. Et la recherche d'un système meilleur doit rester, quelque part, utopique. Donc quelque chose vers lequel on doit vouloir tendre, tout en gardant en conscience que c'est inatteignable.
Ce qui me fait peur aujourd'hui c'est donc l'extrémisme des gens qui ne veulent rien changer. Ceux-là même qui emploient ces caricatures grossières (le communisme ? On a bien vu ce que ça donne avec Staline). Ou enterrent sous le tapis d'autres choses (l'anarchisme politique ça n'a jamais existé et les anarchistes sont juste des terroristes en puissance). Etc. Etc.
Et ce qui me fait également peur c'est également que ces gens sont pour un libéralisme total économique mais n'ont aucun intérêt réel pour la démocratie en tant que tel, qui reste un partage et normalement une desindividuation du pouvoir.

Je voulais remettre aussi une couche sur la morale, qui n'est pour moi qu'un pis-allez, un mode d'emploi pour ceux qui ne savent pas ce qui peut être bien, ou mal, et ont besoin d'un mode d'emploi. Et en aucun cas un système permettant à l'humain d'évoluer. Mais j'ai déjà pondu un gros pavé, désolé.

zozottele 25 janvier 2025 à 18:29  •   123834

@Alcedo ce n'est pas un gros pavé et c'est très intéressant!
Tu sais je partage ta pensée, juste un truc nous différencie je crois, c'est l'espoir et le fait de penser que c'est impossible.
Comment dire en quelques lignes ?
Si tous ceux qui ont fait avancer l'histoire avaient pensé que c'était impossible, l'histoire n'aurait pas avancé. C'est tout bête, et pourtant ça change tout.
Je poste une vidéo si le coeur vous en dit sur l'espoir, on me l'a faite découvrir et je me sent moins seul du coup, ça fait plaisir !😄
L'espoir n'est pas Bisounours, c'est un levier qui sert tous les jours à nos actions.

voir la vidéo

Édit : et pour le bon sauvage, Rousseau ne fait pas de séparation entre bon sauvage et mauvais sauvage, il explique juste que le sauvage ne va pas aller conquérir le monde ou ne va pas non plus forcer le monde à aimer un dieu...
Mais là on entre encore dans un autre débat !
Le sauvage reste sauvage chez lui quoi, c'est ce qui est important, et la société emmène les conflits entre sauvage, ce qui les amplifie.i

paradoxle 25 janvier 2025 à 18:51  •   123835

@zozotte Elle est bien cette vidéo de Philoxime (je crois même que je l'ai déjà posté 🤔).

zozottele 25 janvier 2025 à 18:53  •   123836

Ben mince excuse moi je ne l'avais pas vu alors @paradox, et nos messages se sont croisés j'ai rajouté un truc du coup sur les sauvages !😄

Matty-sanle 26 janvier 2025 à 13:25  •   123845

Est-ce que la première pousse d'un arbre est dotée d'une écorce ? De branches ? De feuilles différenciées ?

Est-ce que ces attributs sont issus de la nature intrinsèque de l'arbre ou résultent de son "fortement" avec la rugosité du monde.
Nous voilà dans cette grande interrogation, nature profonde, interactions coupables.
Quels outils pour discriminer la part de chacun ?

zozottele 26 janvier 2025 à 18:06  •   123852

Jolie @Matty-san👍

citation :
Nature profonde, interaction coupable.

Les problèmes viennent des interactions, changeons les, c'est simple au final.

Matty-sanle 26 janvier 2025 à 21:51  •   123855

@zozotte

Une allumette incandescente croise la route d'un tonneau de poudre, à qui revient la responsabilité de l'explosion ?

Dans un applaudissements quel est le bruit d'une seule main ?

zozottele 26 janvier 2025 à 23:25  •   123857

@Matty-san j'adore ton approche.
Tu sais je ne cherche pas un responsable, je cherche surtout à ne pas recréer les mêmes erreurs.
Si la nature est autant responsable que la société, ne pouvons nous rien y faire quand même ?
Si l'allumette a rencontré le baril de poudre, ça a explosé, très bien. Maintenant qu'on le sait, que faut il faire pour ne plus que ça explose ?
Comprendre les causes permet d'empêcher qu'elles se reproduisent. En théorie déjà bien sur.
En théorie pour plusieurs raisons, les difficultés pour se mettre d'accord déjà, et ensuite, les difficultés pour créer les conditions pour ne plus que le baril explose. ( Et honnêtement, je crois que la première difficulté est plus compliqué la deuxième !)
Beaucoup de difficultés donc, mais rien d'impossible.

Matty-sanle 27 janvier 2025 à 00:23  •   123859

@zozotte

Bien-sûr que l'idée est de se tourner vers ce sur quoi on à la main. Mais parfois c'est en s'exposant, en se mettant à l'épreuve qu'on découvre que certains aspects de notre fonctionnement que l'on pensais inhérent à notre nature se révèlent mobilisables, comme à l'inverse ce qui nous semblait modelable, ajustable, se révèle systémique, implacablement.

Autant on peut faire pousser un arbre dans l'ISS pour discriminer la substance de l'attribut autant pour nous c'est plus compliqué d'élaborer des mises en situations qui auraient cette fonction de nous amener à faire la part des choses.

Mais bon, longue vie aux fouineurs, aux insatisfaits du fait, aux pousseurs de limites, aux z'obstinés déterminés détricoteurs d'évidences et autres bateleurs candides.

zozottele 27 janvier 2025 à 07:13  •   123862

@Matty-san tu es modeste, je suis sur que tu es un très bon pousseur de limites aussi!😄
De plus en plus de preuves modernes montrent que l'humain est fait pour l'entraide, il faut juste qu'il s'en rende compte.

Matty-sanle 27 janvier 2025 à 09:54  •   123865

@zozotte

À ben oui il m'est clair que sans ce petit % de vendeurs d'illusions, assoiffés de domination, de manipulation, de pouvoir, de coups tordus,

de menteurs pathologiques, aux sentiments méprisant pour tout ce qui se trouve être vertueux, productif, intelligent, sensible, éclairé, prometteur; avisé, collaboratif, inspiré,

ces anti-humanité, anté-apie, mus par des pultions involutives, sacrificielles et j'en passe,

avec les 96% de gents restants qui n'aspirent qu'à une vie paisible et ouverte, une vie de concordat et d'echange, le monde serait bien différent... depuis longtemps.

Oui, pousser les murs est un vrai hobby, une source inépuisable de satisfaction.
J'ai lu des questionnements ici sur la nature d'une société sans loi, sans état, un truc qui s'approcherait de l'anarchusme.. J'ai une citation de Romain Bouteille en tête pour dire en 5 mots ce quà ses yeux 'est l'anarchie,
"L'ordre sans la loi".
Vous avez 4 heures ? renouvelables ?

zozottele 27 janvier 2025 à 13:09  •   123874

L'ordre sans la loi, ça me va bien. C'est peut être même le but à atteindre.
Et quand les 96% comprendront leur pouvoir, les vendeurs d'illusions pourront aller se faire vendre ailleurs, et les lois deviendront obsolètes.

zozottele 27 janvier 2025 à 18:05  •   123876

Et finalement, voilà donc le fond de ma pensée, que nous avons tous une responsabilité la dedans, faire comprendre aux 96% qu'ils n'ont pas besoin des 4%.
Merci Apie de m'aider à développer ma pensée, ça m'aide !😄

paradoxle 27 janvier 2025 à 22:20  •   123878

L'anarchie est plus souvent décrite comme "l'ordre sans le pouvoir". Et pour moi, il y a bien des lois mais elles sont déterminées ensemble et évoluent par pragmatisme.
On peut parler de règles plutôt que de lois, dans le sens où elles ne sont pas écrites, donc pas figées. Comme le préconisait Anacharsis ( = sans charte) en Grèce, repris par le nihiliste de la révolution française Anacharsis Cloots (baron de Cloots).

Mais du coup, j'ai tapé "l'ordre sans la loi" et je suis tombé sur l'organisation des kibboutz :

"Le mouvement des kibboutz prend forme en Palestine sous domination ottomane à partir de 1910, et deviendra l'une des expériences de vie communautaire et de progrès social les plus abouties du XXe siècle. S'il s'inscrit pleinement dans le cadre plus général du sionisme, on sait peu à quel point ses fondements idéologiques et politiques sont ancrés dans la pensée anarchiste, incarnée par des auteurs comme Pierre Kropotkine ou Gustav Landauer.
« Était en jeu, alors, rien moins que l'opportunité de transformer la mobilisation juive autour de la Palestine en un projet de libération sociale de tous les peuples, et qui n'aurait pu voir le jour que sous la bannière d'un socialisme sans État », écrit Uri Gordon dans la préface à l'édition anglaise de ce livre de James Horrox qui retrace l'histoire de cette
révolution vivante."

"L'ORDRE SANS LA LOI
Tout comme la réussite du modèle de travail participatif du kibboutz tient à la fois sur l'opinion publique, la pression des pairs - qui peut prendre la forme de « commérage » - et la conscience sociale, ces mêmes mécanismes informels sont les principaux stabilisateurs de la vie politique et sociale de la communauté. Pour maintenir sa cohésion sociale, le kibboutz ne fait usage d'aucun mécanisme de contrainte, préférant s'appuyer sur la pression sociale de la vie en collectif, sur l'intimité et l'intensité des relations interpersonnelles au sein de la communauté afin de susciter une adhésion volontaire aux normes de comportement qu'il s'est collectivement imposées."

James Horrox, Le mouvement des kibboutz et l'anarchie. Une révolution vivante.
© James Horrox 2009, pour l'édition originale.
© Éditions de l'éclat, 2018, pour l'édition française.


J'avoue, connaissant bien la vie en communauté, que la dernière phrase me fait bien peur. Et que je préfère de loin que l'on se mette d'accord sur des règles (et ses modalités d'exception) au fur et à mesure des aléas de la vie plutôt que "la pression sociale [...] afin de susciter une adhésion volontaire aux normes de comportement". (brrrr !!)

@Matty-san
30 minutes m'a suffit mais je peux développer. Je pourrais m'appuyer par exemple sur "La tyrannie de l'absence de structure". texte de l'avocate et militante féministe américaine Jo Freeman, datant de 1970.

"Ce texte propose une réflexion critique sur l'état du Mouvement de Libération des Femmes américain, mais son analyse est applicable plus largement à tout groupe. Jo Freeman remet en question l'utilisation selon elle abusive du concept d'« absence de structure » dans les luttes féministes des années 1960 : pour elle, il n'existe pas de groupe sans structure, mais seulement des groupes avec une structure formelle ou informelle.
Et selon son analyse, les groupes ne possédant qu'une structure informelle font face à des problèmes d'élitisme et d'inefficacité.
Elle termine son texte par une liste de conseils pour une structuration démocratique des groupes militants".

Les règles permettent justement que le pouvoir de chacun reste partagé et permettent l'efficacité d'une organisation horizontale.

zozottele 28 janvier 2025 à 06:55  •   123881

@paradox dans la phrase que tu n'aimes pas c'est le "adhésion volontaire" ou le "norme de comportement" qui te glace le sang ?
C'est peut être mal tourné, mais au final ça revient peut être au même que de vouloir trouver ensemble des règles communes pour une organisation horizontale non?

Matty-sanle 28 janvier 2025 à 11:34  •   123883

@paradox et autres @zozotte

Ouha,paradox, génial, j'adore quand les choses sont replacées dans leur contexte, notamment historique. Merci

Cette organisation autour de la liberté vis à vis des règles où ce qui conduit la cohésion du groupe n"est pas tant une liste de codes de comportements, d'obligations ou d'interdits mais un informel ensemble de façon de se comporter qui la façon dont tu pourras prendre part à la vie du groupe, te voir confier des taches et des responsabilités, que ça conditionnera le poids de ta parole ou de tes actes, bref définira la place que tu occuperas dans le fonctionnement du dit groupe. Et bien-sûr personne ne te reprochera de ne pas adhérer, participer ou t'intégrer.

C'était un témoignage sur le fonctionnement d'une tribut d'indiens d'amérique à l'heure actuelle, c'était un ancien qui parlait. Il disait que rien n'était écrit, que chacun faisait selon son bon vouloir et que si ce bon vouloir était cohérent avec la vie ou les nécessités usuelles du groupe tu allais pouvoir te voir confier des taches, des missions utiles à la vie du groupe et donc utile à toi. Cette absence de coercition, cette façon d'attendre sans jugement que tu soit prêt à assumer une place dans le groupe sans attendre de toi que tu trouve cette place m'a fasciné.

Voilà petit retour de perception.

paradoxle 28 janvier 2025 à 12:11  •   123885

@zozotte Non, c'est surtout :
"la pression sociale [...] afin de susciter une adhésion volontaire". Je trouve ça particulièrement antinomique. La pression sociale, c'est justement ce que je fuis dans cette société. Et les normes de comportement en m'ont, toujours, empêcher d'être qui je suis.

L'adhésion ne doit pas venir d'une pression mais d'une envie, à tout le moins d'un besoin. Les règles doivent gérer ce qu'on fait ensemble et comment on les fait, pas notre façon d'être.

zozottele 28 janvier 2025 à 13:09  •   123886

@paradox, je suis entièrement d'accord avec toi, on va pouvoir vivre pleinement comme nous sommes !🤘

Hinenaole 28 janvier 2025 à 19:22  •   123898

@zozotte
citation :
Mais voila, je suis content d'avoir créé ce fil, je pensais même en faire une conclusion, parce qu'il n'y avait plus de pop corn en plus @-Hinenao! 😜

Bah, c'est pas faute pourtant de tenter d'en réparer la machine virtuelle depuis 2 jours... 😅 Mais que veux-tu, c'est comme internet. Ça va ça vient... [panne réelle de connexion internet. FAI en rade. Plus moyen de se connecter nulle part, et même pas sur Apie pour t'en informer personnellement... Et non, pour ceux/celles qui pensaient que j'allais enfin devenir définitivement muet en matière de participation, bah c'était pas encore pour ce coup là, désolé... La prochaine fois, peut-être que le vent violent qui a couché un arbre sur les lignes fera mieux. Donc, continuez d'espérer... ^^]

Du coup, bah, j'ai tout à relire depuis le presque début... 🙂
... Et, un petit soda pour aller avec les nouveaux pop-corn, Zoz? 😉


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